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Ancienne ville de Mésopotamie, Babylone, qui n’était à ses origines qu’une simple cité, va devenir au IIe millénaire av J.-C. la capitale d’un grand royaume. Ce dernier va connaître son apogée au VIe siècle av J.-C., sous le règne du célèbre roi Nabuchodonosor II. C’est lui qui entreprit de détruire, en -587, le temple de Salomon lors du siège de Jérusalem, provoquant l’exil de nombreux juifs dans la cité de Babylone. Un exil marquant dans l’histoire juive comme le rappelle le psaume 136 : “Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion” (Ps 136).
Malgré la rupture avec le royaume de David, les juifs se relèvent et y voient l’occasion de rebâtir les fondations d’Israël. Selon la tradition juive, le Livre des Lamentations de Jérémie aurait été ainsi écrit à cette époque. Le bibliste Pierre Gibert déclare même que la Bible serait née à Babylone, “de cette expérience de l’étranger qui a failli être mortelle mais que des juifs ont transformé en grâce divine”. Encore aujourd’hui, l’exil de Babylone est toujours commémoré par les juifs pratiquants et le Talmud de Babylone, rédigé par les juifs ayant demeuré dans la cité mésopotamienne, fait encore figure d’autorité.
Pour les juifs exilés, Babylone était une ville démesurée, et la ziggurat, très haute tour qui se dressait au centre de la cité, était le signe de l’orgueil des hommes. Sa forme sera d’ailleurs reprise dans le fameux épisode de la tour de Babel évoqué dans le Genèse. En effet, après le Déluge, alors qu’ils parlent tous la même langue, les hommes entreprennent de bâtir une ville et une tour dont le sommet devait toucher le ciel. Mais Dieu, voulant punir les hommes de leur orgueil, brouille leur langue et les disperse sur la Terre. La construction de Babel est alors abandonnée.
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L’image négative de Babylone, symbole de décadence, va perdurer et la ville ne sera pas seulement citée dans l’Ancien Testament, mais également dans le Nouveau. Au temps des premiers chrétiens, Rome est d’ailleurs qualifiée de « grande Babylone » en raison des persécutions qu’elle fait vivre aux chrétiens. Dans l’Apocalypse de saint Jean, elle est associée à la “Grande prostituée”, la fausse religion : “Babylone la Grande, la mère des prostitutions et des abominations de la terre.” (Ap 17, 5). Dans La Cité de Dieu, saint Augustin oppose cité de Dieu et cité terrestre, rapprochant Babylone de la cité terrestre : “Que chacun s’interroge sur ce qu’il aime, et il découvrira sa citoyenneté. Et s’il se découvre citoyen de Babylone, qu’il déracine la cupidité et qu’il plante la charité. Mais s’il se découvre citoyen de Jérusalem, qu’il supporte la captivité et espère la liberté”.