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À Romans-sur-Isère, le plus vieux chemin de croix d’Europe

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© Emmanuel Georges pour la Ville de Romans.

Calvaire des récollets de Romans-sur-Isère.

Caroline Becker - publié le 01/04/21

À Romans-sur-Isère (Drôme) les fidèles ont la joie de pouvoir méditer le long d'un chemin de croix unique au monde. Vieux de 500 ans, il a la particularité de posséder 39 stations. Un trésor artistique et spirituel à découvrir en ce jour du Vendredi saint.

Construite sur les bords de l’Isère, autour de la remarquable collégiale Saint-Barnard, la ville de Romans possède un patrimoine historique et spirituel incroyable. C’est dans cette petite ville que se cache le plus ancien chemin de croix d’Europe dont la fondation remonte au XVIe siècle. Mais l’ancienneté n’est pas la seule singularité de ce chemin de croix. En cheminant à travers les stations, on découvre qu’il en possède en tout 39 ! Un nombre extraordinaire quand on sait qu’habituellement le chemin de croix est fixé à quatorze stations. 

Impulsés par les Franciscains de Terre sainte, les chemins de croix commencent à fleurir en Europe à partir du XIVe siècle. À cette époque, le nombre de stations n’est pas codifié, les paroisses multiplient donc les stations selon leurs envies. Véritables parcours dévotionnels, ils permettaient aux fidèles qui ne pouvaient pas se rendre en Terre sainte de revivre physiquement la Passion du Christ.

Le « Grand voyage » de Romans-sur-Isère

À Romans-sur-Isère, le parcours des pèlerins commence dans la ville, dans ce qu’on appelle le « Grand voyage », un chemin de croix urbain dont l’aboutissement se trouve au calvaire des Récollets. Construit par le marchand Romanet Boffin qui avait découvert un magnifique calvaire dans la ville suisse de Fribourg, le chemin de croix de Romans-sur-Isère se composait, à l’origine, de sept piliers commémorant la Passion du Christ qui aboutissaient à un calvaire entouré de deux chapelles. Dès son lancement, le pèlerinage connaît un succès fulgurant, renforcé par plusieurs guérisons miraculeuses. Mais les guerres de Religion ne l’épargnent pas. Le dimanche des Rameaux de 1562, les troupes protestantes détruisent les trois croix du calvaire. Un mois plus tard, il est incendié. 

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En 1583, grâce à la volonté de Félicien Boffin, le fils de Romanet, le calvaire renaît de ses cendres. L’arrivée de frères récollets favorise la reconstruction des grandes stations urbaines et celle du calvaire. En 1638, on dénombre pas moins de trente-sept stations disséminées dans la ville et le pèlerinage trouve une nouvelle vitalité. En 1679, le pape Innocent XI accorde même des indulgences aux pèlerins du calvaire de Romans, les mêmes que celles accordées à ceux partis à Jérusalem. C’est la consécration !

Mais à la fin du XVIIe siècle, le chemin de croix est victime du désintéressement des fidèles. En 1775, signe annonciateur du déclin du pèlerinage, la première station du « Grand Voyage » est enlevée pour établir une promenade à côté du marché. Les sans-culottes le dégrade en 1794. Et bientôt le calvaire est transformé en cimetière.

Par la foi d’un fidèle, le calvaire renaît

Si l’histoire du calvaire aurait pu s’arrêter là, c’était sans compter la foi de Pierre Larat qui devient propriétaire du cimetière et donc du calvaire en 1812. Le 15 novembre 1820, il décide de le vendre au diocèse de Valence. Sa seule condition ? Que le calvaire et les chapelles soient reconstruits et que le lieu continue de vivre spirituellement. Chose promise, chose due, en 1821, le père Louis-Barthélemy Enfantin pose une nouvelle croix sur le calvaire, point de départ d’une importante période de restauration du chemin de croix. Les années qui suivent, les stations sont modifiées, ajoutées, déplacées… À la fin du XIXe siècle, on en compte en tout quarante. Aujourd’hui, il y en a dix-neuf situées au calvaire et vingt et une disséminées dans le centre historique de la ville.

Revêtant des formes diverses et variées, les stations forment un appui visible pour le chrétien qui désire revivre au plus profond de son coeur la via dolorosa du Christ.

Restaurée en 2016 pour la fête des 500 ans, le chemin de croix de Romans-sur-Isère fait la fierté des fidèles qui, chaque Vendredi saint, continuent de méditer devant chaque station. Revêtant des formes diverses et variées (chapelles, niches, bas-reliefs…) elles forment un appui visible pour le chrétien qui désire revivre au plus profond de son coeur la via dolorosa du Christ. Dès le XVIe siècle, des tentures, sculpture et tableaux de la Passion, aujourd’hui conservées dans la collégiale Saint-Barnard, étaient exposés sur les stations. Ces représentations, propres à susciter l’émotion, devaient guider le fidèle dans son pèlerinage. La station 10 abrite d’ailleurs encore un tableau, « Jésus présenté au roi Hérode ». En 1942, une grande commande a d’ailleurs été confiée à Duilio Donzelli pour créer des bas-reliefs pour les stations dépourvues d’images.

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Au bout du « Grand voyage », le calvaire est l’aboutissement de ce long pèlerinage. Fatigués par le long chemin effectué dans les rues de la ville, les pèlerins doivent encore opérer un dernier effort pour atteindre le but de leur pèlerinage. En hauteur, accessible par trois grands escaliers, le Mont Golgotha. C’est là que les fidèles découvrent, au centre, le Christ crucifié entouré de Marie et Marie-Madeleine et des deux larrons. C’est ici qu’ils peuvent, enfin, méditer pleinement sur le sacrifice du Christ pour le Salut des hommes.

Pour découvrir quelques stations du chemin de croix de Romans-sur-Isère, cliquez sur le diaporama :

Tags:
ArtsPatrimoineVendredi saint
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