En 1918, blessés, mutilés et gueules cassées de la Grande Guerre affluent à l’hôpital des Invalides à Paris. Au début de la guerre, cette institution fondée par Louis XIV en 1670 pour loger les officiers et les soldats « tant estropiés que vieux et caduques » n’accueillait plus qu’une quarantaine de pensionnaires. Face à la détresse de ces jeunes au destin brisé, la fille du Gouverneur général des Invalides s’émeut. Charlotte Malleterre est mère de famille, son mari a été grièvement blessé au début de la guerre. D’un tempérament énergique, elle a déjà participé à la création de l’Association des Mutilés en 1915. Elle décide, avec l’infirmière major Suzanne Leenhardt, de distraire les soldats hospitalisés en leur faisant fabriquer des fleurs en tissu. Il leur suffira de les vendre pour gagner un peu d’argent. Le Bleuet de France est né.
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En 1928, le président de la République, Gaston Doumergue accorde son haut patronage à l’initiative : « La nation veut témoigner sa reconnaissance et venir en aide à ces hommes qui ont sacrifié leur jeunesse à défendre la France. » Mais le dévouement de Charlotte Malleterre ne s’arrête pas là. « La Générale », comme on l’appelle, son mari a été promu général pour sa conduite courageuse à la tête de son régiment, remue ciel et terre pour les anciens combattants, les mutilés de guerre et les veuves de militaires de carrière. Elle confie : « Je veux arriver au maximum pour mes veuves, j’ai déjà obtenu pas mal mais je suis gourmande et je veux le tout ». En hommage à son dévouement, elle recevra la Légion d’honneur des mains de son propre fils en 1934.
Une fleur bleue comme l’espoir
Pourquoi avoir choisi cette fleur ? Parce qu’elle est bleue comme le bleu du drapeau tricolore mais aussi parce que c’est la seule fleur sauvage qui repoussait sur les champs de bataille de la Grande Guerre. Aujourd’hui, la mission du Bleuet de France continue.
Elle s’est étendue aux pupilles de la nation, aux soldats en opérations extérieures, au maintien à domicile des anciens combattants dépendants et à l’amélioration des maisons de retraite labellisées « Bleuet de France ». Pour récolter des fonds, les petits bleuets de l’espoir sont vendus sur la voie publique deux fois par an, le 8 mai et le 11 novembre. Mais il est aussi possible de les acheter en ligne.
À l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918, l’emblème de la solidarité de la nation pour les victimes de guerre s’est offert un relookage. Preuve que si les années passent, la reconnaissance du pays envers ses soldats demeure toujours vive.
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