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“La prison m’a libéré de ma vie d’avant”

PIERRE MARC BAUDRAIS-CARTOT

Kamil Szumotalski/ALETEIA

Marzena Devoud - publié le 09/09/18

Âgé de 24 ans, Pierre-Marc a découvert Dieu en prison. "La prison a été pour moi une profonde libération de mon ancienne vie. Elle m’a donné un espace pour Dieu", confie à Aleteia le jeune homme qui a été définitivement libéré en mars 2018. « Aujourd'hui, je fais attention à chaque détail de ma vie, je profite du moment présent, je suis heureux de pouvoir me promener dans la forêt. Je suis enfin un homme libre. Libre intérieurement ». Témoignage.

Quand Pierre-Marc est sorti de prison, sa mère ne l’a pas reconnu. “Avant, dès que mon fils se réveillait le matin, il cherchait la bagarre. Il était très agressif. Depuis sa sortie de prison, chaque matin, il ouvre d’abord la Bible et il prie”, se réjouit-elle. Pierre-Marc Baudrais-Cortot, 24 ans, n’a pas eu une vie facile. Pourtant, comme il le confie à Aleteia, sa famille était tout ce qu’il y a de plus normal. La rupture survient quand, à l’âge de 12 ans, il perd son père. Pierre Marc n’arrive pas à se remettre de sa mort trop brusque. Il souffre à tel point qu’à l’âge de 14 ans il décide de laisser tomber l’école et de travailler. Il voulait se noyer dans des tâches plus physiques pour ne pas sentir le manque terrible qu’il ne supportait plus.

Dans la journée, Pierre-Marc travaille donc comme plombier et le soir il suit des cours à l’université. Il croise un jour un groupe de jeunes skinheads. Fasciné par leur philosophie de vie, il décide de les rejoindre et intègre des groupuscules racistes très actifs. À leur contact, le jeune adolescent tombe vite dans la dépendance à l’alcool.


MATT TALBOT

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Prison pour retrouver son coeur

Un jour, Pierre-Marc prend la défense d’une amie contre son petit ami. La dispute s’enflamme et tourne mal : il est accusé de tentative de meurtre. En avril 2016, Il se retrouve en prison à Châlons-en-Champagne. Après onze mois en détention préventive, il écope d’un an de prison ferme, qui sera suivie d’une année en résidence surveillée.

PIERRE MARC BAUDRAIS-CARTOT
Kamil Szumotalski/ALETEIA

Au bout d’un mois de détention, Pierre-Marc tombe dans le désespoir. Il sent qu’il a besoin d’aide. Étonnamment, il refuse de rencontrer le psychologue du centre pénitencier et, sans savoir vraiment pourquoi, il demande à voir l’aumônier de la prison. Encore aujourd’hui il confie se demander s’il n’a pas eu l’intuition que son problème se trouvait dans son coeur, et non dans sa tête.

“Dieu ne me répond pas”

“Bonjour mon père, je suis en prison depuis quelques semaines. Je suis baptisé, je prie, mais Dieu ne me répond pas…”. C’est avec ces mots que Pierre-Marc commence sa lettre au père Grzegorz Herman, qui travaille depuis plusieurs années en France comme aumônier de prison à Châlons-en-Champagne. “Quand j’ai ouvert la porte de sa cellule, confie celui-ci  j’ai vu une tête rasée, et le dos plein de tatouages. Il dormait. Alors, je lui ai juste proposé la date de notre premier rendez-vous à l’aumônerie catholique de la prison”.

Pierre-Marc est à l’heure au rendez-vous. C’est alors le début d’un long cheminement spirituel vers l’expérience de la liberté intérieure, malgré l’emprisonnement. Une liberté que Dieu lui a donnée. À partir de ce moment là, une fois par semaine, Pierre-Marc et le père Grzegorz se voient pour parler de la foi, de Dieu et de la vie. “Il était comme une éponge. Il absorbait tout. Il voulait tout savoir. Il voulait participer à la messe. Il me parlait de sa vie et moi, je lui parlais de Jésus.”




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Emprisonné mais libre

Chaque jour, le jeune homme sent que des changements profonds s’opèrent en lui. Peu à peu, il est bouleversé par l’amour du Christ qui se répand en lui. Il demande au père Grzegorz de lui donner des cours de catéchèse. Dans sa cellule de 9 mètres carrés, Pierre-Marc goûte pour la première fois de sa vie à la liberté. Il remercie même Dieu d’être… en prison !

PIERRE MARC BAUDRAIS-CARTOT
Kamil Szumotalski/ALETEIA

“Jésus m’a rendu libre. J’ai compris qu’il était toujours avec moi, seulement je ne l’avais pas vu”, confie-t-il. “La prison a été pour moi une profonde libération de mon ancienne vie. Elle m’a donné un espace pour Dieu. C’est en prison que Dieu m’a permis de changer intérieurement, d’ouvrir les yeux sur ma vie d’avant. Paradoxalement, la liberté a toujours été très importante pour moi. J’en avais même tatoué le mot sur mon dos, bien avant ma conversion. Cependant, ce n’est qu’en prison que j’ai compris sa vraie signification”.

En liberté vers les sacrements

Sorti de prison, mais encore sous surveillance, Pierre-Marc demande au père Grzegorz de le préparer à la première communion et la confirmation. “Dans mon enfance, je n’avais pas reçu d’autre sacrement que celui du baptême. Je ressentais le désir profond d’aller plus loin. Je voulais lire la Bible, apprendre à me connaître et à connaître Dieu. J’avais soif de prier”.




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“Dieu ne m’a pas libéré physiquement mais mentalement et spirituellement. Je peux en parler aujourd’hui avec courage car j’ai expérimenté la puissance de la foi dans le Christ. Il y a trois ans, il aurait été impensable pour moi d’imaginer qu’un jour, je témoignerai de ma foi”.

Pierre-Marc a été définitivement libéré en mars 2018 et il travaille aujourd’hui dans une usine en Indre et Loire. Il sent que sa foi est vivante et grandit chaque jour. “Dieu me façonne tout le temps. Je l’aime, je vis avec Lui, comme avec un ami très proche. Je me sens heureux, je souris beaucoup plus à la vie. Dans les moments difficiles je sais que je peux compter sur Lui pour répondre à mes questions”, explique-t-il. Même en prison, Dieu peut changer le coeur d’un homme.

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Jeûneprison
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