Dans une récente interview, le philosophe Bertrand Vergely s’est interrogé sur les droits des personnes handicapées mentales. Bertrand Vergely est théologien orthodoxe. Normalien, agrégé de philosophie, professeur de khâgne, il enseigne également à Sciences Po Paris. Il a écrit de nombreux et précieux livres, dont le Traité de résistance pour le monde qui vient (Le Passeur) ou le dernier Obscures lumières, aux éditions du Cerf.
Bertrand Vergely réagit aux annonces du gouvernement qui envisage, nous dit le secrétaire d’État Sophie Cluzel, de donner la possibilité de voter aux 300.000 personnes handicapées actuellement sous tutelle. Sophie Cluzel annonce également la modification de l’accès au mariage, au PaCS et au divorce pour les personnes handicapées mentales sous tutelle. Actuellement, l’accord du juge des tutelles est nécessaire.
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Sérieuses contradictions
Bertrand Vergely pointe les contradictions de ces nouveaux “droits”. Tout d’abord, on ne peut pas être incapable de s’occuper de ses propres intérêts et prétendre s’occuper des intérêts de la France, dit-il. Tutelle et droit de vote sont difficilement conciliables.
S’agissant du mariage, la première difficulté est celle-ci : quand on souffre vraiment d’un handicap mental, on ne peut être apte au mariage, car il n’y a ni la liberté ni la réalité du consentement. D’autre part et en l’état de la législation, le mariage implique la possibilité du divorce. On voit mal comment les personnes handicapées mentales pourront gérer le conflit conjugal. Enfin, qui dit mariage dit fonder une famille, avoir des enfants. En cas de handicap mental profond, est-ce bien raisonnable ?
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L’argument central est toujours celui de l’égalité. Mais l’égalité, c’est l’égalité des droits à situation similaire ou identique… Il n’y a aucun doute sur l’égale dignité des personnes, mais sans que cela remette en cause celle-ci, il n’y a clairement pas égalité des capacités. Car la dignité ne se mesure pas en termes de capacités.
Gesticulation médiatique
Pour finir, Bertrand Vergely pointe un paradoxe. On parle dignité de la personne handicapée pour justifier ces possibles évolutions. Mais on se refuse à parler de la dignité de l’enfant quand il s’agit de son droit, de ses besoins à avoir un père et une mère, de sa souffrance à être privé de l’un ou de l’autre.
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On peut se demander si ce projet sur les droits des personnes handicapées mentales n’est pas avant tout une gesticulation médiatique, dans la suite du “mariage pour tous”. D’ailleurs, remarque le philosophe, n’espère-t-on pas “secrètement” que “cette loi va exister mais que personne ne va s’en servir” ?