« Aumônier militaire durant la Grande Guerre dont la vie croisa les chemins de l’héroïsme et de la sainteté », résume le diocèse aux Armées. Parce qu’il a exercé son ministère où la foi était combattue (lois anticongrégationistes…), le père Louis Lenoir a témoigné d’une foi combattante. Jusqu’à son dernier souffle, le 9 mai 1917, où il tombe au champ d’honneur fauché par la mitraille en allant secourir un camarade, il n’a eu de cesse de rappeler à ses ouailles « la grandeur de la foi et les invite à défier, par leur comportement, les horreurs de la guerre, à être grand quand tout semble écroulé, il les appelle à vivre ‘en haut’ », a écrit le père Benoit Jullien de Pommerol, recteur du Val de Grâce.
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Né le 14 février 1879 à Vendôme (Loir-et-Cher), Louis Lenoir a suivi de brillantes études au collège des jésuites de Tours. Mais à 18 ans il choisit de quitter l’année préparatoire à Polytechnique pour entrer au noviciat des jésuites à Laval. Sa formation se poursuit au Liban, en Belgique, en Angleterre, puis, à 32 ans, il est ordonné prêtre le 24 août 1911. Lorsque la guerre éclate, il est professeur à Marneffe, en Belgique, exilé par les lois anticongrégationistes de la République. Répondant à l’appel aux armes, il rentre en France pour s’engager comme aumônier militaire « afin de mettre Jésus-Christ dans la vie et l’âme de ceux qui allaient se battre ».
Au plus près des combattants sur tous les champs de bataille
Souhaitant être au plus près des combattants, il est affecté auprès de la 2e division d’infanterie coloniale. Durant plus de trente mois, il ne cessera d’accompagner sa division sur tous les champs de bataille : en Champagne, dans la Somme et à Salonique. Inlassablement, il n’hésite pas à monter en première ligne ni à multiplier les kilomètres pour venir en aide aux blessés et orienter les âmes de chacun vers « le Bon Dieu », comme il aimait l’appeler. Son message était d’autant mieux accepté par tous qu’il se montrait à la hauteur de ce qu’il exigeait. Un soldat aurait dit du père Louis Lenoir, pour le décrire à sa famille : « Notre aumônier a le diable au corps pour faire aimer le bon dieu ! ».
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En novembre 1916, le Père Lenoir rejoint le front d’Orient, puis en 1917, les coloniaux montent en ligne à l’est de Monastir et s’installent face aux positions bulgares, dominées par le Piton Jaune (1.055 mètres d’altitude). Le 9 mai 1917, alors qu’il s’en va porter secours à des blessés tombés près des lignes ennemis, l’abbé Lenoir prend le risque de se mettre à découvert et se fait faucher par la mitraille bulgare. Sur sa dépouille, deux lettres sont retrouvées. Dans la première, adressée à ses parents, il écrit : « si cette lettre vous parvient, c’est que notre Divin Maître vous aura fait un très grand honneur : après avoir donné à votre fils les grâces de la vocation religieuse et du sacerdoce, Il lui aura donné de mourir en servant à la fois Dieu et la France ». La deuxième lettre est adressée aux hommes de son régiment. « De tout mon cœur de Français, je leur demande de continuer à faire vaillamment leur devoir, à maintenir les traditions d’héroïsme du régiment, à lutter et à souffrir tant qu’il faudra, sans faiblir, pour la délivrance du pays, avec une foi inconfusible dans les destinées de la France », écrit-il.
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Mort pour au service de la France et de l’Eglise, l’abbé Lenoir a laissé derrière lui un Livre de prières du soldat catholique. « Vous êtes fiers d’être soldats, soldats de la France, soldats de tel régiment dont le drapeau évoque tant de gloire ; soyez plus fiers encore d’être catholiques, c’est-à-dire soldats de Jésus-Christ et de l’Eglise sous le drapeau de la Croix qui rallie tous les élus », y vaffirme-t-il. « Soyez fiers d’aller à l’Église, de prier Dieu, de vous approcher de Lui dans la communion ».
Pour en savoir plus :
Les Aumôniers militaires, par Grégoire Mabille, Yvon Bertorello (textes) et Alban Guillemois (illustrations), éditions Mame, octobre 2018.