Quand on parle de l’Époux de la très Sainte Vierge, chargé de veiller sur le Fils de Dieu fait homme, l’on ne pense pas souvent aux personnages de l’Ancien Testament auxquels il peut être rattaché. Le premier d’entre eux est un homonyme, le patriarche Joseph, vendu par ses frères et devenu premier ministre du pharaon.
Comme saint Bernard l’expliquait, “le Joseph qui fut vendu par ses frères qui le haïssaient et conduit en Égypte, était la figure du Christ qui, lui aussi, devait être vendu ; notre Joseph, de son côté, pour fuir la haine d’Hérode, porta le Christ en Égypte. Le premier, pour demeurer fidèle à son maître, ne voulut point partager le lit de sa maîtresse ; le second, reconnaissant sa maîtresse dans la mère de son Seigneur, la vierge Marie, observa lui-même fidèlement les lois de la continence. À l’un fut donnée l’intelligence des songes, à l’autre il fut accordé d’être le confident des desseins du ciel et d’y coopérer pour sa part. L’un a mis le blé en réserve non pour lui, mais pour son peuple ; l’autre reçut la garde du pain du ciel non-seulement pour son peuple, mais aussi pour lui”.
Comme Abraham
Joseph est parfois comparé à Abraham, tout comme Jésus l’est à Isaac, à partir du chapitre premier de l’Évangile selon saint Matthieu. En effet, de même qu’Abraham reçoit la parole de Dieu dans une vision, l’ange apparaît à Joseph dans un rêve ; le Seigneur dit à Abram de ne pas craindre, et l’ange en dit autant à Joseph. Jésus quant à lui, comme Isaac, naît d’une femme “stérile”, même s’il ne s’agit pas d’une “stérilité” analogue à celle de Sarah, mais d’une grossesse miraculeuse dans les deux cas. L’annonce de l’ange est identique : “Elle enfantera un fils et tu lui donneras pour nom”, Isaac (Gn 17, 19), Jésus (Mt 1, 23)”.
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D’autres auteurs, comme Origène ou saint Ambroise, ont mis Joseph en relation avec Jacob, entre autres, du fait qu’après avoir obtenu, pour sa postérité, la promesse de l’héritage paternel, Jacob s’enfuit, sur le conseil de sa mère, en Mésopotamie, pour de se soustraire à la haine mortelle de son frère. Ainsi saint Joseph ayant reçu, pour le divin Enfant, la promesse du royaume de Dieu, s’enfuit en Égypte, sur l’avis de l’ange, pour sauver Jésus de la persécution d’Hérode.
Doux et fidèle
Moïse est également sollicité. Il “était le plus doux de tous les hommes qui demeuraient sur la terre… Mon serviteur Moïse… [s’est montré] très fidèle dans toute ma maison ; car je lui parle bouche à bouche et il voit le Seigneur ouvertement, et non point sous des énigmes ou des figures” (Nb 12, 3-8). Ces qualités de douceur, de fidélité à garder le dépôt à lui confié, et de connaissance des choses surnaturelles se retrouvent chez saint Joseph, qui a reçu la grande grâce d’apprendre directement de celui qui est “la Vérité” (Jn 14, 6).
De David, l’on soulignera l’humilité, sa justice vantée par l’Esprit Saint lui-même : “J’ai trouvé David, fils de Jessé, homme selon mon cœur, qui fera toutes mes volontés” (1R 13, 14), et sa gloire d’avoir pour fils le très sage roi Salomon, toutes conditions qui se retrouvent chez Joseph, patron de la vie cachée, accomplissant ce que Dieu lui demandait, et devenu père du roi de l’univers et créateur de toutes choses.
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Joseph fait partie des “pauvres du Seigneur”, le “petit reste d’Israël” qui cherchera refuge dans le nom du Seigneur (So 3, 13). Il forme une communauté, non structurée certes, mais dont les membres “partagent une même attitude intérieure faite d’humilité, d’ouverture à Dieu et d’attente de son salut”.
Dès avant le Précurseur
Quant à saint Jean-Baptiste, le précurseur, “le plus grand” de l’Ancien Testament, il “est resté à la porte du Nouveau. Saint Joseph est, avec Marie, le premier à appartenir au Royaume” (Mgr Cristiani). Saint Jean-Baptiste n’a pas eu le privilège de partager l’existence de Jésus et de Marie. Joseph ne vit pas le Sauveur de loin, l’”Agneau de Dieu” comme Jean-Baptiste (Jn 1, 36), mais le porta dans ses bras et s’occupa de lui en toutes choses.
Bossuet remarque dans les Écritures deux vocations “qui semblent directement opposées : la première, celle des apôtres ; la seconde, celle de Joseph. Jésus est révélé aux apôtres, Jésus est révélé à Joseph, mais avec des conditions bien contraires. Il est révélé aux apôtres, pour l’annoncer par tout l’univers ; il est révélé à Joseph, pour le taire et pour le cacher. Les apôtres sont des lumières pour faire voir Jésus au monde ; Joseph est un voile pour le couvrir : et sous ce voile mystérieux on nous cache la virginité de Marie, et la grandeur du Sauveur des âmes”.
Le premier parmi les anges
Pour le cardinal Lépicier, “le saint Patriarche fut prédestiné à un degré de gloire tel, qu’il lui assura la place laissée vide par le premier parmi les anges rebelles, c’est-à-dire, par Lucifer, lui donnant ainsi d’occuper, dans la gloire, le poste le plus élevé dans l’ordre des Séraphins”. Relevons enfin, en cette année du centenaire de la canonisation de Jeanne d’Arc et de l’institution de sa fête nationale, qu’une ressemblance a été établie aussi entre saint Joseph et la pucelle d’Orléans !
Tout savoir sur saint Joseph, Dominique Le Tourneau, Artège, (mars 2020), 16,90 euros
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