Aleteia : Le match France-Belgique est attendu… Diriez-vous qu’il existe une dimension particulière à cette demi-finale de final ?
François Morinière : Beaucoup de joueurs des deux équipes ont évolué dans les mêmes clubs. Il y a une connivence qui se crée, ne serait-ce que par la langue ! Plus globalement je dirais qu’il y a une vraie cordialité entre les joueurs des deux équipes et une grande affection pour ce pays. Je pense qu’il n’y a pas vraiment de rivalité mais plutôt une envie de battre son voisin. Tout cela rend d’ailleurs le match croustillant et sympathique !
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Depuis les matchs à élimination direct, on sent un réel engouement des Français pour leur équipe avec le développement d’un fort sentiment d’appropriation. Comment l’expliquez-vous ?
Tout d’abord le football est un sport assez facile à comprendre ; il touche un large public et les matchs sont diffusés sur des chaines nationales gratuites ce qui facilite le suivi. Ensuite l’équipe de France est assez sympathique avec des joueurs aux profils variés : chacun peut trouver un ou deux joueurs auxquels il s’identifie. Enfin, ce sentiment d’appropriation est un sentiment régulier qui se présente à chaque grande compétition sportive. Cet enthousiasme que suscite l’équipe de France est aussi lié au résultat : elle est dans le dernier carré et a réalisé deux beaux matchs en huitième et quart de finale. Le supporter français n’est pas un supporter inconditionnel de son équipe comme le sont par exemple les Colombiens, les Anglais ou les Espagnols… qui ont tous été derrière leur équipe dès le début de la compétition. À ce stade de la compétition on sent que la France n’est pas loin de la victoire sportive, c’est un sujet qui fait donc facilement l’unanimité.
La personnalité et les choix de Didier Deschamps ont été beaucoup discutés avant le début du Mondial. Que pensez-vous de lui ?
Didier Deschamps n’est pas forcément très démonstratif. Sur le terrain, c’est un stratège, il est travailleur et très impliqué. Il va d’abord faire son job avant de communiquer dessus et ne cherche pas à communiquer pour communiquer. Il n’est absolument pas dans la paraître. Je pense qu’il a apporté à l’équipe de France de la rigueur, du rationnel et de la cohérence. Il a montré qu’il est tout autant capable de se remettre en cause que d’assumer ses décisions, je pense notamment à son choix de faire jouer Benjamin Pavard et Lucas Hernandez, deux arrières latéraux qui n’étaient jusqu’alors que remplaçants. Il les a mis en confiance, les a fait monter en puissance… et le résultat est là : ils apportent une belle solidité défensive aux Bleus. Après le premier match de l’équipe de France qui a été laborieux – comme souvent dans ce type de compétition – Didier Deschamps n’a pas cherché de responsabilités particulières au sein de l’équipe, il s’est montré responsable. Enfin je dirais que Didier Deschamps est un homme qui a du fond et qui n’est pas là par hasard. Cela fait maintenant six ans qu’il construit son équipe. Elle a progressé ce qui montre la régularité qu’il a su mettre en œuvre.
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Diriez-vous qu’il existe une dimension spirituelle à ce genre d’événement ?
Que l’on soit chrétien ou non je pense que le sport dans son ensemble témoigne d’une grande fraternité et ce type d’événement sportif, par son fort éclairage médiatique, touche la société dans son ensemble. C’est plus enthousiasmant de voir des joueurs se donner à fond sur le terrain et se serrer la main à la fin d’un match, quelle qu’en soit l’issue, que de regarder un énième fait divers de voitures incendiées ou de trafic de drogues. En tant que chrétien je pense qu’on ne peut pas ne pas y voir l’œuvre de Dieu : cet événement est capable de créer des liens cordiaux entre les pays et de mobiliser les gens sur quelque chose de positif. D’une certaine manière cet événement sportif contribue à la construction du Royaume de Dieu.
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