Mère Teresa souhaitait que, durant l’Avent, une mangeoire vide et un panier rempli de paille soient installés dans la chapelle à côté de l’autel. Chaque fois qu’elles faisaient un sacrifice, les sœurs jetaient un brin de paille dans la mangeoire. Cette année-là, dans le petit couvent des Missionnaires de la Charité que Mère Teresa venait de créer à Moscou, on avait mis tellement d’amour à préparer la venue de Jésus que la mangeoire débordait.
La veille de Noël, Mère Teresa reçut un coup de téléphone. Des sœurs étaient demandées pour soigner les patients d’un hôpital pour enfants malades, en Arménie. En effet, dans ce glacial pays, voisin de la Russie où se trouvait alors Mère Teresa, il y avait eu un terrible tremblement de terre. Les maisons s’étaient écroulées les unes sur les autres et beaucoup d’enfants avaient été gravement blessés. Dès que Mère Teresa apprit cela, elle ne voulut plus attendre une seconde de plus. Il fallait partir tout de suite à la rencontre de ces enfants qui souffraient, puisqu’ils étaient Jésus à consoler, à servir. Le jour de Noël serait parfait pour arriver là-bas, déclara-t-elle. Mère Teresa était toujours très pressée de répondre à l’appel de Jésus.
Mais, le lendemain, le 25 décembre, à Moscou, c’était la tempête. Les gens, suffoqués de surprise, regardaient les petites religieuses vêtues de leurs saris, en sandales dans la neige, qui se rendaient à l’aéroport pour prendre l’avion. Mère Teresa n’avait même pas de chaussettes. Elle était très célèbre, car elle avait reçu le prix Nobel de la paix. Aussi, elle fut accueillie comme un personnage important, et on l’installa avec ses sœurs dans une belle salle d’attente, le temps de savoir si les avions pourraient décoller malgré la tempête de neige.
À peine arrivée dans la pièce, Mère Teresa se mit à saluer tous les voyageurs, et, farfouillant dans son sac à trésors, elle donna à chacun une médaille miraculeuse. Les passagers étaient bien étonnés de voir s’approcher d’eux cette minuscule religieuse toute penchée. Elle souriait à chacun et expliquait qu’en portant la médaille, il fallait dire : “Marie, mère de Jésus, sois aussi ma Mère.” En quelques minutes, tout le monde était conquis. Puis, les sœurs organisèrent un grand cercle avec les chaises de l’aéroport, et, tout doucement pour ne pas déranger, elles se mirent à chanter l’office. Dans ce pays, communiste à l’époque, et où Dieu était rejeté, le silence qui s’installa fut saisissant. On se serait cru dans une cathédrale en prière. Alors, Mère Teresa sortit de sa sacoche une dernière surprise : des œufs de Pâques ! Des œufs de Pâques à Noël !
Presque tous les vols avaient été annulés en raison du temps. Mais la main de Dieu ne cessait de guider Mère Teresa : l’avion pour l’Arménie décolla, et le soir-même, elle était auprès des petits enfants malades.
Conte publié initialement dans “24 histoires pour attendre Noël avec les saints“, Mame.