Une phrase du pape François dans son discours aux évêques à Philadelphie continue de me hanter : “Un christianisme qui ‘agit’ peu concrètement, tout en ‘dispensant’ son enseignement, est dangereusement déséquilibré”.
Il ne faisait que reprendre ce qu’il a déclaré à maintes reprises sur le narcissisme.
Imaginez les articles des commentateurs catholiques (moi compris) sur le côté tragique de la situation. Puis lisez la mise en garde d’Evangelii Gaudium : “C’est une présumée sécurité doctrinale ou disciplinaire qui donne lieu à un élitisme narcissique et autoritaire, où, au lieu d’évangéliser, on analyse et classifie les autres, et, au lieu de faciliter l’accès à la grâce, les énergies s’usent dans le contrôle”.
Combinaison malsaine entre amour et dégoût de soi excessifs
Pensez aux interminables réunions du conseil de paroisse axées uniquement sur des questions insulaires. Puis écoutez sa méditation du matin sur la dureté du cœur : les catholiques sont “enfermés en eux-mêmes, dans une communauté ou une paroisse, mais toujours enfermés… Regardez les hommes et les femmes-miroirs mariés avec leur propre image… des narcissiques religieux”.
Le narcissisme n’est pas un amour de soi excessif ni un dégoût de soi excessif, mais une combinaison malsaine des deux, chacun alimentant l’autre. Nous voulons être des héros, avons peur d’être des zéros et nous nous imaginons donc tels que nous voudrions être.
La vérité est que nous ne sommes ni des zéros ni des héros, mais notre fierté ne peut l’admettre – car nous voulons être au centre de l’Univers. Nous devenons comme Adam et Ève qui voulaient être “comme des dieux” en mangeant la pomme, et qui ont fini de manière pathétique par se cacher de Dieu dans les bois.
Les catholiques aujourd’hui sont particulièrement guettés par le narcissisme et s’accrochent à l’image de la perfection qu’ils voudraient être.
Le pape François offre un remède aux narcissiques
Tout d’abord, la prière. Comme il l’a dit à l’université Grégorienne : “Le théologien qui ne prie pas et qui ne vénère pas Dieu finit noyé dans le narcissisme le plus écœurant”.
Le culte de Jésus-Christ est une réponse au dégoût et à l’amour de soi du narcissique. Il est celui qui “ne considérait pas que rechercher l’égalité avec Dieu était quelque chose que l’on pouvait atteindre” ; Celui qui a glorifié le père en étant crucifié ; Celui qui a remis les clés du paradis et de la terre à Pierre ; Celui qui a accordé le crédit de chaque victoire importante aux autres.
Deuxièmement, le service. Dans ses remarques sur les maladies de la Curie, le pape François a mis en garde contre un “narcissisme qui regarde passionnément sa propre image et ne voit pas l’image de Dieu imprimée sur le visage des autres”. L’antidote à cette épidémie est la grâce de se sentir pécheurs et de dire de tout son cœur : “Nous sommes des serviteurs inutiles. Nous avons fait ce que nous devions faire”.
Il a réitéré le même discours à Philadelphie en parlant du service à la famille. “Le pasteur doit montrer que ‘l’Évangile de la famille’ est vraiment une ‘bonne nouvelle’ pour un monde où la préoccupation pour soi-même règne de façon absolue !”, a-t-il dit. “La ténacité pour fonder une famille et pour la faire grandir transforme le monde et l’histoire humaine.”
Les familles ont une façon de briser votre interprétation irréaliste de vous-même de vous-même – et de la remplacer par un amour inconditionnel.
Une authentique vie de famille est peut-être la meilleure réponse au narcissisme.