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Cela n’aura échappé à personne, la gestation pour autrui fait la une. Le gouvernement n’avait de cesse de fredonner qu’il s’agissait d’une ligne rouge. Du rouge, on en voit, mais c’est celui du tapis déroulé à des stars des médias qui ont eu recours à cette pratique à l’étranger. Une seule face de la médaille est dévoilée, comme dans le livre Fils à papa(s) (Plon) : celle où tout va très bien, Madame la marquise. Toutes ces images glamour ont vocation à habituer les esprits. Dans un contexte où on s’interdit tout « jugement », et où l’autocensure enfle, par peur, il est difficile de garder sa liberté intérieure. Quand on commence par ne plus oser dire, on finit par ne plus oser penser… C’est ainsi que l’idée de gestation pour autrui s’installe insidieusement dans les mentalités, et cette anesthésie des consciences commence par le vol des mots.
Des « mots-trompeurs » sont inventés pour nier la réalité. « Gestation pour autrui » introduit l’idée d’altruisme, contre lequel il est difficile de s’opposer. Au lieu de parler de mère porteuse, certains diront « femme porteuse », pour (dé)nier l’expérience de la grossesse. Mais le piège le plus répandu reste celui de cet oxymore, qui accole deux mots antinomiques : « GPA éthique ».
Un bébé par contrat
« Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté », écrivait Orwell. Il est difficile d’oser contester une pratique qui aboutit à la naissance d’un enfant. Mais le piège du « conséquentialisme » est simple à décrypter : c’est la pensée qu’une conséquence bonne devienne le seul critère pour qu’un acte devienne juste ou bon. Un enfant, infiniment précieux et respectable, est toujours une « conséquence » bonne. Cela ne légitime pas pour autant tous les modes de procréation, certains restent contraires à la dignité humaine et à l’intérêt supérieur de l’enfant. La vie humaine n’a pas de prix, parce qu’elle a une inestimable dignité, et la dignité de la personne inclut son mode de conception et la grossesse.
L’explication du phénomène est simple : très peu de femmes acceptent de porter l’enfant d’une autre. Le moteur financier convainc plus facilement, les demandeurs se tournent alors vers les GPA payantes, qui rencontrent plus de volontaires. Et donc vers les pays pauvres.
La GPA est interdite en France, mais certains y recourent à l’étranger, dans un laxisme judiciaire aussi coupable qu’ahurissant. Face à cette réalité, certains suggèrent de légaliser une GPA « vraiment » altruiste : celle qui serait gratuite. Comprendre : celle dans laquelle la mère porteuse ne réalise aucun bénéfice. C’est une absolue illusion d’éthique. Admettre une GPA — quel que soit le nom qu’on lui donnera — revient à admettre comme licite la transaction délibérée et préméditée du bébé. Gratuit ou payant, qu’est-ce que ça change pour l’enfant ? Le simple fait de prévoir par contrat avant même qu’il ne soit conçu, qu’il puisse être donné, le chosifie.
Appel d’offres
Tolérer la GPA, sous quelque forme que ce soit, revient à en accepter les mécanismes d’exploitation des femmes et des enfants qu’elle exige. Et c’est oublier volontairement qu’il s’agit d’un marché de plusieurs millions de dollars, avec ses logiques d’expansion. La mère porteuse est un maillon, certes essentiel, mais l’industrie est globale : cliniques, avocats, étuves, frigos, hormones, banque de gamètes, matériels de fécondation in vitro… Et bien sûr, tests préimplantatoires et prénataux : le « contrôle qualité » est une dynamique eugéniste inhérente à cette logique de procréation artificielle. Et quand la GPA est admise, l’appel d’air, ou d’offre, ne manque pas d’arriver. Les pays ayant légalisé une GPA prétendument « éthique » sont aussi les plus gros consommateurs à l’étranger. L’explication du phénomène est simple : très peu de femmes acceptent de porter l’enfant d’une autre. Le moteur financier convainc plus facilement, les demandeurs se tournent alors vers les GPA payantes, qui rencontrent plus de volontaires. Et donc vers les pays pauvres.
Une solution ? Une volonté politique mondiale, pour y mettre fin. Et rappeler sans fin que plus que donner la vie à un enfant, on le donne à sa vie. Ce qui mérite d’agir courageusement, non comme « propriétaires », mais comme passeurs et serviteurs de la vie.