Même les neurosciences le disent : pratiquer la gratitude quotidiennement serait un gage de bonne santé physique et relationnelle. Puissante, bienfaisante et transformante, elle favorise le sommeil, diminue le stress, a des effets bénéfiques sur le cœur, l’humeur, le diabète, le vieillissement, réduit l’anxiété et augmente même la durée de vie. Bref, ses effets sont spectaculaires ! Alors, à bas les masques anti-stress et les crèmes antirides et vive la gratitude ? Au-delà de ces résultats bons pour la santé physique, intellectuelle et émotionnelle, pourquoi ne pas aller plus loin, en faire une formidable arme spirituelle et développer des personnalités habitées par la gratitude ? C’est que propose le « parcours gratitude » mis en place en 2018 dans la paroisse Saint-Joseph du Pont-du-Las (Var) pendant le Carême par le père Lionel Dalle, aujourd’hui vicaire général du diocèse de Toulon.
Un sujet qui rejoint chacun
« Je cherchais un sujet qui puisse être à la fois anthropologique, évangélisateur, et qui rejoigne les gens », confie l’ancien curé de paroisse à Aleteia. S’appuyant sur le livre de Pascal Ide intitulé Puissance de la gratitude, il a donc monté un parcours sur ce thème afin de proposer à ses paroissiens une expérience de transformation intérieure. « L’objectif est de faire de la gratitude une vertu afin qu’elle devienne permanente dans toute la vie », poursuit-il. Alors que parfois, on est dans une fausse humilité, dans la mésestime de soi-même, cet itinéraire en cinq étapes propose de prendre conscience de la puissance de la gratitude pour l’inscrire dans sa vie, tout en ayant réalisé qu’on est « une merveille ».
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“Tout ce qui m’arrive, je peux le vivre avec Dieu”
« Je l’ai pris comme une force pour l’évangélisation, un point d’entrée. Je suis frappé de voir à quel point toutes les questions de développement humain ont aujourd’hui un attrait incroyable, continue-t-il. Or, l’Église a une vision très juste de l’Homme, une parole très intéressante à ce sujet. Je trouvais dommage qu’elle n’apporte pas sa pierre à l’édifice. Le risque du développement personnel est de s’enfermer soi-même. Il n’y a pas cette ouverture à Dieu et à la puissance de la grâce. L’idée du parcours est de réorienter cela vers Dieu et les autres. Le mot “gratitude” est utilisé dans le monde du coaching mais sa réalité, c’est qu’il est au cœur de la foi chrétienne. D’ailleurs, “eucharistie” signifie “rendre grâce”. L’idée de ce parcours, c’est de se dire que tout ce qui m’arrive, je peux le vivre avec Dieu. Tout est un cadeau. Être croyant en Dieu dans la foi chrétienne nous donne des raisons extraordinaires d’être dans la gratitude. Nous n’avons rien à craindre ».
Changer son regard
Chaque rencontre se décline en quatre temps : tout d’abord, 20 minutes de louange, puis 20 minutes d’enseignement, suivies de 20 minutes d’échanges en petits groupes, et enfin, 20 minutes d’adoration. Ensuite, le travail personnel est nécessaire ! « Une vertu ne se développe que si on la pratique, si on répète », précise le pasteur enthousiaste. Les personnes qui suivent le parcours reçoivent donc un livret qui leur propose une multitude de petits exercices. Comme noter chaque soir « les trois kifs du jours » dans un carnet de gratitude. Ou dresser la liste de quinze moments exceptionnels de sa vie. Ou encore changer de vocabulaire lorsque l’on est confronté à de petites contrariétés, par exemple en changeant le traditionnel « m***, encore une poisse ! » en « tiens, cela ne m’était pas encore arrivé, c’est une expérience ! ». De petits exercices qui permettent finalement de relativiser bien des choses.
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La première édition a rassemblé 300 personnes. « Sur ma paroisse, une personne a suivi toute la série alors qu’elle n’était pas venue à l’église depuis 20 ans. Elle avait vu l’évènement sur Facebook », raconte le père Lionel Dalle. Un exemple qui suffit à le convaincre que son intuition est probablement la bonne. « Ce parcours peut être une manière de se retourner vers Dieu plus facile que la messe. C’est un moyen pour cheminer ensemble qui convient à un public large, aussi bien à des gens éloignés que proches de la foi ». L’idée a été reprise dans plusieurs paroisses, aussi bien à Hyères (Var) qu’à Dinard (Ille-et-Vilaine). À l’église Saint-Louis d’Hyères, ils étaient 500 à suivre le parcours pendant l’Avent 2018. Et de nombreuses équipes sont sur le point de le proposer. Incontestablement, c’est un formidable outil d’évangélisation, d’abord pour chaque chrétien.