“Patrimoine et Environnement” est une société de projet dans le domaine des énergies renouvelables. Entre gestion de projet et bureau d’études, ses compétences sont nombreuses pour permettre d’assurer au mieux le service pour laquelle elle a été créée : aider financièrement les diocèses catholiques de France.
Laudato Si’ en pratique
L’idée est d’assister les paroisses dans leur transition énergétique et de favoriser l’installation de centrales photovoltaïques sur leurs toitures. Tout est respecté, de la qualité des démarches à celle des matériaux utilisés jusqu’au choix scrupuleux d’installateurs de qualité, rares sur le marché.Une application concrète de l’encyclique du pape François Laudato Si’.
Le chef de projet et ingénieur de formation, Bruno Dufau, explique l’intérêt de démarcher les diocèses au lieu de contacter chaque paroisse. “Les diocèses ont un patrimoine immobilier assez conséquent”, ce qui permet “de déposer des demandes de projets importants, tout en mutualisant les projets sur un même diocèse ou département”. Le modèle économique est en réalité une location de toiture et les diocèses n’ont rien à débourser du début à la fin de la mise en place des centrales. “Toutes les toitures solarisées reçoivent un loyer qui dépend du chiffre d’affaire ou du résultat net de la société de projet. Donc c’est un pourcentage de nos revenus qui revient au diocèse en tant que loyer de leur toiture. Sachant qu’évidemment, plus on a de centrales, plus on a de loyer et malheureusement pour les diocèses du Nord, ce loyer dépendant aussi de l’ensoleillement le leur est un peu plus faible que les autres…”.
Cela dépend aussi du moment où les diocèses ont signé, car le tarif de rachat de la part d’ERDF, au réseau duquel sont raccordées les centrales photovoltaïques, baisse chaque trimestre. Combien peuvent gagner les diocèses avec ce système ? “Pour donner une moyenne, le loyer représente par toiture entre 500 et 1 000 euros par an, sur vingt ans, donc entre 10 000 et 20 000 euros sur le long terme. Mais cela pourra aller au-delà des vingt ans.” Le budget n’est donc pas négligeable quand on multiplie par le nombre de toiture, et il a l’intérêt d’assurer un revenu régulier aux diocèses.
Une action de long terme
Le deuxième avantage est qu’au moment des travaux d’installation charpente est rénovée, renforcée et remise en bon état, pour faire une maintenance corrective sur la toiture. Beaucoup de toitures dans de nombreux diocèses sont en effet laissées à l’abandon, faute de moyens.
Une maintenance est assurée par la société de projet pendant les vingt ans de location, chaque année la toiture est inspectée en même temps que la centrale. “S’il y a une tuile cassée on la remplace, s’il y a une fuite on la répare. Cela reste du correctif léger mais il n’est pas négligeable au niveau de l’entretien. Pour de gros travaux, cela reste de la responsabilité du diocèse, d’autant plus si la centrale n’est pas du tout en cause”. Il y a donc de la maintenance et du préventif.” Il faut savoir que certains diocèses ont une gestion de la maintenance de leur bâtiment qui consiste à penser : “Tant que cela ne s’effondre pas, tout va bien, on ne s’en occupe pas !”. Ce qui leur coûte très cher au moment de devoir faire des travaux…
Les retours des diocèses sont généralement très positifs. “80% des paroisses sont satisfaites, 20% étaient déjà contre le projet au départ et montrent leur mécontentement quand on arrive sur place”. Une attitude qui traduit l’incompréhension de la démarche écologique et financière proposée aux diocèses. “C’est un peu compliqué car nous n’y pouvons pas grand chose s’ils sont contre la décision de l’évêque ou de l’économe. Mais les 80% effacent le pourcentage négatif, même si celui-ci fait bien plus de bruit que les autres !”.
Certains soutiennent le projet justement grâce à la maintenance assurée, d’autres pour l’aspect écologique. “Le problème récurrent est l’âge moyen des paroissiens, assez âgés, qui voient d’un mauvais œil les énergies renouvelables et n’y connaissent rien, ce qui est relativement normal. En répondant à leurs questions, cela nous permet d’apporter une culture des énergies renouvelables, ce qui est positif”, explique Bruno Dufau.
La France entière s’est lancée
Le parc solaire représente 300 centrales installées dans toute la France, pour 1 200 permis de construire déposés, signes d’un gros travail en amont. Cela représente pas loin de deux mégas crêtes de puissance, donc 2 MW, ce qui n’est pas négligeable. L’atout majeur est “qu’il s’agit d’une énergie décentralisée : elle est produite là où la consomme”. “Ce n’est pas une centrale installée en plein milieu d’un champ, dont l’énergie est perdue par le transport dans les câbles électriques”, ce qui arrive avec l’électricité produite en centrale nucléaire. Une dizaine de diocèses a signé, de Reims à Bayonne, en passant par Toulon. Toutes les centrales ne sont pas construites, il en reste une cinquantaine à installer cette année et une centaine à mettre en service.
Certains projets se heurtent aux refus des mairies ou des Architectes des bâtiments de France, parfois aussi à des problèmes techniques liés à la nature des bâtiments, qui paraissaient éligibles et ne l’étaient pas en réalité. “Certains diocèses nous ont aussi fait faux bond”, précise Bruno Dufau, “parfois au dernier moment, après pas mal d’argent et de démarches engagées de notre côté”.
Cette initiative, lancée en 2012, touche à son terme. “Aujourd’hui, il ne nous est plus possible de continuer à initier de tels projets”, déplore le chef de projet, “pour une question de rentabilité, car le 11 mai dernier la loi de l’autoconsommation est passée. Cela a beaucoup réduit les tarifs d’achat proposés pour les reventes totales d’électricité. Les premiers projets réalisés chez Patrimoine et Environnement étaient autour de trente centimes du kW, chaque trimestre avait une perte de un à deux centimes, actuellement le tarif est à vingt centimes et dix-huit centimes si la centrale est intégrée au bâti. C’est beaucoup trop faible, même si la mutualisation des projets permet de baisser nos coûts de réalisation, la rentabilité est maintenant difficile.”
Le chef de projet réfléchit déjà à de nouvelles formules à proposer aux diocèses, pour continuer d’œuvrer pour l’écologie et pour l’Église.