Le “vœu de silence” existe t-il dans l’Église ? Il est plus juste de parler d’une règle du silence généralement respectée par les moines et moniales dans leur monastère pour éviter les bavardages ou paroles inutiles. Les règles peuvent varier en fonction de la spiritualité. Par exemple, chez les carmes du monastère de Roquebrune-sur-Argens dans le Var, le frère Christophe Marie, prieur du couvent d’Avon, nous explique que ce lieu a une spécificité : c’est un saint désert. C’est un endroit ou les religieux peuvent se retirer, se mettre à l’écart et y faire une retraite. Un lieu de solitude plus marqué mais qui n’empêche pas de parler et d’être ouvert à tous lors de la messe. Le “vœu de silence” n’a donc aucune traduction juridique, que ce soit sur le plan civil ou canonique.
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Et en ce qui concerne le « droit d’asile » qui fait des sanctuaires des refuges potentiels pour tout à chacun afin de se protéger d’éventuelles menaces ou de se cacher. Son principe remonte à saint Augustin. “L’asile dans les Églises chrétiennes sans exception est une pratique très ancienne. Avant même toute loi, leur espace est jugé sacré et inviolable”, souligne Jean-François Petit, un Augustin de l’Assomption sur le site de sa Province. Son principe se fonde sur la charité chrétienne : “Augustin rappelle le principe d’asile : il doit être offert à tous, justes et injustes, bons et méchants, innocents et coupables. (…) Tous ceux qui croient en la protection de Dieu doivent pouvoir trouver refuge dans les églises.” Ce droit d’asile ne figure pas dans le code de droit canon, c’est à dire celui des lois et règlements de l’Église.
Le droit d’asile révolu ?
L’avocat Henri de Beauregard nous indique que cet usage est aujourd’hui révolu dans l’Église. Dans l’histoire, des abus concernant le droit d’asile ont souvent été relevés. En effet, si l’asile peut être considéré comme une œuvre charitable, il peut ne pas être conciliable avec l’absolu respect des sanctuaires qui accueillent les réfugiés. Les torts reprochés à ceux qui demandent l’asile ou leur comportement dans l’enceinte qui les accueille suffisent à le rendre discutable : “Entre désir de charité et souci de la justice, l’Église, à la suite d’Augustin, oscillera toujours”, souligne Jean-François Petit.
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Des exemples récents mettent en exergue la difficulté d’apprécier le droit d’asile. Comme en témoigne l’affaire Paul Touvier, condamné en 1994 pour complicité de crimes contre l’humanité. Lors de sa cavale, il a bénéficié de la bienveillance de plusieurs communautés religieuses. De la même façon, les occupations de lieux de culte transformés en “théâtres médiatiques” obligent parfois les diocèses à demander le respect du caractère religieux des édifices.
Aujourd’hui, la question qui pourrait être soulevée, pour une communauté qui hébergerait un criminel, d’après Maître Henri de Beauregard est celle du recel de malfaiteur, c’est à dire de cacher volontairement une personne coupable. Toutefois, comme le précise l’avocat, la vocation des religieux est aussi d’accueillir simplement sans demander une vérification d’identité.