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Relation à la terre et relation au pouvoir. Ces deux pistes de réflexion sont fondamentales à toute approche théologique de la réalité politique de l’Etat d’Israël. Le lien millénaire qui unit les trois religions monothéistes à la Terre Sainte est inéluctablement l’une des sources principales du conflit politique qui agite dramatiquement la région depuis des décennies, opposant Israéliens et Palestiniens.
Face à un conflit aux radiations mondiales, le rabbin David Meyer, le prêtre Michel Remaud et l’imam Tareq Oubrou (1) ont ressenti l’urgence de faire émerger de nouvelles perspectives et de repenser le débat, dans l’idée que les racines de la crise peuvent également être celles de sa résolution.
Le rabbin Meyer, à l’origine du projet en maturation depuis plusieurs années, avance qu’un dialogue entre la diplomatie et la réflexion théologique, presque inexistant actuellement, doit impérativement s’établir.
La singularité chrétienne
Contacté par Aleteia à l’occasion de la parution du livre, David Meyer suggère que la pratique juive du pouvoir sur cette terre, dans cet Etat, « peut être repensée et radicalement modifiée, à la lumière des sagesses des nations, plus spécifiquement du christianisme et de l’islam ». Il s’agira également, d’après les termes de Tareq Oubrou, d’identifier les moyens de protéger la religion de la « tyrannie ethno-politique », de même que de la logique de l’Etat. Un défi que tentent de relever les trois théologiens, réunis le temps d’un ouvrage. Ce dernier présente en trois parties successives les perspectives juive, chrétienne et musulmane, que chaque auteur aborde de façon bien personnelle.
Le livre a en outre le mérite de mettre en exergue la particularité de la vocation chrétienne, dans un conflit opposant essentiellement les communautés juive et musulmane. Tout en étant -historiquement et bibliquement- fortement liés à cette terre, les chrétiens peuvent fournir un éclairage affranchi d’un engagement politique quotidien, ce que souligne le rabbin : « Dans les questions de la relation à la terre et au pouvoir, le christianisme offre une perspective originale, d’une part parce qu’il a manifesté un plus grand détachement à la terre que le judaïsme et l’islam, à l’époque contemporaine du moins. D’autre part, depuis plus d’une cinquantaine d’années, le christianisme s’est progressivement détaché de la notion d’état et notamment du pouvoir étatique, une donnée qui permet d’enrichir le débat ».
Dans son chapitre, le père Remaud illustre en effet la qualité quasi-arbitrale du monde chrétien dans le conflit israélo-palestinien. Et tout en proposant de nombreux repères bibliques ainsi qu’un excursus de l’évolution de la position des Eglises depuis la création de l’Etat d’Israël, celui-ci met en garde le lecteur chrétien contre deux tentations qu’il estime dangereuses : celle de juger et de prendre parti.
La vocation de la Terre Sainte Un juif, un chrétien et un musulman s’interrogent,
David Meyer (rabbin), Tareq Oubrou, Michel Remaud, préface de Bernard Philippe. Editions Lessius, Bruxelles, 2014, 320 p.
(1) Le rabbin David Meyer enseigne la littérature rabbinique et la pensée juive contemporaine à l’Université grégorienne de Rome.
Le père Michel Remaud est docteur en théologie, il enseigne à l’Institut chrétien d’études juives et de littérature hébraïque de Jérusalem.
Tareq Oubrou est le grand imam de Bordeaux et président d’honneur de l’association « les imams de France ».