Quand un arbitre commet une faute délibérée sur l’acteur d’un match qu’il est censé arbitrer. Alors que l’on jouait les arrêts de jeu d’une rencontre opposant le FC Nantes au PSG, Tony Chapron a délibérément fait un croche-patte au défenseur du FC Nantes, Diego Carlos, qui l’avait bousculé accidentellement en tentant de revenir défendre son camp sur une action dangereuse. L’histoire se serait arrêtée là s’il n’avait pas expulsé le joueur en question par la suite.
Quand l'arbitre Tony Chapron dérape en plein match pic.twitter.com/sVIBAQDIcl
— GQ France (@GQ_France) January 15, 2018
La sanction a enflammé les réseaux sociaux, obligeant ce lundi la Fédération française de football (FFF) à mettre à l’écart l’arbitre international “jusqu’à nouvel ordre” tant son comportement peut paraître incompréhensible. Sans accabler le pauvre homme et sans avoir sonder le fond de son cœur, on est tenté de voir dans sa réaction quelques-uns de nos travers quotidiens.
Aurait-il péché par orgueil ?
Profitons de l’orgueil, péché par excellence dont découlent quantité d’autres, pour dresser un rapide portrait de l’homme. Après 22 ans d’arbitrage au plus haut niveau, considéré comme l’un des meilleurs arbitres français, Tony Chapron jouit d’une renommée internationale dans le milieu du ballon rond. A-t-il abusé de ce statut ? L’idée d’être bousculé par un jeune joueur de 24 ans lui a-t-il été insupportable ? L’orgueil, ce “refus fondamental de reconnaître ses limites et en particulier de reconnaître ce que l’on doit à Dieu et aux autres” n’est pas sans conséquence. Si l’on suit le catéchisme de l’Église catholique, il entraîne l’homme dans la colère et l’intempérance. Deux fautes que Tony Chapron a sans doute oublié de siffler. Et contre lesquelles chacun de nous doit batailler ferme chaque jour pour ne pas sombrer.
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A-t-il agit sous la colère ?
Sur les images de télévision, le regard de Tony Chapron adressé aux joueurs nantais est frappant. Il est noir, fixe. Il en ressort une impression de dureté. L’échange entre lui et les joueurs paraît glacial. Pourquoi tant de colère dans son geste ? La colère est un mouvement déréglé de l’âme qui nous fait repousser avec violence ce qui nous déplaît. À sa décharge, être bousculé jusqu’à tomber à terre n’est jamais agréable. Mais, s’il existe bien une indignation juste et raisonnable, celle de Tony Chapron semble être une colère excitée par le zèle. La passion l’aura sûrement conduit à la déraison. C’est à partir de ce moment là que le péché devient inévitable. Mais qui ne se reconnaît pas dans cet enchaînement ?
A-t-il menti ?
Quelques secondes après l’expulsion du défenseur nantais, la colère est vive chez les jaunes et verts. Au micro de Canal+, le capitaine, Valentin Rongier, affirme que l’arbitre se serait justifié d’une manière peu crédible. “Il a menti, il a osé dire qu’il avait glissé”, s’est indigné le meneur de jeu du FCN. Une excuse qui n’en était pas une justement et qui n’a pas convaincu les internautes et les supporters du club. Au contraire, les images laissent apparaître un geste impulsif et volontaire. Un mensonge serait-il sorti de la bouche de l’homme censé être un exemple sur le rectangle vert ? Le Christ parle lui-même à plusieurs reprises de ce sujet : « La vérité vous rendra libre » (Jn 8, 32). Lorsqu’une personne choisit de mentir, elle adopte une attitude de supériorité vis-à-vis de son interlocuteur. Il s’agit d’une atteinte à la dignité humaine et à la fraternité. Interrogeons-nous, nous aussi, sur notre capacité a nous enfoncer dans ce péché.
A-t-il voulu se faire justice lui-même ?
Soyons sérieux, l’arbitre du match n’était pas en danger. On ne parlera donc pas de légitime défense ou d’une réaction dictée par la peur. Dans ce cas, rendre la justice est parfaitement autorisée par l’Église, à condition de rester proportionnel. Même si le public du stade de La Beaujoire est réputé pour être passionné et fervent, Tony Chapron n’évolue pas dans les stades “coupe-gorge” de Turquie. Si bien entendu il peut y avoir quelques rares exceptions, le catéchisme interdit quiconque de faire justice soi-même. On ne peut être à la fois juge et partie si l’on veut un procès équitable. C’est la base de toute société et de l’état de droit dans lequel nous vivons. Alors qu’aurait pu faire l’arbitre, représentant de l’ordre et de l’autorité sur un terrain ? Ne pas réagir de manière instinctive et consulter ses assistants qui auraient pu voir l’action. Faire justice soi-même condamne les hommes à rester dans le cycle infernal de la vengeance, délétère pour toute société. Cette tentation est aussi valable pour nous.
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Était-il jaloux ?
Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’internautes se sont amusés des qualités de tacleur qu’a peut-être voulu démontrer Tony Chapron. Lui qui doit prendre sa retraite à l’issue de la saison 2017-2018 aurait-il envie de se reconvertir en défenseur central ? Serait-il jaloux de Thiago Silva et Marquinhos, deux stars du PSG ? Cette justification, si légère soit-elle, permet de souligner que la jalousie est l’un des plus vieux péché du monde. Il est le fait que “nous sommes toujours le Caïn d’un Abel qui est notre frère”, disait le frère Daniel Bourgeois. À travers ce sentiment détestable, appelé aussi l’envie, nous nous mettons dans une situation de rivalité et de jalousie, alors que c’est précisément l’amour seul qui pourrait résoudre ce conflit qui, normalement, nous mène toujours à la mort.
Penser à la confession
Un conseil que l’on peut donner à Tony Chapron c’est de trouver l’église la plus proche, peut-être la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul à Nantes, ou à Notre-Dame à Grenoble, ville dont il reste profondément attaché. Au fond de l’édifice, il trouvera un confessionnal prêt à l’accueillir. Après avoir invoqué la sainte Vierge Marie, l’archange saint Michel et tous les saints il pourra s’accuser des cinq péchés précités et recevoir l’absolution de la part de l’abbé. Et si vous, ami lecteur, vous reconnaissez dans l’un ou l’autre de ces torts, faites de même ! En plus de la pénitence que le confesseur ordonnera, invoquer l’Esprit saint apporte les dons de sagesse et de conseil, ainsi que les vertus cardinales reçues lors du sacrement de confirmation, dont font parti la justice et la tempérance.
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