“Il n’est pas bon que l’homme soit seul” (Gn 2, 18). L’amitié est un besoin, selon Platon, car elle provient d’un manque.
Elle est aussi une émotion, tenant du plaisir ou de la joie (Spinoza). Pour Aristote, elle est une condition du bonheur, reposant sur le partage et la fidélité. L’amitié vécue avec plusieurs personnes est agapé, avec un petit nombre, philia. “Aimer est la vertu des amis” pour Aristote. Voilà une vertu qui se partage forcément dans une réciproque, même dans l’amour des ennemis, quand on est ami de quelqu’un qui ne nous aime pas. Cette vertu éminente consiste à être joyeux de ce que l’ami soit, en lui disant : “Il est bon que tu existes !”. Mais jamais pour le posséder.
L’amitié n’est pas du même ordre que la passion amoureuse, l’eros, intéressant le corps, prenant la totalité de l’être, souvent totalitaire et connaissant l’usure, pas toujours réciproque. L’eros prend ou reçoit, est vite possessif ou répulsif, fusionnel et souvent sans liberté.
L’amitié, la philia, au contraire, donne et partage. Un ami se choisit, souvent pour un même centre d’intérêt. L’amitié peut se vivre dans une certaine distance. Elle préserve la liberté.
Son contraire se nomme : contestation, haine, médisance, calomnie ou dans l’autre excès adulation, courtisanerie.
Saint Thomas d’Aquin la place du côté de la justice, car elle maintient un ordre harmonieux entre les personnes. C’est une vertu très sociale. L’amour passionnel est d’avantage pour un seul, l’amitié d’avantage pour plusieurs.
Spirituellement, elle s’appelle vertu de charité, théologale, car elle a son origine en Dieu. Elle nous fait imiter Dieu qui est Amour. La charité est la reine des vertus, qui sera vécue parfaitement dans le ciel. “Au soir de l’amour nous serons jugés sur l’amour” (Jean de la Croix).
Résolution : Je marque le coup avec quelqu’un que j’aime d’amitié, en lui témoignant un geste ou une parole de bienveillance.