Elle n’aurait jamais pu imaginer être là il y a encore un mois. Et pourtant. Ola, jeune mère ukrainienne réfugiée en Italie depuis 3 semaines, est venue prier place Saint-Pierre. Caressant de sa main les cheveux de son fils enveloppé dans un drapeau ukrainien, elle regarde, les yeux humides, l’un des écrans géants. Le pape François a invité les catholiques du monde entier pour consacrer au Cœur immaculé de Marie l’Ukraine et la Russie. Ils sont nombreux à Rome à avoir répondu à l’appel. “C’est si important de prier Marie pour la paix”, glisse Ola, dont le mari est resté au pays.
Dans la basilique Saint-Pierre, le pape François s’est placé devant la statue de Notre-Dame de Fatima. Lentement, il prononce la prière de consécration, un mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie :
Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. Accueille cet acte que nous accomplissons avec confiance et amour, fais que cesse la guerre, assure au monde la paix.
Sur la place Saint-Pierre, le brouhaha des touristes a laissé place à un profond silence. Religieuses, prêtres et laïcs, tous sont venus prier à l’unisson pour la fin des combats qui ont déjà fait des milliers de morts. “Ce moment est très fort, historique”, confie le père Gaetano, un prêtre étudiant italien venu avec un ami franciscain. “C’est un moment de pleine communion avec les évêques du monde entier. Nous espérons que cela aura un effet sur la paix”, poursuit-il.
Non loin de lui se trouve une autre femme ukrainienne. Christiana est arrivée il y a seulement une semaine à Rome pour rejoindre en hâte une partie de sa famille. Avec son enfant d’un an, elle a fui sa maison. “Nous avons appris que des bombes sont tombées à 2 kilomètres de chez nous”, murmure-t-elle. “Cette prière est importante… Qu’elle aide l’Ukraine à la victoire contre le mal”.
Nous sommes tous sous le manteau de Marie ce soir.
Dans la basilique, le pape François, qui vient de demander à la Vierge de préserver “le monde de la menace nucléaire”, dépose un bouquet aux pieds de Notre-Dame de Fatima, transférée depuis le sanctuaire de San Vittorino, dans le diocèse de Tivoli. “Je viens de sortir d’un cours à l’université et suis venue ici pour m’unir à cette consécration”, confie une jeune religieuse italienne. “Nous sommes tous sous le manteau de Marie ce soir”, poursuit-elle.
“C’est beau de savoir que le monde entier prie au même moment. Nous sommes tous convoqués par le Pape. J’ai plusieurs amis dans divers pays qui sont en train de prier à l’unisson”, souffle pour sa part Cécile, une jeune française habitant la capitale italienne. “Cela me fait penser à la prière du 27 mars 2020, pendant la pandémie, où le Pape était seul sur la place Saint-Pierre, en union avec le monde”.
En communion avec d’autres sanctuaires
Comme cela avait été demandé, les diocèses du monde entier ont donc prié la Vierge pour la paix. À Paris, dans la basilique de Montmartre, à Washington, au sanctuaire national de l’Immaculée conception ou encore dans la cathédrale de Vienne, les fidèles et leurs évêques ont ensemble prononcé l’acte de consécration.
À Fatima, lieu de l’apparition mariale à l’origine de la demande de consécration de la Russie, c’est le cardinal Konrad Krajewski, aumônier apostolique du Pape envoyé pour l’occasion qui a fait la lecture. Rassemblés au même moment dans la basilique de la Sainte Mère de Dieu de Zarvanytsia, de nombreux membres de l’Église gréco-catholique ukrainienne, emmenés par l’archevêque majeur S.B. Sviatoslav Shevchuk, étaient aussi unis à Rome.