Point de contact entre le ciel et la terre, la montagne occupe une place privilégiée dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament : Moïse recevant les tables de la Loi au Mont Sinaï, l’arche de Noé accostant le mont Ararat, la transfiguration du Christ au Mont Thabor, le sermon sur la montagne ou encore la crucifixion sur le mont Golgotha. C’est aussi sur un point culminant, le pinacle, issu du latin « pinaculum », soit le sommet du Temple de Jérusalem et symboliquement point où l’homme est le plus proche de Dieu, que Satan entraîne Jésus pour le soumettre à la tentation.
Brièvement mentionné dans l’Évangile de saint Marc (Mc 1, 12-13), le récit des tentations de Jésus dans le désert est plus développé dans ceux de saint Matthieu et saint Luc. Ainsi, ce dernier nous raconte qu’après avoir été baptisé par Jean-Baptiste, Jésus est conduit dans le désert par l’Esprit saint, où il est mis à l’épreuve par Satan. La première tentation est celle de la faim : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » lui propose perfidement le diable (Lc 4, 3). Il montre ensuite à Jésus tous les royaumes de la terre et cherche à le tenter par le pouvoir et la richesse : « Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » (Lc 4, 17).
Enfin, après l’avoir porté au pinacle, Satan propose à Jésus d’accomplir un miracle spectaculaire : se jeter des hauts murs du Temple et être sauvé par les anges, afin que tous croient en Lui. “Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : ”Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas”.” (Lc 4, 9)
« Un enseignement fondamental »
Mais Jésus repousse les tentatives de Satan et résiste à l’attrait des solutions faciles, du pouvoir, de la richesse et de la gloire, opposant à chacune les Saintes Écritures. N’est-il pas le Verbe incarné ? Ce récit des tentations, c’est aussi le récit de la victoire de Jésus contre le diable grâce aux armes de la foi, l’écoute, l’amour et la confiance totale en Dieu.
“Ceci est un enseignement fondamental pour nous, rappelait Benoît XVI en 2010. Si nous conservons la Parole de Dieu dans notre intelligence et dans notre cœur, si elle entre dans notre vie, si nous avons confiance en Dieu, nous pouvons repousser toute sorte de tromperie du Tentateur.”
Le mot pinacle a conservé l’idée d’élévation, de quelque chose qui surplombe. Suivant les époques, il a désigné l’endroit le plus haut d’un édifice, le couronnement d’une tour ou encore le sommet d’une montagne. Il a aussi généré plusieurs expressions, toujours avec cette image de hauteur, comme monter au pinacle pour accéder à une situation élevée, être au pinacle pour symboliser l’apogée d’une carrière, et porter au pinacle, pour couvrir une personne d’éloges, un peu comme si on la portait au faîte, au point le plus haut et le plus inaccessible qui soit.