Le terme « métanie » vient du grec metanoia qui signifie retournement, conversion. La pratique des métanies remonte à la tradition primitive et orientale des Pères du désert.
Un geste pénitentiel
Les apophtegmes des Pères du désert montrent fréquemment des moines, repris par leur abba (père spirituel), faire devant ce dernier une métanie pour reconnaître leur faute et demander pardon. Ce geste a été repris par les liturgies orientales puis les mouvements monastiques. Il désigne d’abord un geste pénitentiel, accompagnant la prière, et existe sous deux formes : les petites métanies où l’on s’incline en touchant le sol de la main droite, et les grandes métanies où l’on se prosterne complètement en touchant le sol du front. L’une et l’autre sont suivies d’un signe de croix.
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Un geste d’humilité
La métanie est également un geste d’humilité : nous mettant physiquement en contact avec la terre, à partir de laquelle nous avons été créés (Genèse 2,7), elle nous rappelle notre condition de créature et notre fragilité. « La poussière, que tu as ramassée au sol du bout des doigts, symbolise la poussière de la mort, rappel de notre condition mortelle », explique Bernard Dubois, auteur du livre La prière est un jeu d’enfant (Éditions des Béatitudes). Geste qui n’est pas sans rappeler la liturgie occidentale de l’imposition des Cendres au début du Carême : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière. »
Le signe de notre résurrection dans le Christ
Le fait de se redresser complètement et de tracer sur soi un ample signe de croix signifie que nous sommes relevés, tirés de notre péché et de notre condition mortelle par la Croix du Christ. La métanie exprime par-là la mort et la résurrection que nous sommes appelés à vivre à la suite du Christ. Le mouvement de descente renvoie à la mort et au péché. Il rappelle la kénose, la descente abyssale du Verbe qui « s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ». (Philippiens, 2,8). Le mouvement de remontée est signe de la Résurrection par le Souffle de l’Esprit de Pentecôte.
Faire participer le corps à la prière
En engageant tout le corps, les métanies lui redonne sa place au sein même de notre vie spirituelle. Les Fraternités de Jérusalem ont repris ce geste dans leur liturgie parce qu’il leur semble important, dans notre culture contemporaine, de faire participer le corps, « Temple de l’Esprit », à la prière. Elles rejoignent en cela l’enseignement du père Alexandre Schmemann, prêtre et théologien russe orthodoxe du XXe siècle : « L’homme tout entier, dans sa chute, s’est détourné de Dieu, l’homme tout entier devra être restauré ; c’est tout l’homme qui doit revenir à Dieu. (…) Pour cette raison, tout l’homme – corps et âme – se repent. Le corps participe à la prière de l’âme, de même que l’âme prie par et dans le corps. Les prosternements, signes psychosomatiques du repentir et de l’humilité, de l’adoration et de l’obéissance, sont donc le rite quadragésimal par excellence » (Le Grand Carême).
La symbolique du souffle
« Le souffle qui t’habite est celui que Dieu a insufflé en Adam : il est le signe que tu es vivant », rappelle Bernard Dubois. Dans les métanies, le sens du souffle est important. D’abord, il donne un sens à la prière : sur l’inspire, on prie : « Seigneur Jésus, Fils de Dieu », puis, sur l’expire, « Prends pitié de moi, pécheur ». L’auteur explique que l’expire représente un lâcher-prise, de ce qui est vicié (le péché, le mal, la mort). L’inspire, au contraire, représente ce qui est pur (l’amour, la vie, le nom de Jésus), tout ce qui est beau, bon, bien, vrai et ce qui est de Dieu (la paix, la joie…).
Cette pratique demande un peu d’entraînement mais pourra se révéler être une aide efficace dans vos futures rencontres avec le Seigneur.
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