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Jésus au désert nous initie à la confiance et à la liberté

TEMPTATION OF CHRIST,WILDERNESS,DESERT

Ivan Kramskoi | PD

Jean-Michel Castaing - publié le 01/03/20

Dans l'Évangile du premier dimanche de Carême qui relate ses tentations au désert (Mt 4, 1-11), Jésus, avec ses réponses percutantes au démon, nous apprend à assumer notre liberté dans la confiance.

Dans le récit des tentations au désert (Mt 4, 1-11), le démon est prompt à demander à Jésus des signes objectifs de son statut de Fils de Dieu. Comme s’il se souciait qu’il fût reconnu comme tel par les hommes ! Voudrait-il s’instituer impresario du Christ ? En fait, parce qu’il est le père du mensonge, on peut se douter que de telles sollicitations de sa part recèlent des pièges à la fois pour les hommes et pour Jésus, lui-même. Où se situe le danger de ces tentations ?

Jésus revit les épreuves de son peuple au désert

Des signes tangibles, concrets et en même temps spectaculaires et indiscutables : voilà ce qu’exige le démon de Jésus afin de prouver sa messianité et sa filiation divine. D’abord, le tentateur lui demande « que ces pierres deviennent des pains » (Mt 4, 3). Ensuite, Satan suggère au fils de Marie de se jeter en bas du haut du Temple (v. 5). Or, à chacune de ces demandes, Jésus répond par la négative en s’appuyant sur la parole de Dieu consignée dans les Écritures. 

En fait, Jésus revit, avec ces deux premières tentations, les épreuves des Hébreux au désert après la libération d’Égypte. L’appel à changer les pierres en pain s’inscrit dans la logique du murmure des enfants d’Israël contre Moïse et Aaron : « Vous nous avez amenés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude ! » (Ex 16, 3). L’épreuve du jeûne de nourriture, que Jésus revit pour son compte, signifie la dépendance de l’homme à l’égard de Dieu. En se mettant dans la même situation que ses ancêtres au désert, Jésus ne désire pas accomplir une « performance religieuse », mais renouveler notre nature en la tournant avec confiance, et sans murmure, vers Dieu.

Pareillement, la seconde demande du démon de se jeter du haut du Temple est-elle une ré-actualisation de l’épisode Massa (Ex 17, 1-7), à l’occasion duquel le peuple querella Moïse en lui demandant à boire. Moïse lui répondit : « Pourquoi mettez-vous le Seigneur à l’épreuve ? » De même, Jésus répondra au démon : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu » (v. 7).




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Des tentations dangereuses pour la liberté

Mais Jésus n’a pas été confronté au démon seulement pour réussir là où son peuple avait trébuché. En triomphant du démon par son refus de céder aux tentations de ce dernier, le Christ désire surtout nous initier à la liberté. Car ces tentations peuvent se résumer à cette question : qu’attendons-nous de Dieu ? Des réponses positives et automatiques à toutes nos demandes, ou bien la dignité et la liberté ? Dans le premier cas, Dieu représente pour nous un distributeur automatique, et nous nous comportons envers Lui comme des assistés et des quémandeurs obsessionnels. Nous voulons du pain et une assurance tous risques (se jeter en haut du Temple sans dégâts) : le diable a beau jeu de s’engouffrer dans la brèche en flattant nos instincts de consommateurs et de créanciers ! Mais en agissant de la sorte nous ne nous comportons plus en adultes responsables, capables de travailler pour gagner notre vie et de réfléchir aux conséquences de nos folies. Au contraire, tout nous est dû ! Ce n’est pas ainsi que Jésus conçoit la grandeur de l’homme. 

Le diable veut corrompre la foi

Il est un autre domaine que les suggestions démoniaques risquent de contaminer par leurs effets délétères : il s’agit de la foi. En effet, en demandant compulsivement à Dieu des signes tangibles de Sa puissance, de Son soutien ou de Son existence, le croyant fausse son rapport à Lui. Dès lors, sa foi ne s’appuie plus en effet que sur des prodiges objectifs, au lieu de reposer sur Sa parole. Où se situe la différence entre croire à cause de signes, et vivre « de toute parole qui sort de la bouche de Dieu », ainsi que Jésus le dit en répliquant au diable à l’occasion de la première tentation ? Dans le premier cas, Dieu m’en met plein la vue. Mais je ne suis pas libre : l’évidence des signes, leur caractère extraordinaire, force en quelque sorte ma foi. C’est comme si Dieu s’imposait à moi. 

Rien de tel dans le deuxième cas. En fondant ma foi sur la parole de Dieu, j’entre avec Lui dans une alliance faite de confiance réciproque et de liberté. Au lieu de parler à mes sens impressionnables, Dieu s’adresse à mon intelligence et à mon cœur avec Sa parole. Quelle distance entre la foi que nous demande Dieu et le simulacre de croyance, faite de crainte servile et de relation de créanciers à débiteurs, que nous propose Satan pour fausser notre rapport à Dieu !

Jésus sera tenté durant toute sa vie publique

Jésus ne sera pas tenté uniquement au désert. C’est durant toute sa vie publique qu’il sera sollicité de manifester sa toute-puissance avec des signes indubitables. « Les pharisiens et les sadducéens s’approchèrent alors et lui demandèrent, pour le mettre à l’épreuve, de leur faire voir un signe venant du ciel » (Mt 16,1). Dans cet épisode tiré de l’Évangile, on retrouve plusieurs indices de la proximité de cette demande avec les tentations au désert. D’abord, les interlocuteurs de Jésus s’approchent de lui : c’est le même mouvement que l’évangile rapporte à propos du tentateur. Ensuite, il s’agit pour les pharisiens et les sadducéens de « mettre à l’épreuve » Jésus, de la même manière que les Hébreux le firent au Désert, mise à l’épreuve dénoncée par Jésus lors de la seconde tentation. Enfin, des « signes » sont demandés à Jésus. Or, Jésus refusera toujours d’en donner, à l’exception de celui de Jonas (c’est-à-dire sa Pâque) (Mt 12, 38-40). 

À cet égard, il est très instructif, pour notre édification, de débusquer dans le déroulement de la vie publique de Jésus les suites et le prolongement des tentations inaugurales du démon par lesquelles celui-ci désirait fausser le messianisme du Christ. Par exemple, Pierre représente pour Jésus un scandale en tentant de le détourner de la Croix. Au point de se faire traiter de Satan par Jésus (Mt 16, 23) ! On pourrait encore mentionner tous les signes miraculeux que les passants demandent au Christ de réaliser pour se sauver tandis qu’il est cloué sur la Croix : « Si tu es fils de Dieu, descends de la croix ! » (Mt 27, 40). Il s’agit toujours de pousser le Christ à prouver sa filiation divine à coups de miracles et de prodiges ! Alors que c’est sa douceur, son pardon et son amour inconditionnel qui sont les signes de sa divinité.    

Assumer notre liberté et affiner notre foi en la faisant reposer sur l’amour et la confiance : telles sont deux leçons parmi d’autres du premier  Évangile du dimanche de Carême.


DUNES DESERT

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CarêmeDiableDimanchetentation
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