Ces derniers mois, la culture est restée confinée sur Internet. Quant aux musées, châteaux et autres lieux emblématiques du patrimoine de France, ils n’ont pu rouvrir leurs portes que depuis le 19 mai. Aussi, c’est une joie de renouer avec ces sites physiquement, de contempler “en présentiel” des chefs-d’œuvre plutôt que des reproductions numérisées. Près du Mans, le Conseil départemental de la Sarthe met en lumière, jusqu’au 19 septembre, la peinture sarthoise du XVIIe siècle mais aussi plusieurs artistes contemporains dans le cadre somptueux de l’abbaye royale de l’Épau.
30 ans de restauration au service des églises
L’abbaye est très accessible au visiteur, qui, en vingt minutes de tramway depuis la gare du Mans, peut aisément basculer huit siècles en arrière en arrivant sur ce site majestueux. Construite à la fin des années 1220 à la demande de la reine Bérengère de Navarre, veuve de Richard Cœur de Lion, l’abbaye est un bel exemple d’architecture cistercienne. Quand on pénètre dans ce lieu, on est frappé par la dimension sereine de l’abbaye et la tranquillité du parc.
L’exposition « Trésors d’Art sacré » qui y est présentée offre au visiteur un large panel de peintures et de sculptures sarthoises, majoritairement du XVIIe siècle, comme la touchante Présentation de la Vierge au Temple de François Mongendre, qui provient de l’ancienne église paroissiale Notre-Dame, à Sablé-sur-Sarthe. Les peintres manceaux, comme Mongendre ou Besnard, aux influences parisienne et romaine, se caractérisent par des personnages francs et affirmés et le traitement délicat de la lumière. François Fleuriot propose quant à lui des compositions intéressantes, que ce soit dans ses Vierges du Rosaire, de la Cène ou l’Adoration des bergers.
On trouve aussi quelques pièces antérieures au XVIIe siècle. C’est le cas d’une superbe Vierge à l’Enfant datant du milieu du XIVe siècle, dont la restauration est véritablement exemplaire puisque les sept couches de repeints qui s’étaient accumulées avec les siècles ont été décapées, ce qui a permis de rendre au modèle sa douceur d’origine. Le visiteur ne peut qu’être frappé par la délicatesse du travail de restauration qui a nécessité des centaines d’heures pour rendre aux œuvres leur splendeur et leur authenticité. C’est aussi ce qui est saillant dans cette exposition. Elle n’est pas uniquement le rassemblement de belles œuvres ! C’est aussi, et surtout, la présentation du travail des artisans qui ont réussi à se faire le trait d’union du passé et du présent. C’est grâce à leur labeur – sur trente ans – et leur talent que nous pouvons, encore aujourd’hui, admirer ces chefs-d’œuvre de l’art sacré. À terme, tous les tableaux retrouveront les murs de leur église.
Informations pratiques : « Trésors d’art sacré » – 30 ans de restauration par le Département de la Sarthe, abbaye royale de l’Epau, jusqu’au 19 septembre.