Quand on découvre l’histoire poignante de Peter Hepp, 59 ans, on entre dans le monde des sourds-aveugles, handicap aussi complexe que mal connu du grand public. Né le 30 juin 1961, à Rottweil, en Allemagne, Peter, hormis son absence de parole, se développe de la même manière que les autres enfants. Ses parents pensent alors que leurs fils a un blocage psychologique qui l’empêche de s’exprimer normalement. Ce n’est que lorsque Peter a 3 ans que le médecin lui diagnostique son vrai handicap : la surdité totale. La nouvelle est un choc pour la famille.
Durant sa petite enfance, Peter a du mal à communiquer. Mais grâce à son intelligence au-dessus de la moyenne, il sait observer les gens, devine parfaitement leur humeur et déchiffre les gestes simples qu’on lui montre. À l’âge de 6 ans, il est envoyé dans une école catholique qui comprend un internat pour les enfants sourds dirigé par des religieuses. Le début de sa scolarité est difficile, mais au fil du temps, le garçon s’y acclimate et se lie d’amitié avec d’autres enfants sourds.
Après avoir terminé l’école primaire, Peter décide de poursuivre ses études près de la maison familiale. Avec l’aide d’un ami, il s’inscrit à une formation de monteur. Seulement, il est le seul élève sourd. Pour le jeune garçon, commence alors une période de grande solitude et d’exclusion, personne ne lui parle comme s’il était invisible. C’est à ce moment là qu’il ressent un appel : celui d’aider les personnes sourdes et comprend que le diaconat est la meilleure voie pour lui.
Du désespoir au retour à la foi
Quelque temps plus tard, Peter remarque que sa vue commence à se détériorer de façon impressionnante. Une visite chez le médecin n’apporte pas de bonnes nouvelles. Pour la première fois, on met un mot sur sa maladie. Il s’agit du syndrome d’Usher, une maladie génétique très rare qui se caractérise par une combinaison de surdité ou de perte d’audition avec une déficience visuelle progressive. Le diagnostic laisse Peter dans un désespoir profond accompagné de pensées suicidaires. Il laisse alors tomber son projet de devenir diacre car sa seule priorité est d’apprendre l’alphabet Braille comme celui de Lorm. Ce dernier permet aux personnes sourdes-aveugles de communiquer : les lettres sont placés sur la main de la personne handicapée. En touchant successivement les lettres, on forme des mots.
Petit à petit, Dieu ôte le chagrin du cœur du jeune homme. Il lui montre qu’en tant que sourd-aveugle, il peut, lui aussi, apporter l’Évangile aux autres.
petit à petit, Dieu ôte le chagrin du cœur du jeune homme et lui montre qu’en tant que sourd-aveugle, il peut, lui aussi, apporter l’Évangile aux autres. Retrouvant la paix intérieure, Peter décide finalement de se remettre entièrement à la grâce du Seigneur et se réconcilie avec la vie.
Coup de foudre
Alors qu’il est l’hôpital de Heidelberg pour une opération d’implantation de prothèses auditives, Peter rencontre l’amour de sa vie. Elle s’appelle Maïta et elle est stagiaire à dans le service où se trouve Peter. Celui-ci est immédiatement séduit par la franchise et l’absence de préjugés de la jeune femme. Pour communiquer avec lui, elle souhaite apprendre l’alphabet de Lorm. Le coup de foudre est réciproque. Bien sûr, la relation n’est pas exempte de soucis. Les parents de la jeune fille ont de grands doutes quant au choix du cœur de leur fille mais les jeunes amoureux ne renoncent pas et se marient religieusement le 29 août 1998.
L’ordination
Après le mariage, Peter s’implique dans les activités sociales pour les personnes sourdes et sourdes-aveugles. Son directeur spirituel, le père Huber, n’est pas immédiatement convaincu que Peter puisse devenir diacre. Cependant, il comprend qu’il s’agit véritablement d’un appel de Dieu. Il décide alors de soutenir Peter et de l’aider à réaliser son rêve. En septembre 2000, Peter devient aumônier des sourds-aveugles. Avec sa détermination et sa persévérance, il obtient l’aide de sa paroisse qui lui accorde de l’argent pour payer des interprètes spécialisés. Une fois les examens passées, Peter reçoit enfin son ordination diaconale le 7 juin 2003.
Grâce à Maïta, l’aide de ses amis, mais surtout sa foi en Dieu et une grande détermination, Peter a redécouvert le sens de la vie et a réalisé sa vocation de diacre pour les sourds et les sourds-aveugles. “Dieu a résolu tous les obstacles qui se trouvaient sur mon chemin”, écrit-il dans son livre autobiographique.