Trois questions à Nicolas de Lorgeril*, porte-parole du think tank Économie, Prospective et République.
Aleteia : Quelles sont les mesures que le futur président doit adopter en priorité ?
Nicolas de Lorgeril : Il faut très vite restaurer la confiance. C’est la cohérence et l’équilibre juste des mesures de redressement du pays qui convainquent. La méthode ferme mais participative pour piloter ces réformes les rendent acceptables et efficaces. Trois axes sont prioritaires :
- Il faut libérer l’initiative dans tous les domaines associatifs, culturels mais aussi bien sûr économiques, pour recréer de la richesse et de l’activité et rendre notre pays plus attractif. L’emploi est le premier acquis social.
- Il faut restaurer l’autorité de l’État qui doit s’exprimer fermement dans les politiques fondamentales de sécurité, mais aussi d’éducation, d’intégration et de lutte contre le communautarisme. Il doit aussi piloter une réorientation de l’Union européenne plus solidaire mais plus subsidiaire et plus protectrice.
- Il faut recentrer l’Etat sur ses missions essentielles et mettre en œuvre une réforme fondamentale de l’action publique et de la solidarité pour gérer mieux, de façon plus économe et plus responsabilisante. Ceci permettra de réorienter les moyens économisés sur les urgences et le désendettement.
Quel serait donc, selon vous, le président idéal, celui ou celle qui mettrait en œuvre ce principe fondamental ?
Deux qualités me semblent essentielles :
- L’expérience des grands rouages de l’État, des collectivités, de l’Union européenne et des lois de l’économie.
- La ténacité et la maîtrise de soi pour lutter contre tous les intérêts particuliers et lobbies et pour piloter le difficile redressement du pays, en faisant émerger de nouveaux dirigeants publics et européens.
Saint Thomas d’Aquin nous donne ce conseil sur la conduite de la vie politique : “Préférer à quelque saint homme, une personne qui est moindre en sainteté de vie mais qui est plus propre au maniement et au gouvernement du bien commun”.
Quels sont, selon vous, les points qui doivent retenir l’attention des chrétiens dans les programmes et débats de la prochaine élection présidentielle ?
La place centrale donnée à l’homme doit conduire à réorienter les efforts de solidarité vers les plus fragiles qui en ont le plus besoin : handicapés, familles fragilisées… Bien entendu, chaque chrétien est particulièrement sensible aux sujets dits sociétaux (fin de vie, GPA, PMA…) pour que nos règles communes respectent au mieux la dignité de l’homme.
Nous devons aussi renforcer la Nation et lutter contre les risques de communautarisme et contre la fragilité culturelle. Dans ce cadre, l’État doit reconnaître la place des religions dans le débat public, pour autant qu’elles s’engagent à respecter les lois et la culture nationale, à renforcer la paix civile et à condamner toute forme de violence. Alors que certains affirment que les religions entraînent la guerre pour les exclure du débat public, il faut au contraire les inciter à s’impliquer et à s’engager publiquement pour qu’elles contribuent à renforcer l’unité nationale et la paix civile.
*Nicolas de Lorgeril, 56 ans, marié, 4 enfants (ancien élève de l’ESSEC et de l’ENA) est directeur général de ETI FINANCE après avoir été dirigeant de PME, mais aussi d’entreprises publiques et de banques. Il est aussi viticulteur en Languedoc, conseiller municipal et animateur de think tanks : EPR et Fonder Demain.
Économie, Prospective et Républiqueest un think tank qui place l’homme au cœur de ses réflexions pour un avenir plus durable. Constitué en fonds de dotation, il conduit des recherches sur les fondements anthropologiques, philosophiques, sociologiques et économiques des crises actuelles et mène une veille stratégique, pour en tirer des leçons concrètes et apporter des solutions pragmatiques.
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