Cette campagne présidentielle a été pour le moins mouvementée. Si de nombreuses semaines ont été consacrées aux « affaires », dans un emballement médiatique qui n’était pas particulièrement favorable aux questions de fond, il ne reste que peu de temps aux candidats pour démontrer la pertinence de leurs projets. Dans ce climat, de nombreuses voix associatives tentent de ramener le débat politique autour des questions qui leur semblent prioritaires : écologie, pauvreté, lien social. Ce fut le cas des Colibris emmenés par Pierre Rabhi mais également de la Fondation Emmaüs France qui a joué un rôle central dans l’Appel des solidarités qui a rassemblé il y a quelques semaines près de 80 associations .
Le modèle atypique d’Espérance Banlieues
L’éducation fait figure de grande oubliée de cette élection, fortement centrée sur les questions économiques et identitaires. C’est d’ailleurs à la croisée de ces chemins que s’inscrit l’appel de la fondation Espérance Banlieues. Dirigée par Eric Mestrallet — qui vient du monde économique — et soutenue par Harry Roselmack, la fondation a décidé d’offrir aux enfants des banlieues une réponse à la désintégration qui était leur quotidien. Rompant avec des décennies d’angélisme, les écoles Espérance Banlieues assument une « pédagogie de la réussite » qui est exigeante pour les enfants comme pour leurs parents. Les professeurs de ces écoles « pas comme les autres » ont, chevillé au corps, l’amour de la transmission. Celle de la culture française, du sens « du vrai, du bien et du beau » mais aussi de la rigueur et de la cohérence dans la réflexion qui en feront des élèves aptes à s’intégrer dans une société française qu’ils auront appris à aimer. En uniforme, levant les couleurs chaque matin, cultivant l’esprit de groupe, ces élèves bénéficient d’une chance inespérée de sortir des mauvaises influences qui sont nombreuses dans les « territoires perdus de la République ».
Une recette qui marche
Les personnalités signataires de cet appel sont très diverses : Jamel Debbouze, Patrick Poivre-d’Arvor, Serge Betsen mais aussi Alexandre Jardin, Olivier Marchal ou encore Natacha Polony. Toutes partagent la conviction que la réussite des écoles Espérance banlieues ne peut être laissée sous le boisseau. Un tel modèle « sur-mesure », qui a fait ses preuves et qui est souhaité dans de très nombreuses banlieues françaises doit avoir l’exposition médiatique et le soutien financier qu’il mérite : « À quelques semaines de l’élection présidentielle, nous en appelons instamment aux hommes et aux femmes politiques de tous bords pour qu’ils prennent réellement la mesure de l’urgence de ce défi éducatif et citoyen. Nous leur demandons d’être imaginatifs et surtout courageux, de sortir des sentiers battus, afin de permettre à ces solutions innovantes qui ont fait leurs preuves, de se développer rapidement et d’élargir ainsi leur impact bénéfique à l’ensemble du pays. » Le cap est ambitieux, puisque la fondation vise l’ouverture de 200 écoles à terme, mais les signataires l’envisagent avec… espérance ! Aucun doute, ce projet « peut et doit réunir tous les Français et ouvrir ainsi un chemin pour retrouver fierté, cohésion et espérance! ». Il appartiendra désormais au nouveau président de la République de répondre à ce bel appel.
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