Père, fils et frère : les liens familiaux qui unissent Dieu et l’humanité ont été au cœur du discours de Noël de l’auteur de l’encyclique Fratelli tutti. L’événement de la Nativité, de celui du Père qui se fait Fils, doit réveiller, en ce « moment historique », la fraternité qui unit tous les hommes :
L’Enfant de Bethléem nous aide alors à être disponibles, généreux et solidaires, spécialement envers les personnes les plus fragiles, les malades et toutes celles qui, en cette période, se sont retrouvés sans travail ou sont en grave difficulté en raison des conséquences économiques de la pandémie, comme aussi envers les femmes qui, durant ces mois de confinement, ont subi des violences domestiques.
Cette fraternité est universelle, et donne naissance à « la famille humaine », celle des personnes « de tous les continents, de n’importe quelle langue et culture, avec [leurs] identités et diversités ». En se faisant homme, « Jésus, est “né pour nous” : un nous sans frontières, sans privilèges ni exclusions ».
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Cette fraternité est un devoir pour chacun, à commencer par la communauté internationale et les dirigeants politiques, a insisté le pontife. Comme c’est le cas chaque année, le pape François a égrené la douloureuse litanie des conflits qui déchirent la planète, mais s’est en premier lieu arrêté sur la spécificité de l’année 2020, marquée par la grande crise pandémique de la Covid-19. La situation actuelle, a-t-il insisté, doit être l’occasion d’une « coopération internationale renouvelée, en commençant dans le domaine de la santé afin que l’accès au vaccin et aux soins soit garanti à tous », mais aussi d’une transformation plus profonde :
Face à un défi qui ne connaît pas de frontières, on ne peut pas ériger de barrières. Nous sommes tous dans le même bateau. Toute personne m’est un frère. Je vois en chacun le reflet du visage de Dieu et je découvre le Seigneur qui demande mon aide en tous ceux qui souffrent. Je le vois dans la personne malade, dans le pauvre, dans le chômeur, dans l’exclu, dans le migrant et dans le réfugié.
Le 266e pape a ensuite imploré Dieu de venir en aide des peuples touchés par la guerre. Il a cité l’Irak, pays dans lequel il doit se rendre en mars prochain, la Syrie, le Yémen et la Libye, ainsi que la population Yézidie. Le temps actuel est « propice à désamorcer les tensions dans tout le Moyen Orient et en Méditerranée orientale », a-t-il insisté.
Terre Sainte, Liban, Haut-Karabakh
Se tournant vers la Terre Sainte, le pape François a demandé à Dieu « que l’Enfant de Bethléem donne la fraternité à la terre qui l’a vu naître ». Il a aussi porté son regard vers le Liban, l’appelant à « parcourir un chemin de réformes » et à « continuer dans sa vocation de liberté et de cohabitation pacifique ».
Le Souverain pontife a appelé à la fin des conflits et au respect des cessez-le-feu au Haut-Karabakh, entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, et en Ukraine orientale. Il a demandé la fin des souffrances des populations du Niger, Burkina Faso, Mali, de l’Éthiopie et du Mozambique, frappées par une dure crise humanitaire et par le terrorisme. Au Cameroun, Nigéria et Soudan du Sud, également marqués par d’importants conflits, il a exhorté à la poursuite du « chemin de fraternité et de dialogue entrepris ».
Regardant vers son continent d’origine, le successeur de Pierre a demandé la fin des tensions sociales qui minent le Chili et le Venezuela. En Asie, il a eu un mot pour le peuple Rohingya, ainsi que pour les populations des Philippines et du Vietnam, touchées par d’importantes inondations.
Ne pas « se résigner à la violence et aux injustices »
Ces grands malheurs ne doivent cependant pas entamer l’espérance de chacun, a insisté le pontife : « la souffrance et le mal n’ont pas le dernier mot ». En effet, a-t-il insisté, « se résigner à la violence et aux injustices voudrait dire refuser la joie et l’espérance de Noël ». Le pontife a exprimé une « pensée particulière » pour tous ceux qui ne se « laissent pas écraser par les circonstances adverses mais qui agissent pour porter espérance, réconfort et aide en secourant ceux qui souffrent et en accompagnant ceux qui sont seuls ».
« Jésus est né dans une étable, mais entouré de l’amour de la Vierge Marie et de saint Joseph »: la fête de Noël est celle de famille universelle, qui trouve ses plus solides fondations dans toutes les familles particulières, a enfin conclu le pontife. Avant de souhaiter à chacun un bon Noël, le pape François a confié à Dieu toutes les familles :
Ma pensée va en ce moment aux familles : à celles qui aujourd’hui ne peuvent pas se réunir, comme aussi celles qui sont obligées de rester à la maison. Que Noël soit pour tous l’occasion de redécouvrir la famille comme berceau de vie et de foi ; lieu d’amour accueillant, de dialogue, de pardon, de solidarité fraternelle et de joie partagée, source de paix pour toute l’humanité.
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