Pour la première fois une délégation vaticane fut conviée en tant qu’invitée d’honneur lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux le 5 août dernier.
Cette année, la liste des scandales est encore longue. Le Brésil aurait exploité des employés et détruit de nombreuses maisons afin de construire les complexes sportifs. Les accusations de dopage étaient aussi de la partie, suscitant la colère des sportifs non dopés. Les victoires sont aussi nombreuses, ne serait-ce que la présence d’une délégation de réfugiés qui fut une première. Mais si les déviances du milieu sportif génèrent des tensions, le sous-secrétaire au Conseil pontifical de la culture chargé du secteur culture et sport, Monseigneur Melchior Sanchez De Toca, nous invite à ne pas oublier la valeur morale et spirituelle du sport.
Au micro de Gaëtan Plenet, pour Radio Vatican, il revient sur la présence de l’Église catholique lors de la cérémonie d’ouverture.
Le sport : un extraordinaire outil de croissance spirituelle
“De la part du Saint-Siège ça fait d’abord partie d’une Église qui est en sortie, d’une Église qui va dehors, qui ouvre les fenêtres et les portes. Pour le Conseil Pontifical de la culture c’est un pas dans le chemin de relation avec les institutions officielles du monde sportif” commence-t-il. “On voit que depuis les JO de Londres on a vu un intérêt croissant pour la foi des athlètes, la foi dans le monde sportif. Cela a été particulièrement évident dans les Jeux paralympiques à Londres. Et la dimension de foi et de vie religieuse a été particulièrement présente.”
L’occasion pour lui de parler de la responsabilité de l’Église, puisqu’au mois d’octobre “il y aura au Vatican une importante conférence sur le thème sport et foi. Le pape a toujours souligné la valeur éducative du sport. Le sport c’est un lieu de croissance. Et il avait dit il y a deux ans, quand il a rencontré les associations sportives catholiques italiennes, qu’une paroisse sans activité sportive n’était pas complète. Donc, effectivement pour le pape le sport joue un rôle très important, dans la vie chrétienne, dans la vie spirituelle et dans la société”.
Et lui-même lui accorde une importance supplémentaire quand il déclare “que le sport est peut-être un antidote contre le fondamentalisme religieux, donc dans notre communauté, et est aussi un extraordinaire outil d’intégration, de croissance spirituelle et humaine et qui peut aider à vivre une vie chrétienne et humaine pleine”.
Notre monde a besoin d’écouter de belles histoires
À la question de savoir si le sport a toujours une valeur morale, Mgr De Toca répond : “Mais bien sûr. Il n’y a aucune réalité humaine qui ne soit pas entachée par le péché, parce que c’est le mystère du péché originel. Regardons dans notre Église, la vie de beaucoup de chrétiens, même de prêtres et de pasteurs, n’est pas exemplaire. “Corruptio optimi pessima” : la corruption des choses meilleures est la pire chose. On voit aussi de très belles histoires. Histoires d’acceptation de la défaite, histoires de séparation de soi-même, histoires d’amitiés, qui vont au-delà de la confrontation”. Ce qui nous invite aussi à prendre exemple au lieu de porter dans l’accusation des déviances de certains sportifs.
Il nous aide d’ailleurs à élever un peu notre regard en poursuivant : “Je crois que notre monde a besoin d’écouter de belles histoires. N’oublions pas qu’on joue pour gagner, et c’est légitime parce que ça appartient à la nature même du jeu. Mais effectivement il y a des valeurs plus importantes que la victoire ou la médaille. Pour beaucoup d’athlètes qui ne peuvent rêver de gagner une médaille l’expérience, le fait d’y être, c’est quelque chose d’extraordinaire, c’est une expérience humaine formidable”.
Un catalyseur d’énergie pour faire quelque chose de grand
Et comment faire pour que les Jeux restent une fête ? Selon lui la dimension sociale et collective doit rester très présente.
“La préoccupation que le cardinal de Rio a exprimé plusieurs fois est le désir que les bénéfices de cette fête (…) arrivent partout”, nous explique-t-il. “Pas seulement aux privilégiés qui ont déjà tout dans la vie, que ce ne soit pas une occasion pour que les riches deviennent encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres. Mais que les Jeux soient un sursaut d’enthousiasme, de dynamisme pour toute la ville et pour tout le pays, un catalyseur d’énergie, d’optimisme, le désir de faire quelque chose de beau, de grand, de mettre en jeu les meilleures énergies du pays. Les Jeux olympiques deviennent alors vraiment un jalon pour l’histoire d’un pays”.
Il donne l’exemple des Jeux olympiques de Barcelone, qui ont été “un moteur de transformation pour la cité qui a joui de toutes les installations et les infrastructures qui sont restées”. Et attire l’attention sur “la préoccupation de pas mal de villes qui refusent de candidater pour accueillir les Jeux olympiques à cause d’une mauvaise gestion après les Jeux”. Pour lui, cet événement “doit faire bénéficier toute la population, spécialement les plus démunis”.
Pour finir, il se réjouit qu’une équipe de réfugiés ait pu concourir aux épreuves.
“Vous savez que les réfugiés sont au cœur des préoccupations du pape” nous assure-t-il. “Le CIO s’est mobilisé pour créer cette équipe d’athlètes sans patrie. Le premier jour dans l’épreuve de natation, une athlète de cette équipe a gagné, et ils ont été reçus au stade avec des applaudissements vraiment incroyables. Ça a vraiment été une des choses les plus belles de toute la cérémonie.”