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L’espoir de voir la justice résister à la pression médiatique de l’amalgame, des fictions cinématographiques, des livres à sensation, des articles souvent partisans ou partiels, des pétitions démagogiques, s’est donc évanoui le 7 mars avec la condamnation du cardinal Philippe Barbarin pour non-dénonciation d’abus sexuels perpétrés il y a plus de trente ans dans le diocèse de Lyon par un prêtre pédophile.
Le cardinal a donné une belle leçon de dignité, en 37 secondes, une fois le verdict connu : prières renouvelées pour les victimes, et remise de son destin personnel entre les mains du Pape, c’est-à-dire le vicaire du Christ sur la Terre.
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Même si, évidemment, demeure première la souffrance des victimes des prêtres pédophiles, il est difficile de rester silencieux devant une condamnation pour le moins surprenante. Un mot biblique vient à l’esprit en ces moments d’incompréhension et de grande tristesse pour ceux qui connaissent les qualités humaines, admirables, du cardinal Barbarin : ce mot est bouc-émissaire. Comme jadis le rite du grand prêtre d’Israël décrit dans le Lévitique, la désignation d’un coupable a soulagé la foule.
Une condamnation sans précédent
On cherchera dans tout autre organisation humaine un exemple similaire d’homme condamné pour la non-dénonciation de faits prescrits aussi anciens, alors qu’il n’avait strictement rien à voir avec le contexte de l’époque.
On cherchera dans toute autre organisation humaine un exemple similaire d’homme condamné pour non-dénonciation alors que la victime elle-même lui annonce son embarras face à la prescription, puis sa décision de porter plainte, en pleine liberté et pleine conscience adulte.
On cherchera chez les médecins ou les avocats un homme condamné alors qu’il est protégé comme les ministres du culte par le secret professionnel.
On cherchera dans les archives juridiques un homme qui est condamné pour non-dénonciation de crimes alors que le criminel n’est lui toujours pas jugé.
On cherchera une jurisprudence où le parquet a demandé à deux reprises à plus de deux ans d’intervalle le classement de l’affaire — avec forces arguments et rappel des règles de droit — et où le tribunal prononce malgré tout une condamnation.
On cherchera, on cherchera et on ne trouvera pas. Alors peut-être au verdict d’appel qui sera prononcé dans quelques mois — il faut toujours espoir garder — ou bien dans des dizaines d’années, on reliera cette histoire et on reviendra à une plus juste appréciation des faits, simplement objective.
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En attendant, nos pensées vont au cardinal Barbarin. Qu’il sache que nous ne doutons pas de son innocence, que nous lui offrons nos prières pour alléger le fardeau de cette condamnation, tellement injuste au fond. Il est notre ami pour toujours.