Les négociations qui se tenaient les 19 et 20 octobre entre le président Salva Kiir et le chef rebelle sud-soudanais Riek Machar en vue de former un gouvernement d’union nationale ont échoué. Alors que la date butoir pour former ce dernier approche (elle a été fixée au 12 novembre, ndlr), des désaccords n’ont toujours pas été réglés tels que la formation d’une armée unifiée, composée de rebelles et de forces gouvernementales, ainsi que les frontières des États sud-soudanais. Pour mémoire, l’accord de paix de septembre 2018 précisait que les combattants de toutes les parties devaient être entraînés et déployés dans le cadre d’une armée unifiée de 83.000 hommes, un processus qui a été entravé par les retards et le manque de financement.
“Il s’agit d’une tragédie humanitaire aggravée par l’effondrement de l’économie et la violence.”
Après l’échec de ces nouvelles négociations, l’épiscopat sud-soudanais a fait part de ses inquiétudes. « Ce qui nous anime n’est pas la politique mais la dignité de chaque être humain », ont ainsi affirmé les évêques dans un communiqué publié le 19 octobre. « Chaque jour nous voyons dans nos diocèses les souffrances des personnes déplacées, des réfugiés. Il s’agit d’une tragédie humanitaire aggravée par l’effondrement de l’économie et la violence persistante dans certaines régions ».
« Nous nous demandons pourquoi les efforts de paix sont axés sur le partage du pouvoir entre deux ou plusieurs individus plutôt que sur les causes profondes des conflits qui affectent la population du Soudan du Sud », s’est encore interrogé l’épiscopat sud-soudanais rappelant les nombreux éléments absents des négociations tels que les questions de gouvernance, la violence, la pauvreté, l’absence de services de base, la corruption ou encore la délicate question de l’identité nationale.
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Sur les 12,5 millions d’habitants que compte le Soudan du Sud, 60% sont chrétiens. Alors que le Soudan du Sud est rongé par une guerre civile depuis 2013 — deux ans après son indépendance du Soudan — l’Église n’a eu de cesse d’inviter à l’apaisement et d’appeler à une sortie de crise pacifique, le conflit ayant fait plus de 380.000 morts, poussant à l’exil plus de quatre millions d’habitants contraints de fuir leur foyer. En avril dernier, les deux leaders avaient été invités par le Vatican et par l’Église anglicane à une « retraite spirituelle ». Un événement œcuménique et diplomatique tout autant qu’un exercice inédit pour engager le début de réconciliation et de paix. À l’issue de ce dernier, le pape François avait posé un geste fort en s’agenouillant devant les leaders sud-soudanais pour leur embrasser les pieds, les suppliant de réconcilier leur peuple.
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