“À n’en point douter, ce rapport sera douloureux. Un choc.” Les mots du père Vincent Breynaert, responsable de la pastorale des jeunes et de la pastorale des vocations, ne laissent pas place au séisme qui se prépare pour l’Église en France . Après avoir mené l’enquête pendant près de trois ans la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), présidée par Jean-Marc Sauvé, présente son rapport mardi 5 octobre. Un événement qui s’annonce être une onde de choc. Dans une lettre adressée à ses équipes ayant une responsabilité pastorale auprès des jeunes et des animateurs, le père Vincent Breynaert a décidé de les préparer à la réception de ce document.
“Cette douleur, c’est d’abord et avant tout la douleur des enfants victimes”, explique-t-il. “Cette douleur, c’est aussi celle de tous ceux qui, de près ou de loin, ont été touchés par les crimes perpétrés : en particulier les familles et entourages qui ont porté un fardeau terrible et les conséquences de ces crimes. Cette douleur est aussi partagée par toute l’Église”. Une douleur qu’il faudra accueillir humblement et laisser l’émotion s’exprimer. “Nous aimerions vous inviter à ne pas craindre les émotions, les vôtres, celles des jeunes et des familles. Laissez jaillir les sentiments divers, de la colère au mutisme, de la honte aux paroles dures contre l’Institution”, reprend-t-il.
Il nous faut ensemble “absorber” le choc.
Certains parents ne souhaiteront certainement plus confier leur enfant à l’aumônerie, certains étudiants ne reviendront pas à la soirée étudiante. Pour beaucoup la confiance qu’ils ont en l’Église “sera abîmée ou brisée”, prévient le père Vincent Breynaert. “Avec l’aide de la grâce, en son temps, nous essaierons patiemment de la retisser.” “Écoutons et sachons nous taire”, insiste-t-il. “Le dialogue avec les jeunes ne peut se faire sans laisser vivre les émotions et sans donner place aux remarques et sentiments variés. Il nous faut ensemble “absorber” le choc”.
En tant que personnes engagées dans l’Église “vous serez souvent en première ligne pour accueillir la colère et le désarroi mais aussi témoins du soutien et de la fraternité généreuse à l’œuvre”, les met-il en garde. “Peut-être êtes-vous aussi directement ou indirectement concernés par ces crimes. Bref, on n’est pas dans le théorique. Soyons délicats les uns avec les autres !”.
De l’écoute, de l’attention, de la délicatesse… et de la prière. “Nous vous invitons à prendre le temps de prier et d’invoquer la miséricorde de Dieu”, appelle encore le père Vincent Breynaert. “Le Christ est la tête de l’Eglise. Nous sommes son corps.”