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Comment dire adieu ?

Femme pleurant devant une tombe

© Shutterstock

Aleteia Mexique - Luz Ivonne Ream - publié le 12/02/17

Il n’y a pas de recette toute faite pour ces moments-là, à part laisser l’amour chercher son propre chemin.

Nous nous préparons à tout en cette vie. Nous allons aux meilleures universités pour obtenir les plus hauts diplômes. En revanche, pour la seule chose à laquelle nous sommes tous destinés – la mort –, nous ne nous y préparons pas, et ce, que ce soit pour faire face à notre mort ou à celle d’un être cher. Mais existe-t-il seulement un bon moyen de s’y préparer ?

À mes yeux, oui et non. Oui, lorsque l’on vit à la lumière de l’éternité, les yeux posés sur la vie éternelle, au ciel. La rencontre avec Dieu, en face à face, un jour, est assurément le plus bel espoir que l’on puisse avoir.

Mais comment se préparer à laisser partir l’être aimé ?

Ce qui me paraît clair, c’est que le deuil est vécu autrement lorsqu’il est expérimenté dans l’amour et la gratitude, plutôt que dans la peur et les remords. De toute façon, la mort va troubler, émouvoir, surprendre et faire aussi mal que si l’on vous amputait le cœur. Le temps passe ensuite, et l’on se rend compte qu’un deuil vécu sainement vous aide à purifier et transformer les cœurs.

Une souffrance profonde

Mais qu’est-ce qui fait aussi mal ? Serait-ce seulement l’absence ? Cette épouvantable sensation d’un couteau transperçant l’âme est bien littérale. Seul celui qui a souffert une perte profonde parviendrait à l’exprimer avec des mots, et par-dessus tout, à la comprendre. Dire « adieu » est déchirant (bien que pour ceux d’entre nous qui croient en la vie éternelle, cela est un au revoir plein d’espérance).

On se lamente de ne plus pouvoir sentir l’odeur de l’être perdu. On regrette le ton de sa voix, ses paroles. En écoutant sa chanson, on est transporté le temps de quelques instants vers ces moments que l’on voudrait voir revenir, pour les arrêter, juste pour le contempler à nouveau, intensément, posément, et lui redire silencieusement combien on l’a aimé… Mais, comment aurait-on pu prévoir qu’il partirait si tôt, si vite ?

Les souvenirs et les paroles qui n’ont pas été dites nous brûlent. Toutes ces choses qui n’ont pas été conclues, réalisées, les problèmes non résolus, tout cela nous hante. On est déchiré par ces étreintes que l’on n’a pas données, ces caresses qu’il restait à recevoir, ces baisers que l’on n’avait pas encore volés.

On dépérit de cet amour que l’on n’a pas su recevoir, tout comme de ces appels non rendus et de ces messages laissés sans réponse. Se désespérer parce qu’on voudrait le reprendre dans ses bras, et ne plus pouvoir le faire. Devoir se consoler en se remémorant la dernière fois qu’on a pu s’embrasser.

Vivre sans vivre

On voudrait s’enfouir dans ses bras protecteurs mais on ne peut qu’étreindre le coussin trempé par sa douleur. On voudrait entendre sa voix, écouter ses conseils, mais on n’a que son souvenir lointain qui se laisse entendre. Car personne ne saurait répliquer ou hasarder une réponse à tant de souffrance.

On se réveille alors qu’on ne voudrait plus jamais se lever. Au fond on le sait, ce n’est qu’une nouvelle journée de larmes qui s’annonce, avec une douleur lancinante à la poitrine qui ne permet plus de respirer. Le chagrin étouffe, et l’on vit sans vivre. On pense tout simplement : « Et maintenant, comment faire pour continuer sans toi ? Je veux partir avec toi, et je ne peux pas… Je demeure ici sans que rien ne s’ensuive… Je vis, sans vivre… »

Et qu’advient-il, ensuite ? Apprendre à vivre d’une façon différente, s’approprier la douleur si personnellement qu’on parviendra à vivre avec elle. Après, celle-ci se transforme, la souffrance change, tout acquiert un sens distinct.

Le deuil aurait 5 ou 6 étapes, d’après certains experts. Ces étapes du deuil ont été distinguées par le travail d’E. Kübler-Ross qui créa un modèle auprès de ses patients cancéreux en phase terminale. C’est-à-dire que ces 5 étapes (le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation) constituent le processus que traverse une personne qui va mourir. De nos jours, il est appliqué à tous les processus de deuil sans distinction.

Quand vais-je cesser de pleurer ? 

Mais, quand on vit un deuil, à quoi cela sert-il de savoir à quelle étape on se situe ? J’ai plutôt besoin de savoir à quelle étape je suis censée arrêter de souffrir du manque, quand je vais finir de pleurer… Au cours de quelle étape, arrêtons-nous de souffrir pour un fils ou un frère qui ne méritait pas de mourir ainsi ?

Quand on traverse ces moments, on peut aussi entendre les paroles de gens de bonne volonté qui sonnent de façon si absurde à nos oreilles : “Désormais, elle est dans un meilleur endroit”, et l’on pense en notre for intérieur, “Eh bien non ! Moi je la veux ici, à mes côtés”. Et que dire de cette autre phrase : “Maintenant, tu as un autre petit ange au ciel qui prend soin de toi”. Vraiment ? Alors là, non ! Je ne veux pas d’un autre petit ange, j’en ai déjà un. Je la veux ici, près de moi, prenant soin de moi et m’entourant de ses bras.

Il y a encore une autre phrase qui me hérisse le poil : « Motive-toi, fais preuve de volonté ! ». Faire preuve de volonté ? Comment faire cela ? Par où faut-il pousser pour que l’envie vienne ? La seule chose que je ressens, c’est une envie de mourir pour rejoindre celui qui m’a quitté. Telle est véritablement cette sensation : la mort dans la vie. Voilà pourquoi, il est nécessaire d’apprendre à laisser chacun vivre son deuil comme il le peut, en l’accompagnant silencieusement. Dans ces moments, le seul qui peut réellement consoler, c’est Dieu.

La guérison impossible

Le deuil est aussi personnel, intime et unique qu’il y a d’étoiles dans le ciel. Chaque perte est unique et digne d’être vécue dans la pleine mesure de nos capacités respectives. La seule chose qui compte, c’est de le vivre aussi profondément que possible, toujours main dans la main avec Dieu.

Il est dit que le temps guérit toutes les blessures. Personnellement, je n’en suis pas convaincu. Le temps nous apprend à vivre avec la perte et ce vide, mais il est impossible de parler de guérison, surtout quand la douleur qui nous transperce provient d’un amour ineffable. D’ailleurs, on guérit lorsqu’on est malade, seulement l’amour n’est pas une maladie. Un deuil qui vient de l’amour, n’a pas besoin de guérir, il doit être vécu. Enfin, si la guérison signifie que tu vas cesser de me manquer et d’habiter mes pensées, je préfère demeurer ainsi. Ne pas guérir pour que tu vives, tant que ta mémoire perdurera en moi.

Pourquoi sommes-nous si insensés et sots et ne jouissons-nous pas au quotidien de la présence de nos êtres chers, comme si, en vérité, aujourd’hui était leur dernière journée ?

De mon cœur au tien, LI.

Tags:
deuilMorttristesse
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