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Une fois de plus, le musée du Luxembourg nous propose, pour cette rentrée, une magnifique exposition autour du peintre Henri Fantin-Latour (1836-1904). À travers un parcours plus ou moins chronologique, on suit avec bonheur cet artiste hors du commun, en découvrant successivement ses portraits de famille, ses fameux portraits de groupes, ses natures mortes inégalées, et les “peintures d’imagination” de la fin de sa carrière. Retour sur un peintre à la sensibilité exceptionnelle, éminemment original dans un XIXe siècle qui voit s’épanouir de nombreuses écoles artistiques.
L’observateur insatisfait
Né à Grenoble en 1836, Fantin-Latour s’adonne très rapidement à la peinture. Dès la première salle, l’exposition nous plonge dans l’intimité de l’artiste, qui transforme le logis familial en atelier ; le jeune Henri ne cesse en effet de peindre ses deux sœurs, Marie et Nathalie, dont il fait d’adorables liseuses. Fantin-Latour exerce et affute son regard sur le monde, qu’il dépeint avec un soucieux réalisme.
Éternel insatisfait, le jeune artiste imagine des compositions très complexes, qu’il travaille et retravaille longuement. En témoignent ses portraits de groupe des années 1860-1870, qui font une grande partie de son succès. Dans le fameux Coin de table (1872), par exemple, le peintre met en scène huit célèbres poètes – dont Verlaine et Rimbaud, en bas à gauche – qui adoptent chacun une position différente. L’effet produit est assez déroutant : chaque personnage, bien qu’il s’agisse d’un portrait de groupe, semble esseulé et ne pas tenir compte des autres convives.
Délicieux portraits de fleurs
Henri Fantin-Latour met à profit ce goût du travail fini et bien fait dans ces innombrables natures mortes, qui demeurent son genre de prédilection. L’exposition en présente de nombreux exemples, qui ravissent par leur délicatesse et leur degré d’aboutissement. Par ses cadrages très originaux et ses compositions patiemment étudiées, le peintre renouvelle ce genre qu’il s’approprie pleinement.
Choisissant pour chaque nature morte un fond neutre, il se concentre sur les fruits, les fleurs et les objets qu’il rend avec une précision et une modernité troublantes. Vouant un réel culte à la nature, il la magnifie, et portraiture avec extrême finesse ces fleurs consciencieusement choisies. Pensées, lys, chrysanthèmes, capucines, pivoines, roses et hortensias deviennent de véritables sujets et appellent une savoureuse contemplation.
Un peintre inclassable
Si l’art de Fantin-Latour se caractérise par un goût du détail et du réalisme, l’artiste n’hésite pas à explorer l’univers du songe et du merveilleux. Animé par son goût pour la musique, il multiplie, à partir des années 1875, les “sujets d’imagination”, d’inspiration musicale et mythologique. C’est son Anniversaire, ou HommageàBerlioz (1876), qui marque l’ouverture de cette nouvelle période, où le contexte artistique se teinte des premiers balbutiements du symbolisme.
Un (très léger) bémol, néanmoins, à cette superbe exposition : la longueur des cartels, souvent prolixes, qui peuvent constituer une entrave à la contemplation des œuvres. Peut-être le perfectionnisme de Fantin-Latour a-t-il déteint sur les commissaires de l’exposition ?
Avec pédagogie et érudition, l’exposition du Luxembourg présente un artiste complet et complexe, que son originalité exempt de toute étiquette. Présentant des influences réalistes, romantiques et symbolistes, Fantin-Latour n’appartient complétement à aucune école. C’est sans doute ce qui lui donne l’étoffe d’un artiste authentique, dont la sensibilité, le goût du travail et le sens du Beau sont à l’origine de véritables chefs-d’œuvre.
Informations :
Fantin-Latour. A fleur de peau, au Musée du Luxembourg, Paris VIe.
Du 14 septembre 2016 au 12 février 2017. Ouverture tous les jours de 10h30 à 19h. Nocturne les vendredis jusqu’à 22h.
Tarif plein : 12 euros, tarif réduit : 8,5 euros (16-25 ans, demandeurs d’emploi et famille nombreuse).
Spécial Jeune : 8,5 euros pour deux entrées (du lundi au vendredi à partir de 17h).
Gratuit pour les moins de 16 ans, bénéficiaires des minima sociaux.
Site officiel du musée : ici.