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Indonésie : dix ans de prison pour le youtubeur chrétien Kacé

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Me Martin Lukas

Muhammad Kacé (à droite) avec son fils Me Febry (à gauche), qui fait partie des avocats de la défense.

Thomas Oswald - publié le 06/04/22

La sentence du juge est tombée ce mercredi 6 avril 2022, comme un couperet sur la tête de Muhammad Kacé, un youtubeur chrétien indonésien. Jugé pour une vidéo considérée comme "blasphématoire", il a été condamné à dix ans de prison. Une décision de justice inédite dans le pays.

Le grand public découvrait le visage de Muhammad Kacé à la Une des médias indonésiens en septembre 2021. Un visage tuméfié, portant les marques des sévices qu’il avait subi en cellule. Le prédicateur chrétien, ancien musulman et youtubeur à succès, avait été arrêté dans des circonstances défiant le droit de son pays. Une simple recommandation du Conseil des oulémas avait suffi à mettre en branle les forces de police. 

Il lui était reproché une vidéo dans laquelle il dénonçait les appels à la violence que contiennent le « Kitab Kuning ». Ce « livre jaune » qui sert à enseigner la religion aux enfants reprend en effet des hadiths et des sourates du Coran peu amènes à l’égard des minorités religieuses. C’est donc un texte dangereux dans un pays où 80% des habitants sont musulmans, et où les minorités sentent la pression contre eux grandir. Et Muhammad Kacé parle en connaissance de cause, car il était lui-même clerc musulman avant sa conversion, et qu’il a lui-même enseigné à des élèves dans l’une des écoles coraniques de l’archipel. Dans ses vidéos, il s’en prenait au phénomène d’arabisation de l’islam indonésien. Il en appelait à une « prise de conscience » du phénomène nouveau qu’il voyait à l’œuvre dans son pays. Le voile remplaçant le sarong traditionnel, la multiplication des prêches haineux, la formation des imams dans la Péninsule arabique… 

Tentatives d’intimidation

Un grand combat pour cet homme de 54 ans, boiteux et diabétique, sur lequel s’est abattu la haine des extrémistes religieux. L’un de ses avocats, Martin Lukas a déjà annoncé qu’il allait faire appel, malgré les risques qu’il encourt. Car le procès subit la pression continue d’extrémistes qui ne cachent pas leur volonté d’éliminer purement et simplement l’accusé. Lors des premières séances, plusieurs d’entre eux se sont introduits dans la salle d’audience pour l’insulter. Ils ont été mis dehors, mais à présent, ils chantent devant la salle, sur l’air d’une comptine enfantine : « Pendez, pendez, pendez Kacé ! »

Nous n’allons peut-être pas gagner, mais nous allons nous battre.

Martin Lukas n’entend pas abandonner le combat malgré ces tentatives d’intimidation : « En apposant la première signature au contrat qui nous lie à Muhammad Kacé, nous connaissions déjà les risques. Nous n’allons peut-être pas gagner, mais nous allons nous battre. » Parmi les douze avocats qui se sont portés volontaires pour défendre Muhammad, seuls quatre se sont maintenus jusqu’à présent. Ils protestent contre la parodie de justice donnée ce mercredi. Leur client n’a pas été condamné en raison de la loi anti-blasphème, qui prévoit une peine maximum de 5 ans, mais en vertu d’une loi martiale datant du milieu du XXe siècle, condamnant la « diffusion de fausses informations ». Cet étonnant tour de passe-passe a permis la présente peine de 10 ans, qui risque fort d’être fatale à Muhammad Kacé.

Ce même 6 avril, Munarman l’ancien porte-parole du Front des défenseurs islamiques a été condamné par un autre tribunal indonésien à trois ans de prison. Ce « Barabbas » du XXIe siècle, ancien porte-parole du Front des défenseurs islamiques, s’était publiquement vanté d’avoir organisé un « pogrom » contre la minorité musulmane ahmadi. Ce qui lui vaut sa condamnation actuelle est son activité avérée de recruteur de combattants djihadistes pour le compte de l’État islamique.

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