“Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu’il aime. Et dans sa parole il a caché tous les trésors, pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu’il médite”, a écrit avec justesse et délicatesse saint Grégoire de Nysse, théologien mystique et père de l’Église décédé en 394. Ses propos font directement référence à la méditation de la Parole de Dieu. Cette méditation a un nom : la lectio divina.
Pour le père Christophe de Dreuille, supérieur du séminaire d’Aix-en-Provence, professeur d’Écriture sainte et auteur d’un ouvrage intitulé Nourris-toi de la Parole : une invitation à la lectio divina quotidienne, il s’agit avant tout d’une pédagogie. “Nous croyons que la Bible contient la parole de Dieu révélée. Mais elle n’est pas réduite à un texte. Elle part du texte biblique mais cette parole doit reprendre vie et elle le fait dans le quotidien de la prière”.
La lectio divina, un nouveau printemps spirituel ?
“La lectio divina est souvent considérée comme une pratique nouvelle issue du monachisme. Mais c’est faux : c’est une pédagogie qui a été au cœur de la vie chrétienne pendant les premiers siècles de l’Église. Elle s’est peu à peu retirée dans les couvents et les monastères car les gens ne savaient plus lire”, souligne le père Christophe de Dreuille. “Elle a ressurgit au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Deux papes ont joué un rôle majeur afin de la faire sortir des cloitres : le pape Jean Paul II et Benoît XVI“. “Cette pratique, si elle est promue de façon efficace, apportera à l’Église, j’en suis convaincu, un nouveau printemps spirituel”, avait ainsi déclaré Benoît XVI en 2005.
Mais de quoi s’agit-il concrètement ? Cette pédagogie se découpe en quatre étapes : la lectio, la meditatio, l’oratio et la contemplatio. La lectio consiste à lire et relire un passage de l’Écriture sainte en en recueillant les principaux éléments. “Cette étape permet d’accueillir la parole de Dieu en rendant l’homme plus attentif à ce que ce texte vient susciter en lui comme impression, comme point d’étonnement. Dans cette première étape, la personne qui prie est dans l’écoute de la parole, non dans la prise de parole. C’est une écoute gratuite, cordiale, qui permet de goûter ce que l’on reçoit…”, détaille le prêtre du diocèse d’Aix et Arles.
“La méditation déploie ce que la lecture a donné comme nourriture”
Vient ensuite la meditatio, qui est “comme un temps d’arrêt intérieur, où l’âme se tourne vers Dieu en cherchant à comprendre ce que sa parole dit aujourd’hui pour la vie concrète ». Deux questions peuvent nous aider à vivre cette étape de la prière : qu’est-ce que cette parole me dit de celui qui nous parle ? Qu’est-ce que cette parole me dit pour moi aujourd’hui ? « Cette méditation déploie ce que la lecture nous a donné comme nourriture”, insiste le père Christophe de Dreuille. Attention, prévient le prêtre, “l’idée n’est pas de faire de la lecture de la parole de Dieu un simple exercice intellectuel. Celui qui nous parle à quelque chose à nous dire. C’est un pas de plus dans la rencontre, Il nous enseigne”.
L’étape suivante, appelée oratio, permet de s’entretenir avec Dieu dans un dialogue direct. “C’est le moment de traduire cette écoute en une prière de réponse. Le Seigneur a parlé et souhaite qu’on puisse répondre. On entre ici dans un dialogue. Après avoir écouté, à chacun de répondre : cela peut prendre la forme d’un acte de foi, d’une prière de supplication pour ses fautes, d’une demande de pardon, d’une prière d’intercession ou encore d’une prière de louange et d’action de grâce”.
La contemplatio, un temps d’adoration
Enfin, la dernière étape, appelée contemplatio, est l’accomplissement de cette rencontre. “À ce moment-là, je peux vivre en sa présence. Cette contemplation se vit dans un silence riche de la parole échangée. C’est un temps d’adoration, par exemple”, développe le prêtre.
À qui s’adresse ce type de prière ?“Tout chrétien est invité à prier de cette manière-là”, précise le père de Dreuille. “Il n’y a pas de crainte à avoir de ne pas comprendre, ce qui est important est de recevoir et de progresser dans la compréhension”. “Et elle peut bien évidemment faire office de temps de prière personnelle quotidien !”, souligne encore le prêtre tout en rappelant qu’elle nécessite au moins 20 minutes par jour, soit cinq minutes par étape. Son but : unifier et de déployer la vie spirituelle de chacun.