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Spiritualité
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Pourquoi Jésus se soumet au rite du baptême dont il n’a pas besoin ?

Le baptême du Christ.

© Renata Sedmakova - shutterstock

Fresque représentant le baptême du Christ par S.G Rudl, église Svatého Václava à Prague.

Jean-Thomas de Beauregard, op - publié le 09/01/21 - mis à jour le 06/01/23

Le baptême de Jésus est une cristallisation de tout le mystère chrétien : la révélation de l’humilité du fils de Dieu, dans l’intimité de la Trinité, le signe de notre association à la mort et la résurrection du Christ.

Le baptême de Jésus est relaté presque dans les mêmes termes par les quatre évangélistes. Cette unanimité confère au récit une crédibilité d’autant plus grande qu’a priori les évangélistes auraient dû être mal à l’aise avec l’idée que Jésus, fils de Dieu et Dieu lui-même, Jésus qui est le Saint par excellence, Jésus qui n’a pas connu le péché, ait pu vouloir recevoir le baptême. En effet, le baptême a pour objectif premier de racheter du péché originel celui qui le reçoit et de lui conférer l’adoption filiale par Dieu le Père dans l’Esprit-Saint. Or Jésus n’est pas pécheur, et il est déjà fils de Dieu par nature, il n’a donc aucun besoin du baptême, encore moins des mains de son cousin Jean-Baptiste.

Un baptême pour rien ?

Tout aurait dû embarrasser les évangélistes dans cette histoire, et pourtant, ils la rapportent tous, sans fausse note (cf. Mc 1, 7-11). Comme pour la trahison de Pierre ou tout autre récit qui montre les apôtres en médiocre posture, le fait même que les Évangiles rapportent le baptême de Jésus alors qu’il eût été si facile de jeter dessus un voile pudique donne à ce récit un cachet de crédibilité incontestable. Il est donc absolument certain que Jésus s’est soumis au baptême de Jean-Baptiste. 

Rien ne pouvait faire de Jésus plus et mieux que ce qu’il était déjà, depuis toujours en son éternité, sans que son Incarnation ait rien diminué de cette perfection toute divine.

Pour autant qu’on le sache, le baptême conféré par Jean-Baptiste était un rite de purification, avec une exigence de conversion, en vue du Royaume à venir. Très inférieur, donc, au baptême chrétien de rémission des péchés et d’entrée dans la vie divine par la grâce d’adoption. Mais même ainsi, Jésus n’avait en lui rien à purifier ni à convertir. L’important n’est donc pas tellement dans l’effet du baptême de Jean-Baptiste sur Jésus. Rien ne pouvait faire de Jésus plus et mieux que ce qu’il était déjà, depuis toujours en son éternité, sans que son Incarnation ait rien diminué de cette perfection toute divine. Alors pourquoi Jésus a-t-il voulu recevoir ce baptême qui ne lui apportait rien ?

Pour les hommes

Faut-il penser alors que Jésus a été le premier bénéficiaire de la Révélation apportée par la voix céleste lorsque les cieux se sont déchirés et que la colombe de l’Esprit-Saint a reposé sur lui tandis qu’on entendait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute ma joie »  ? Certains hérétiques ont cru cela : Jésus n’aurait été qu’un homme, adopté par Dieu lors de son baptême. Jésus serait devenu Dieu, ou aurait pris conscience qu’il était Dieu, à la faveur de cet événement spectaculaire. Mais Jésus était Dieu de toute éternité et il n’a pas eu à apprendre qu’il l’était. Il suffit d’ailleurs d’imaginer la scène pour en voir tout le ridicule : « Ça alors, je suis Dieu ! Incroyable ! » Si vraiment les choses s’étaient passées ainsi, à n’en pas douter Jésus serait sérieusement parti en vrille, avant de se faire interner en hôpital psychiatrique…

Saint-Jean-Baptiste.jpg
Le baptême du Christ par saint Jean le Baptiste.

S’il faut résumer, rien dans cette affaire n’est arrivé pour le bénéfice de Jésus. Il n’en a rien retiré pour lui-même. Ce constat vaut d’ailleurs pour la plupart des récits de l’Évangile : Jésus expérimente vraiment cette vie humaine qu’il a voulue assumer, il ne fait pas semblant, mais tout ce qu’il expérimente, tout ce qu’il vit, c’est pour nous qu’il l’expérimente et le vit. Durant son pèlerinage terrestre, Jésus est tout entier et toujours pour nous. Toute l’existence humaine de Jésus n’a qu’un seul but : nous enseigner, nous sauver, nous montrer son amour. C’est donc pour nous qu’il reçoit ce baptême et qu’il est désigné comme le Fils de Dieu.

La révélation de son humilité

D’ailleurs, si chez Marc (1, 7-11) ou Luc (3, 16) on pourrait très bien imaginer que toute la scène est une expérience intérieure à Jésus, du type du songe prophétique ou de la vision, la manière dont Matthieu (3, 11) rapporte la scène exclut cette hypothèse : il semble bien que la voix céleste s’adresse au spectateur de l’événement plutôt qu’à Jésus lui-même. Chez Jean (1, 32), le cousin Jean-Baptiste témoigne d’ailleurs solennellement qu’il n’a pas seulement baptisé Jésus, mais qu’il a vu la colombe de l’Esprit-Saint et entendu la voix du Père.

C’est donc que, dans le plan de Dieu, toute la scène était destinée, au minimum, à Jean-Baptiste. Il fallait que Jean-Baptiste voie et entende tout cela, pour qu’il puisse reconnaître Jésus comme le Messie, le Fils de Dieu. Il fallait que Jean-Baptiste voie et entende tout cela pour qu’il puisse en témoigner à la face du monde. Et par lui, c’est nous qui voyons les cieux s’ouvrir et la colombe descendre, c’est nous qui entendons la voix du Père proclamer : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. » Par Jean-Baptiste, nous assistons à l’intronisation de Jésus. Au baptême, Jésus est manifesté comme Dieu, comme Messie, comme Roi.

Le baptême de Jésus n’est pas seulement l’exaltation de sa gloire, c’est aussi la révélation de son humilité.

Cependant le baptême de Jésus n’est pas seulement l’exaltation de sa gloire. C’est aussi la révélation de son humilité. Il se soumet au rite du baptême dont il n’a pas besoin. Il est baptisé par son cousin à l’écart des foules. Surtout, il est plongé dans le Jourdain, qui est le fleuve le plus bas du monde, au-dessous même du niveau de la mer, comme un symbole de ce qu’il assume en prenant condition humaine et en portant notre péché : Lui qui est au-dessus de tout, choisit d’être en-dessous de tout, pour être aux côtés des plus petits parmi nous. Le Maître se révèle comme notre serviteur. 

Dans l’intimité de la Trinité

Mieux encore, le baptême de Jésus n’est pas seulement une révélation sur son identité personnelle. En plongeant dans les eaux du Jourdain, Jésus nous fait plonger dans l’intimité de la Trinité. La voix du Père se fait entendre pour le proclamer comme le Fils bien-aimé, la colombe de l’Esprit-Saint se pose sur lui. Les cieux se déchirent un instant pour nous révéler que si le Verbe seul s’est incarné, c’est toute la Trinité, Père, Fils et Esprit-Saint, qui est à l’œuvre à chaque instant de la vie terrestre du Christ et de l’éternité. Le Dieu unique se révèle comme une communion de trois Personnes dans l’amour.

Révélation christologique, révélation trinitaire, le baptême de Jésus charrie déjà de nombreuses significations. Mais à en rester là, la révélation nous demeure extérieure. Elle nous concerne comme nous concerne tout ce qui a trait à Dieu, mais elle ne nous engage pas encore personnellement. Pourtant, le baptême de Jésus nous concerne, parce que Jésus a plongé dans les eaux du baptême non pas pour être sanctifié lui-même, mais pour sanctifier l’eau qui servirait à notre baptême. Jésus instituait le sacrement du baptême, ce jour-là, en choisissant ce signe pauvre d’un bain d’eau qu’une parole accompagne. Plus tard, juste avant l’Ascension, sa dernière recommandation aux disciples sera :

« Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Mt. 28, 19)

Une nouvelle création

Et puis, il faut regarder précisément ce qui passe dans ce baptême : Jésus est englouti dans les eaux de la mort avant d’en ressortir vivant et désigné par Dieu comme son Fils bien-aimé. C’est un enseignement sur notre propre baptême. Lorsqu’un bébé ou un adulte est plongé dans les eaux du baptême, il est associé à la mort et à résurrection du Christ ; il meurt au péché et ressuscite à la vie divine. Tout baptisé devient lui aussi le fils bien-aimé du Père, non pas par nature comme le Christ, mais par adoption.

Enfin, la colombe de l’Esprit-Saint planant au-dessus des eaux du Jourdain rappelle la Genèse : le baptême est pour chaque chrétien une nouvelle création, nous sommes tous des créatures nouvelles faites pour vivre de l’Esprit du Christ avant de rejoindre le Père au Ciel. Et l’Esprit-Saint ne s’est pas contenté de voler au-dessus de nos têtes à notre baptême, il est là à chaque instant de notre vie, pour nous unir à Jésus et nous amener au Père.

En ce temps de Noël qui s’achève, contemplons donc dans le baptême de Jésus comme une cristallisation de tout le mystère chrétien, depuis la révélation du Dieu-Trinité jusqu’à notre salut et notre participation à la vie par les sacrements que Jésus, fils unique de Dieu, nous a laissés après s’être fait notre serviteur sur la Croix.

[EN IMAGES] Le baptême du Christ vu par les plus grands peintres :

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