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À Sainte-Anne-de-la-Bosserie, l’aïeule de la Bretagne qui ne vous oublie jamais

Sainte-Anne Bosserie

© Google street view

La chapelle de Sainte-Anne de Romagné.

Anne Bernet - publié le 24/07/21

La chapelle de Sainte-Anne de Romagné, près de Fougères, date du XVIe siècle, alors que les guerres de Religion déchirent les Français. Comme pour se rappeler au bon souvenir de ses fidèles, et même de ses infidèles, sainte Anne s’y est manifestée souvent comme la mère qui ne les oublie jamais.

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Il existe plus de six cents sanctuaires, grands ou petits, dédiés à sainte Anne en Bretagne. C’est la moindre des choses ! N’est-elle pas la Mamm Goz, la grand-mère des Bretons ? Celui du hameau de la Bosserie, en Romagné près de Fougères (Île-et-Vilaine), n’en est qu’un parmi tant d’autres mais son histoire est belle. À la fin du XVIe siècle, tandis que l’affrontement entre la Ligue et Henri IV fait rage, un magistrat fougerais, Pierre Le Maignan, qui a rallié le parti du Béarnais nonobstant son protestantisme, se voit demander par celui-ci de venir le rejoindre à Tours, où il séjourne afin de lui exposer l’état de la région. 

Ce voyage eût été peu de chose en des temps moins troublés mais, alors que les troupes ligueuses et catholiques du duc de Mercœur sillonnent la Bretagne, tomber en leur pouvoir, c’est la quasi certitude, pour le pauvre Le Maignan, de finir branché… Comme un sort pareil ne le tente pas, Pierre promet alors à sainte Anne, que son épouse et lui ont jadis beaucoup prié quand ils désespéraient d’avoir une postérité, de lui élever une belle chapelle sur ses terres de La Bosserie s’il revient sain et sauf de son voyage.

Le vœu du magistrat

Sainte Anne entend la prière de son dévot et Pierre Le Maignan regagne Fougères sans encombre puis, fidèle à sa promesse, il entreprend les travaux de la chapelle promise. Hélas, il n’en voit pas l’achèvement car il meurt alors que le chantier est bien loin d’être fini. Son épouse, Marie Eschard, qui lui était très attachée, en tombe malade à son tour et les médecins la jugent bientôt perdue, elle aussi. Une seule chose désole la veuve : elle va mourir sans avoir respecté le vœu du cher défunt… Or, comme elle est au plus mal et que l’on désespère d’elle, sainte Anne lui apparaît et lui assure une guérison complète, pourvu que les travaux de sa chapelle soient menés à bien. Marie Eschard promet et tient parole. En 1602, la chapelle, typique des constructions de la région, donc très jolie, est terminée. Elle est ornée, entre autres d’un beau tableau représentant sainte Anne, tout de rouge vêtue, enseignant à lire à Marie, adolescente primesautière habillée de bleu et de blanc. 

La reconnaissance, un quart de siècle plus tard, des apparitions de sainte Anne à Yvon Nicolazic, un paysan d’Auray, auquel elle demanda de faire reconstruire l’église qu’elle possédait jadis au lieu-dit Keranna, « brûlée voilà 992 ans », donna au culte de sainte Anne en Bretagne un renouveau d’autant plus inespéré qu’à l’époque, maints prêtres et évêques se défiaient de dévotions teintées de paganisme. Faute de se rendre à Auray, beaucoup de gens du pays fougerais prirent l’habitude de se rendre à Sainte-Anne-de-Romagné pour lui confier la résolution de leurs problèmes. L’aïeule des Bretons fut aussi beaucoup priée à l’époque afin d’éloigner du duché les épidémies de peste, variole, rougeole ou diphtérie qui frappaient les populations.

En 1944, la prière des communistes

Il en alla du sanctuaire de La Bosserie comme de bien d’autres : la Révolution, s’il l’épargna, les idées des Lumières, puis la Modernité, contribuèrent à en écarter les fidèles qui avaient désormais d’autres recours jugés plus sûrs que ceux des saints du Paradis. Ces recours trop humains parurent pourtant bien fragiles à la population locale dans la nuit du 2 au 3 août 1944 lorsque les troupes allemandes qui se replient devant l’avancée américaine, décident de détruire le village. On est là dans la Bretagne ouvrière, où l’on vote facilement communiste et se moque des curés, mais, devant la gravité du péril, l’on ne barguigne pas et même les Rouges du village promettent solennellement qu’ils ne seront pas ingrats si l’ennemi déguerpit sans mettre ses menaces à exécution. Dans la matinée du 3 août, les Allemands s’en vont ; Romagné et ses habitants sont épargnés. Comme le rappellent les images du sanctuaire, c’est à « la bonté insigne de sainte Anne » que le hameau de La Bosserie dut d’être « préservé d’un danger réel ».

À peu près au même moment, à Querrien, lieu des seules apparitions mariales reconnues en Bretagne, Marie, écoutant les vœux des élus communistes, et ceux du recteur, épargne un sort similaire au village qu’Elle a visité autrefois. Décidément, mère et fille travaillaient de concert cet été-là !

Tags:
Bretagnesainte anneSanctuaires
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