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L’école publique, il n’y a pas si longtemps encore, enseignait à nos parents « nos ancêtres les gaulois ». Et nous avons l’impression de les connaître intimement ces fiers guerriers barbus hérissés de cornes. Mais nous ne savons presque rien de ceux qui, bien plus que les Gaulois, ont donné naissance à la France : les Mérovingiens. Une exposition « Les temps Mérovingiens », nous en dit un peu plus.
À la redécouverte de notre histoire
À première vue c’est un âge bien ingrat pour notre pays que celui ou régnèrent les descendants de Mérovée. Pourtant triomphalement inaugurée par Clovis Ier et sa sainte épouse Clothilde, la lignée sombra immédiatement après dans l’anonymat le plus complet.
Les merveilles exposées au musée du Moyen-Age de Cluny nous offre une autre perspective.
Car comme le démontre le succès de l’exposition, les français ne s’y trompent pas, ou plus. Si l’inconnu enveloppe ces quelques siècles coincés entre Clovis et Pépin le Bref, reste que ce sont ces siècles qui ont vu la France se former tel un jeune enfant grandissant à l’abri du monde jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour l’affronter. C’est le récit de l’enfance tourmentée et secrète de ce qui deviendra pour longtemps le pays le plus puissant d’Occident, un pays né du mariage entre Rome et la Germanie.
Enfants du mariage Germano-Romain
Ne l’oublions pas, les francs étaient initialement des barbares aux coutumes, à la religion et à l’art étranger à celui de Rome.
Nous pouvons voir un casque d’apparat cuivré, un fourreau, une corne et des épingles d’or… l’esthétique des rois barbares qu’étaient leurs ancêtres proches (et qui ont d’ailleurs eut leurs propres expositions à Saint-Germain-en-Laye ou au Grand-Palais) est bien toujours présente. Et dans le Royaume des Francs comme autrefois en Germanie, le luxe est un accessoire se portant sur soi, les éléments de mobiliers et d’ameublement restant sobres, de bois et de pierre au décors point trop chargé. Ainsi le trône du roi Dagobert, joli et finement ciselé, trouble par son dénuement. Ce pourrait être le fauteuil d’un général romain en campagne.
C’est justement, en même temps, cette référence constante aux restes de la Rome éternelle que rappelle cette exposition. Rome était morte mais vivait encore dans les gravures, sur les tombeaux, les colonnes, ainsi que dans l’usage du bas latin. L’art maitrisé des statues de marbres et des mosaïques s’est perdu mais il reste cet art plus grossier et rustique du bas-relief, émouvant par sa rudesse même.
L’âge chrétien des livres et parchemins
Mais les Capétiens avaient une chose que ni les Romains, ni les rois barbares n’avaient eu : les livres. Et il y en a à foison. Il y a même tant de livres que le visiteur de l’exposition pourrait se croire dans une bibliothèque. C’est là une différence majeure d’avec l’antiquité : les statues sont rares mais les livres nombreux.
On y voit par exemple le 6ème tome des compilations du droit Romain, un livre de prières, ou un jugement royal manuscrit confirmant ses privilèges à la jeune abbaye de Saint Denis, elle qui devait avoir par la suite tant d’influence sur notre histoire, notamment par le très grand Abbé Suger. C’est le prologue de notre Histoire que nous voyons calligraphié de ces belles lettres soigneusement tracées sur les pages de parchemin.
Car l’âge des Mérovingiens, pour la première fois dans l’Histoire du monde, est une civilisation purement et originellement chrétienne. Bien sûr il y avait l’Empire d’Orient, mais ce n’était que le vieil empire Romain converti (ou ce qu’il en restait, c’est-à-dire la moitié). Ici il s’agit d’un royaume né dans et par le baptême de son roi. Aussi les symboles sont-ils partout, jusqu’à cette magnifique croix d’or ornée de pierreries, juste parure pour le véritable roi de cette nouvelle ère.
Ceux qui veulent explorer ce pan humble mais néanmoins riche de notre histoire peuvent le faire jusqu’au 13 février 2017 au musée de Cluny à Paris.