Les retrouvailles en tête-à-tête, une fois que les enfants ont quitté le nid familial, ça se prépare ! Et la meilleure préparation qui soit est le soin apporté à son couple, non pas la veille du départ du petit dernier, mais tout au long de sa vie conjugale. Prendre du temps à deux, veiller à exprimer ses sentiments, positifs ou négatifs, entretenir la flamme même lorsqu’on est accaparé par sa mission de parents, est le plus sûr moyen pour rester soudés après le départ des enfants.
Un face-à-face parfois brutal
Se retrouver soudainement à deux peut être vécu de manière brutale par certains couples. Alors qu’ils menaient une vie familiale intense, entièrement vouée à l’éducation et à l’orientation de leurs enfants, ils se découvrent finalement comme deux étrangers une fois les enfants partis. Véronique, 62 ans, mariée avec Jean depuis 38 ans et mère de cinq enfants, raconte comment elle a quitté pendant près de huit mois le domicile conjugal après trente années de vie commune : « La vie familiale était très prenante, nos vies professionnelles et sociales tout autant. Nous nous sommes retrouvés brutalement face à face, tels deux étrangers. Les enfants partis, alors qu’une nouvelle vie s’annonçait, j’ai pris conscience du fossé qui avait fini de s’installer entre nous. Tel un boomerang, mon insatisfaction, ma solitude face aux colères de mon conjoint, me sont revenues en pleine figure. J’ai pris peur et j’ai quitté la maison ».
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C’est cette même brutalité qui frappe Pierre*, 67 ans, et Catherine*, 64 ans, parents de trois enfants et qui fêteront leurs 40 ans de mariage au printemps prochain : « Le départ des enfants nous a renvoyés brutalement et immanquablement au doute, au vieillissement et aux peurs qui vont avec », confient-ils à Aleteia. Un face-à-face d’autant plus brutal lorsqu’une distance s’installe, sournoise et imperceptible, du temps des enfants.
Une distance qui se crée insidieusement
Le choc de reprendre la vie à deux est d’autant plus fort lorsque les conjoints se sont éloignés l’un de l’autre, parfois imperceptiblement. En outre, cela intervient après une période où les parents sont fortement accaparés, tout du moins mentalement, par le souci de l’avenir de leurs enfants : soutien pendant les examens, choix de leur orientation, organisation de leur vie étudiante… Après ça, où trouver l’énergie pour rester disponible à son conjoint ? Il est un point de vigilance qui devrait interpeller tous les couples : une distance peut s’installer de manière insidieuse si on multiplie les activités séparément et si on ne prête pas suffisamment attention à l’autre et à son couple. Véronique témoigne en effet qu’« une lente dégradation les avait éloignés imperceptiblement l’un de l’autre. » De même Pierre* et Catherine* réalisent : « Progressivement, nous nous sommes éloignés l’un de l’autre, sans même le vouloir vraiment. Un mur de silence, d’ennui, de routine et d’insatisfaction s’était installé. Nous ne vivions plus qu’en colocataires. Nous étions absorbés par les enfants et la vie quotidienne, la gestion de notre famille. Nous avons petit à petit négligé de prendre soin l’un de l’autre, en tant que conjoints. Nous considérions, sans vraiment le vivre, que l’amour était acquis, nous avons oublié avec le temps qu’il était important d’alimenter notre amour. Les conséquences ont été un appauvrissement de nos échanges. Ceux-ci s’étaient réduits et recentrés sur le quotidien uniquement. Ils ne traduisaient plus du tout un partage profond de nos émotions ».
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C’est également ce qu’ont ressenti Philippe, 46 ans, et Amélia, 49 ans, 20 ans de mariage et cinq enfants : « C’est progressivement que nos relations ont commencé à se détériorer. Vers la sixième année de notre mariage, le manque de dialogue et l’absence de priorités claires se sont fait sentir. Notre mariage, notre couple, n’était plus une priorité : nous n’avions pas l’occasion de partir quelques jours à deux, manque d’aide de la famille et manque d’amis suffisamment proches sans doute… », regrettent-ils. Des témoignages qui soulignent l’importance de ne pas être exclusivement “parents” et de prendre soin de son couple pour éviter qu’il ne se meurt quand les enfants ne le soutiennent plus.
Retrouver la force d’aimer
Jean et Véronique, Philippe et Amélia, Pierre* et Catherine*, ont tous suivi un parcours Retrouvaille pour retrouver la force d’aimer. Un chemin de guérison et de reconstruction qui passe d’abord par le dialogue. Véronique raconte : « Avec Retrouvaille, nous avons découvert une méthode de dialogue dans laquelle le partage des sentiments est essentiel, pour construire une relation vraie. Nous avons pu retracer nos parcours de vie dans un cadre sécurisant, témoigner de notre engagement l’un envers l’autre. Cela nous a permis de renouer le contact puis la confiance. Nous avons réappris à nous écouter, respectueusement, fidèlement. »
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Se retrouver à deux, c’est accepter de se redécouvrir. « Redécouvrir l’autre comme il est, et non comme je voudrais qu’il soit », précise Jean. « C’est retrouver curiosité et désir, se laisser transformer et émerveiller. »
Prêter attention à son couple
Animés du même élan de croire malgré tout en leur couple, Pierre* et Catherine* décident de « ne plus effacer d’un revers de main leur histoire, de comprendre ce qui se passe et de prendre chacun leur part de responsabilité ». Philippe et Amélia sont désormais convaincus que « se marier est l’affaire d’un jour, et rester mariés est l’effort d’une vie entière ». Quant à Jean, le mari de Véronique, il est conscient que dans ce domaine, rien n’est acquis d’avance ni une fois pour toute : « Nos anciennes habitudes ne sont pas si loin. C’est la construction, la reconstruction de notre couple qui mérite toute notre attention. C’est aussi ce qui en fait le prix, ce qui suscite la joie de vivre ensemble et donne tout son sens à notre vie familiale », souligne-t-il.
*les prénoms ont été changés.
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