Le temps étant maussade et finalement pluvieux en cette fin d’après-midi à Rome : la cérémonie a donc été relocalisée, comme prévu, dans l’Aula Paul VI à l’intérieur du Vatican. Dans ce cadre moins intime et prestigieux que la cour Saint-Damase, parents, officiels et autres personnalités et groupes invités ne remplissaient pas le quart de la salle. Mais les ordres criés en allemand et français ont résonné spectaculairement sous la grande voûte moderne qui accueille régulièrement – en particulier en hiver – les audiences du Souverain pontife.
Après la lecture du récit du glorieux sacrifice des gardes suisses pour sauver le pape Clément VII lors du Sac de Rome, 495 ans auparavant, puis le retentissant avertissement de trois trompettes, la Garde est entrée au son du roulement sec des tambours. Uniformes de gala, armures et spalières rutilantes, casques au panache couleur sang, armes au poing, ils ont formé un piquet sur l’estrade devant l’immense statue de la Résurrection. Le commandant Christoph Graf l’a présenté au substitut Edgar Peña Parra, qui représentait le pape François pendant cette cérémonie.
Les hymnes des deux pays ont ensuite retenti, plusieurs discours ont été prononcé puis est venu le moment attendu. Un à un, les hallebardiers se sont présentés d’un pas lent, les gestes saccadés, devant le drapeau coloré de la Garde. Levant deux doigts, la main sur l’étendard, ils ont tous juré, dans leur langue natale respective, de défendre le pape François et son éventuel successeur jusqu’à la mort si nécessaire, demandant à Dieu et à ses saints patrons de l’assister dans sa noble tâche.
Cette année, il étaient 36 à faire cette démarche. Arrivés huit mois auparavant, ces jeunes Suisses catholiques pratiquants, âgés entre 19 et 30 ans, et mesurant au moins 1,74 mètre, comme le veut le règlement, viennent grossir les rangs de l’armée du pape, qui, à la demande du pape François, est passée récemment de 110 à 135 membres en 2015.
Le pape François a reçu comme chaque année les 36 nouvelles recrues des gardes suisse et exprimé la fierté du Vatican d’abriter cette petite armée à la mission “fascinante”, demandant aux jeunes militaires d’être des témoins de la foi même dans leurs temps libres.
Dans son discours au palais apostolique, où il s’est rendu en fauteuil roulant, l’évêque de Rome a remercié tout le Corps de la Garde suisse pontificale pour sa collaboration quotidienne “précieuse” et historique. Au cours des siècles, a-t-il dit en référence notamment au Sac de Rome (1527), certains gardes “ne se sont pas soustraits aux épreuves les plus dures, jusqu’à verser leur sang pour défendre le Pape et lui permettre de réaliser sa mission en toute indépendance”.
Le Saint-Siège compte sur vous ! La Cité du Vatican est fière de votre présence sur son territoire !
“Le Saint-Siège compte sur vous ! La Cité du Vatican est fière de votre présence sur son territoire !”, a alors lancé le pontife de 85 ans aux soldats connus pour leur uniforme bigarré. Soulignant leur “responsabilité au cœur de l’Église universelle”, il les a encouragés à vivre selon “le style de frères qui se professent chrétiens”, y compris pendant leurs moments de permission.
Au cours de cette audience où les nouvelles recrues étaient entourées de leurs familles, le pape François s’est attristé de la récente mort accidentelle d’un ancien garde, Silvan Wolf, qui a servi au Vatican jusqu’à la fin de l’année 2021. “Un brave garçon, avec de la joie, de la gaieté”, s’est remémoré le pontife argentin, invitant à un temps de silence pour ce jeune de 25 ans victime d’un accident de tir lors d’une fête dans les Grisons.
Dans les prochaines années, la célèbre armée dont les effectifs, à la demande du pape François, doivent croître de 25% pour atteindre 135 soldats, va voir le réaménagement de sa caserne. Un chantier évalué à 50 millions de francs suisses, qui doit être validé par l’Unesco.