Entre Jérusalem et Jaffa, à une trentaine de kilomètres précisément à l’ouest de Jérusalem, se dresse la ville de Gézer. Les montagnes de Juda sont toutes proches et cette ville fortifiée se trouve à la croisée de routes essentielles, la Via Maris et l’axe ralliant la plaine côtière à la Transjordanie. Cette localisation géographique privilégiée explique pour quelles raisons les temps bibliques ont accordé une telle importance à ce lieu qui, comme Haçor et Megiddo, offre une position stratégique dont témoignent encore ses multiples systèmes de défense successifs. Gézer rappelle, en effet, à chaque époque que l’implantation du peuple d’Israël en cette contrée ne s’est pas faite en une seule avancée, mais s’est réalisée selon une longue série de conquêtes militaires impliquant à chaque fois de fortes et puissantes défenses. Les précédentes civilisations ayant occupé Gézer avaient déjà, elles-mêmes, élevé des murs de briques notamment les redoutés Hyksos ayant réussi à menacer l’Égypte antique. Mais, c’est avec Salomon que le rempart extérieur se transforma en mur à casemates, le roi Salomon ayant rebâti Gézer après que la ville eut été détruite par l’Égypte, ainsi que le relate le Premier livre des rois (1 R 9,16-17) :
Pharaon, roi d’Égypte, était monté contre Guèzer, s’en était emparé, et y avait mis le feu. Les Cananéens qui habitaient la ville, il les avait massacrés. Puis il l’avait donnée en dot à sa fille, la femme de Salomon. Salomon rebâtit Guèzer.
D’imposantes tours rectangulaires vinrent également compléter cette forte défense, ainsi qu’une porte à quatre tenailles encore visible et un important système hydraulique avec des citernes et réserves d’eau en cas de siège. Imposante place forte, sans cesse rebâtie et renforcée par le peuple hébreu, il n’est donc pas étonnant que la Bible se réfère à de multiples reprises à cette cité fortifiée réputée que fut Gézer. Mais, cette cité royale et biblique fut également un haut lieu de la culture hébraïque.
Masseboth et calendrier hébraïques
Gézer n’a pas été qu’une incroyable place forte militaire, ainsi qu’en témoignent ces étonnantes pierres levées, tels des « dolmens », appelées masseboth, et retrouvées en son enceinte même. Les Hyksos vénéraient déjà dans les temps anciens ces mêmes pierres qui faisaient l’objet d’un culte cananéen. Curieusement, les Hébreux reprendront en partie cet héritage en dressant des pierres notamment pour commémorer une victoire, tel Samuel après la bataille contre les Philistins ou encore Saül après sa victoire sur les Amalécites. Les alliances donneront également lieu à de telles pratiques avant que ces mêmes pierres ne s’intègrent directement au culte des Hébreux. Ces stèles symboliseront alors les différentes tribus d’Israël et pouvaient servir à l’édification d’autels.
Parallèlement à ces masseboth, Gézer est, de nos jours, également connue pour avoir livré un surprenant calendrier, dit Calendrier de Gézer, et qui se trouve aujourd’hui au musée archéologique d’Istanbul. Découvert au début du XXe siècle, il est l’émouvant témoignage d’une des premières traces écrites de l’hébreu. Sur cette tablette écrite en ancien hébreu, c’est un véritable calendrier énumérant minutieusement les périodes de plantations, récoltes et tailles de ces temps reculés remontant au Xe siècle av. J.-C. Incroyablement fortifiée, lieux de culte et de culture hébraïque, Gézer témoigne assurément de la forte implantation, dès les temps bibliques les plus anciens, des Hébreux dans cette région toute proche de Jérusalem.
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Un lieu convoité
Mais, par sa situation privilégiée et unique, l’histoire de Gézer fut aussi une succession de convoitises. Ainsi, après la mort du roi Salomon, la forteresse sera-t-elle en partie détruite en raison du schisme au sein d’Israël. Les puissants Assyriens en feront l’un de leur avant-poste, alors que durant la période des Maccabées, Simon Maccabée occupera Gézer qui sera alors appelée Gazara. Puis, ce sera l’occupation romaine qui retiendra encore ce site stratégiquement important pour quelque temps afin de mieux surveiller le territoire conquis avant qu’un déclin progressif ne fasse tomber cette incroyable forteresse et cité royale dans les sables des siècles, mais non de l’oubli !En effet, attestant le récit biblique, des fouilles archéologiques ont, en effet, su faire revivre Gézer sur plus d’une dizaine d’hectares, et ont fait aujourd’hui de cet incroyable site biblique fortifié l’un des lieux les plus prisés de Palestine.
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