Le récent reportage de France 5, « Tampon, notre ennemi intime », sur les dangers des tampons, a déclenché une vague d’inquiétudes chez les femmes. Or s’ils existent depuis plus d’un demi siècle, la question de leur toxicité ne se pose que depuis quelques années. Selon plusieurs études, ils contiendraient des additifs chimiques et d’autres colorants.
Attention, il faut être alerté, mais ne pas paniquer. « Les tampons les plus courants sont tout à fait inoffensifs », tempère le professeur Gérard Lina. « Et les accidents mortels, suite à un syndrome de choc toxique, SCT, restent très exceptionnels. » Il n’empêche ! Il y a quand même de quoi avoir peur. « Et pour un produit d’utilisation quotidienne, c’est trop important ! », commente Valérie, bientôt 50 ans, peintre. « Pas question de prendre un quelconque risque. Notre corps est déjà soumis a plein d’autres agressions ou dangers (cancer, tabac, pollution etc)». Alors, dans le doute, certaines femmes ont choisi de se tourner vers la coupe menstruelle, appelée aussi « cup ».
Génial, écolo, pratique, sain…
Comme Louise, 26 ans, professeur de pilates. Elle est devenue une inconditionnelle ! « J’avais entendu parlé de la cup par certaines de mes copines. Elles me disaient que c’était génial, écolo, pratique, sain… Je n’étais pas convaincue. Et puis j’ai lu des articles sur cette histoire de toxicité des tampons et du coup cela m’a persuadé d’essayer. » Au début, pas très à l’aise avec son utilisation, elle a vite pris le coup de main et ne renoncerait pour rien au monde. « Surtout l’été, au bord de la mer, car c’est plus pratique et plus agréable que les tampons ».
Mais toutes les jeunes femmes qui ont adopté la coupelle ne l’ont pas fait pour les mêmes raisons. Et « il n’y a pas de profil type des jeunes femmes qui l’utilisent, » nous informe une pharmacienne.
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Plusieurs raisons de l’utiliser
En effet, « plusieurs situations peuvent pousser ces femmes à changer de protection», déclare Sophie, gynécologue dans la banlieue parisienne. Lola, 32 ans, conférencière, l’a découverte à l’occasion d’un voyage en Afrique. « Avant de partir une amie me l’a recommandé car elle peut rester en place jusqu’à douze heures de suite. C’est très utile quand on se trouve dans des endroits ou l’accès aux toilettes est compliqué. »
A 43 ans, Marie, coach, ne pouvait plus supporter les crampes ressenties chaque mois. « C’est épuisant et vraiment douloureux. Depuis que je suis passée aux coupes menstruelles, les douleurs ont sensiblement diminuée, et je me sens vraiment mieux ».
Isabelle, étudiante, avoue quant à elle s’y être mise pour des raisons économiques. Selon une étude une femme dépense au total environ 23 500 euros sur toute une vie pour ces produits hygiéniques, soit un total annuel de 675 euros. « Sans compter le coût des anti-douleurs que l’on achète en général pour soulager les crampes ou maux divers liés à nos règles. Alors, franchement ca vaut le coup ! ».
A 35 ans, Séverine, décoratrice d’intérieur, souffrait de sécheresses et de démangeaisons vaginales. «J’ignorais qu’il existait une autre solution». Jusqu’au jour où sa gynécologue lui a recommandé d’essayer la cup. « Finis les effets secondaires des protections féminines classiques !» lance-t-elle avec soulagement. « C’est plus confortable, plus facile à utiliser et bien plus écologique », poursuit-elle.
Une solution écologique
C’est en effet une bonne raison pour certaines femmes de se tourner vers la cup. Lavable après chaque utilisation, elle produit moins de déchets nocifs pour la planète. “Il y a trente à quarante ans, les femmes se sont battues pour pouvoir disposer de nombreux produits faciles d’usage, pratiques et jetables”, explique la gynécologue américaine Taraneh Shirazian. Pour ce qui est des produits hygiéniques et d’autres préoccupations, telles que les questions de contraception, la tendance “semble à présent s’orienter vers des produits plus écologiques, naturels et sans hormones”.
Christelle, 29 ans, l’a adopté précisément dans ce but : « Savez vous combien de produits sanitaires les femmes utilisent à travers le monde ? », interroge-t- elle. Si nous sommes en moyenne réglée pendant 38 ans, les calculs disent que nous produirions pendant cette période une quantité globale de 28.37 kilos de déchets. Ainsi, pendant nos années fertiles, les détritus liés aux règles représentent environ 0,5% du poids de notre décharge personnelle. « Cela mérite de se donner un peu de mal non ? Et, même s’il m’a fallu un peu de temps à m’habituer c’est une invention extraordinaire. Je vous encourage à vous y mettre ! ».
Un progrès pour les pays en voie de développement
Dans certains pays démunis comme l’Afrique de l’Est ces récipients en silicone sont aussi paraît-il d’une grande aide pour les habitantes. Sans eux, les femmes doivent parfois se contenter de boue séchée, de feuilles, de chiffons, de journaux, pour se protéger chaque mois. Elles développent alors souvent des infections et doivent, pour les plus jeunes, être déscolarisées régulièrement.
A quoi ressemble cette coupelle ?
Pour les novices, il faut savoir que les coupes menstruelles existent depuis les années 1930, mais elles n’ont jamais été très populaires. Ce sont des réceptacles en forme de cloche faites dans un matériau souple, non toxique et non absorbant, en général en silicone. Rose, blanche, la gamme de choix est désormais de plus en plus vaste et de plus en plus accessible, en ligne, dans les pharmacies ou les magasins bio.
Elles s’insèrent comme un tampon et peuvent se garder toute la journée. Lavable à l’eau savonneuse après chaque utilisation, elles sont réutilisables dix ans. Selon les marques (la Lily cup, Keeper, la Diva cup ou la Moon cup), elles coûtent 30 ou 40 euros l’unité. Un atout économique non négligeable quand on sait qu’une femme utilise environ 11 000 tampons dans une vie.
Une utilisation parfois délicate
Mais il ne faut pas s’y méprendre. Si l’on retient certains avantages comme sa durée d’utilisation, son matériau écologique, son prix économique, ses vertus anti-douleurs, il faut reconnaître que tout le monde n’en est pas fan et que sa manipulation reste pour certaines parfois délicate. Difficile à insérer, inconfortable pour certaines, délicat à retirer, sans parler du risque de le renverser… Ou de croiser au bureau un de vos collègues lorsque vous la rincez dans le lavabo. « Tout est une question d’habitude», commente les plus converties.
Pour celles qui restent encore sceptique, notre gynécologue Sophie, ajoute avec humour : « Rassurez-vous ! J’ai reçu dans mon cabinet suffisamment de femmes qui ne jurent que par ces produits alternatifs pour savoir qu’ils ne sont pas seulement faits pour des hippies illuminées ».