Lors d’un salon du livre, de jeunes poètes me confiaient comment l’auteur mystique leur avait ouvert les yeux sur un autre réel, voilé par la routine quotidienne, mais qui sous sa plume dévoilait un don, une promesse, malgré la nuit, le désert, le vide. Ce réel caché, ne serait-ce pas Dieu ?
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Les images que nous nous faisons de Dieu sont sans cesse à purifier, répète l’auteur de La Nuit obscure, Dieu étant toujours « au-delà de tout ». C’est un « je ne sais quoi », qui transcende toute connaissance. Le silence d’amour vécu dans l’oraison contemplative l’exprime mieux que tout autre langage, ce qui demande abandon et communion au mystère divin qui nous habite.
J’écris ces lignes à Paris où je termine une série de conférences et de rencontres des médias dans la foulée de mon essai Henri Caffarel, maître d’oraison (Cerf) et d’un colloque qui lui était consacré au collège des Bernardins. J’ai été porté pendant quinze jours par ce Dieu présent au fond de mon coeur. Je n’ai eu qu’à m’abandonner à son amour miséricordieux, lui faisant confiance en tout. Les moments d’oraison silencieuse vécus un peu partout, que ce soit avec les carmes d’Avon ou à Paris lors d’une soirée thérésienne, m’ont aidé à demeurer dans la paix du Christ. Avec Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux, le père Caffarel, et tant d’autres témoins de la prière intérieure, je ne peux que rendre grâce à Dieu pour leurs écrits qui brûlent d’un feu qui ne s’éteint pas.
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En signe d’hommage pour tout ce que Jean de la Croix m’a donné, je lui ai écrit un poème que l’on retrouve dans mon recueil Un souffle de fin silence(2017, Noroît, p. 56-57).
Le rossignol du carmel
dans la nuit obscure
n’a d’autre mélodie
qu’un chant mystique
pour la figure aimée
Caché en sa face
il s’envole secrètement
au seuil de l’invisible
immobile et attentif
sans autre plainte
que le silence aérien
Qui pourrait le piéger
personne ne le voit
la forme s’estompe
la formule s’efface
voilà sa clef