Au début de l’année scolaire, Mathilde s’est envolée pour Mae La Noi, dans une région montagneuse du nord-ouest de la Thaïlande. Là-bas, la jeune femme gère une quinzaine de programmes de parrainage. Sa tâche consiste à s’assurer de leur bon déroulement auprès des responsables et des filleuls de l’association Enfants du Mékong. Vivant une “double-immersion culturelle” entre la culture thaïlandaise et la culture karen, la jeune femme sillonne la région sur sa mobylette, pour rejoindre ses programmes de parrainage : des écoles, des centres catholiques ou encore des camps de réfugiés, par exemple.
“C’est en vivant le quotidien de ces personnes qu’on arrive à comprendre leurs difficultés et leurs joies”, détaille Mathilde. Depuis son arrivée, elle ne cesse de se rendre dans les villages pour y séjourner quelque temps afin de rencontrer les familles des filleuls d’Enfants du Mékong.
“Donner toute leur chance aux enfants”
Sur place, Mathilde est profondément marquée par les camps des réfugiés birmans. En effet, cette “première expérience sur le terrain” lui a dévoilé “la réalité des maux” de manière poignante et bouleversante, analyse-t-elle. Ces réfugiés qui ont fui leur pays depuis plusieurs décennies vivent de manière très précaire : leurs maisons en bambou sont soumises aux aléas météorologiques, que ce soit la pluie ou l’intense chaleur. “La vie y est dure”, explique la volontaire, car ils sont très souvent inoccupés. De leur inoccupation découlent des abus de toute sorte : alcoolisme, violences envers les femmes ou les enfants.
C’est pourquoi Mathilde prend à cœur son investissement ici, pour les enfants. L’objectif, en leur offrant l’école gratuite, est de “donner toute leur chance à ces enfants” qui durant la journée peuvent vivre des instants de joie propres à leur âge… Notamment grâce à des relations qu’ils tissent entre élèves ou avec les professeurs, toujours à l’écoute. Ce temps à l’école est donc “précieux” pour ces jeunes réfugiés, souligne la jeune femme.
“Un simple maillon d’une très belle chaîne”
Revenant sur cette mission qui la fait grandir, Mathilde répond d’emblée : “on apprend beaucoup à se connaître”. En effet, étant souvent seul en mission, il est indispensable de prendre le soin de s’auto-évaluer, “ce qui n’est pas facile tous les jours”, confie-t-elle avec simplicité.
Le deuxième fruit de cette mission, que la jeune femme doit poursuivre pendant encore quelques mois est l’humilité. Comme tout bénévole, avant de connaître la vérité du terrain, Mathilde s’était imaginée “déplacer les montagnes et changer le monde”, déclare-t-elle avec une pointe d’humour. Or, reconnaît-elle, sa mission ne correspond dans les faits qu’à “une petite goutte dans l’océan, un simple maillon d’une très belle chaîne”.
Enfin, la volontaire en Thaïlande a pris conscience de son “énorme dépendance”, notamment envers les responsables de programmes qui ont une connaissance approfondie de la région, de la culture ou plus simplement encore des jeunes qu’elle doit accompagner. Par exemple, le fonctionnement de l’école thaï ne va pas de soi pour un Européen, souligne-t-elle. Être en mission en somme, c’est “se mettre à l’écoute des gens qu’on rencontre” mais aussi “observer et se mettre en retrait”, conclut-elle avec sagesse. Comme quoi le service missionnaire ne ressemble jamais vraiment à ce qu’on imagine !
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