Sophie-Charlotte de Wittelsbach, duchesse en Bavière puis, par son mariage, duchesse d’Alençon, est la plus jeune sœur d’Élisabeth, impératrice d’Autriche, dite Sissi. Elle épouse en 1868 un prince français, Ferdinand, duc d’Alençon, fils du Duc de Nemours et petit-fils de Louis-Philippe, dépeint comme un jeune homme sérieux et très pieux, qui lui vouera toute sa vie un amour indéfectible. Le couple connaît l’exil, d’abord en Angleterre, puis en Italie, en raison de la loi qui s’applique à l’héritier des rois de France. Après la chute du Second Empire, Sophie-Charlotte et Ferdinand rentrent en France en 1873, avec l’espoir d’une restauration monarchique. Le couple a alors deux enfants, Louise et Emmanuel.
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La vie mondaine parisienne ne plaît pas à Sophie-Charlotte. En 1880, sous la direction du père Raynal et après une expérience spirituelle auprès de Marie-Madeleine à la Sainte-Baume, la duchesse rentre dans le tiers-ordre dominicain, tandis que son mari s’engage dans le tiers-ordre franciscain. Elle s’occupe avec bienveillance des plus démunis, et d’œuvres charitables. Comme si elle pressentait sa mort prochaine, elle rédige un testament le 4 octobre 1896 : « Je voudrais être placée tout à côté de mon mari, l’ange-gardien de ma vie. Je demande qu’on me fasse les obsèques les plus simples, sans musique ; je désire beaucoup que la messe soit dite par un père dominicain ».
Les derniers instants
À 50 ans, Sophie-Charlotte affronte la mort de manière chrétienne et héroïque dans l’incendie du Bazar de la Charité, qui a fait environ 120 victimes le 4 mai 1897. Le Bazar était une ancienne écurie où se regroupaient différentes œuvres de bienfaisance, avec de nombreux comptoirs mis à leur disposition moyennant une faible participation. « Cette année-là », raconte Geneviève Delaboudinière dans son livre Femmes de France, Femmes de feu, « il avait été construit un décor de carton-pâte, de velours, de vélum goudronné pour la toiture afin de reconstituer une rue de Paris. »
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Sophie-Charlotte se tient derrière le comptoir des noviciats dominicains, reçoit la visite du Nonce. Son mari est également présent. La vente est un succès. Près de 1.500 personnes se pressent dans ce hall long et étroit, animé par des orchestres. Tout à coup, c’est le drame. Une allumette met le feu à la bouteille d’éther du cinématographe. On crie : « Au feu ! ». Quinze minutes plus tard, tout a brûlé. Le mari de Sophie-Charlotte tente de rejoindre sa femme, mais les flammes se dressent entre eux. Les derniers instants de la duchesse, rapportés notamment par une religieuse rescapée, montrent sa grandeur d’âme et son abnégation. Elle se préoccupe d’abord d’organiser la sortie des plus jeunes, des clientes et de ses vendeuses par une petite porte derrière le comptoir. On l’entend dire : « Les jeunes d’abord, puis les visiteuses ». Puis elle ajoute : « Partez ! Ne vous occupez pas de moi, je partirai la dernière ». Lorsque la duchesse songe enfin à partir, elle se dirige vers la porte principale, car c’est là qu’elle a aperçu son mari pour la dernière fois. Mais le chemin est impraticable, ainsi que la petite porte derrière le comptoir. Elle se tient debout et prie. Et répond à ceux qui paniquent : « Dans quelques minutes, pensez que nous verrons Dieu, que nous serons au Ciel ».
Après une cérémonie en l’église saint Philippe-du-Roule, elle est inhumée le 14 mai 1897 dans la chapelle royale Saint-Louis de Dreux. Sophie-Charlotte partage ainsi le destin tragique d’un grand nombre de ses proches, frappés par des drames successifs, qui feront dire à Sissi de manière cruellement prémonitoire : « Nous mourrons tous de mort violente », lorsqu’elle apprend la disparition de la duchesse. Sissi sera assassinée à Genève l’année suivante.