La semaine annuelle Laudato si’ se déroule du 22 au 29 mai, à l’initiative du Dicastère pour le développement humain intégral. Sept ans après la parution de l’encyclique, l’évènement a été lancé par le pape François le 22 mai. Au cours de son angélus dominical, le Saint-Père a invité l’ensemble des catholiques à y participer, afin d’”écouter plus attentivement le cri de la Terre, qui nous stimule à agir ensemble pour prendre soin de notre maison commune”. Le pape a également fait référence à une initiative originale : le lancement d’une plate-forme Internet dédiée à Laudato si’, animée par le même dicastère. Sur le thème “Écouter et cheminer ensemble”, cette édition de la semaine Laudato si’ aura été marquée par des journées thématiques et de multiples évènements internationaux, nationaux et locaux. Samedi 28 mai sera ainsi consacré à la spiritualité écologique. Une prière conclura la semaine, dimanche 29 à 15 heures, et un texte de prière spécifique a par ailleurs été diffusée pour cette occasion.
Laudato si’ : un texte durable
Comme, en son temps, l’Évangile de la vie de Jean Paul II, et à l’inverse de maints manifestes politiques publiés le temps d’une élection et très vite obsolètes, Laudato si’ est un texte “durable” qui n’en finit pas de “mettre en marche” des personnes et des communautés, dans le monde entier. Un foisonnement d’initiatives s’en revendiquent déjà. Trop souvent dévoyée voire dénaturée par certains discours politiques incohérents, l’étiquette “écologie” rebute toutefois encore nombre de fidèles des pays occidentaux. C’est malheureux. Lire et relire Laudato si’ permet de mesurer à quel point ce texte est à la fois héritier des enseignements des précédents papes et novateur — d’aucuns diront révolutionnaire. Une des phrases les plus poignantes, voire dérangeantes, de l’encyclique figure en toute fin du premier chapitre consacré à la description sans concession des blessures infligées par l’humanité à la maison commune : “Si le regard parcourt les régions de notre planète, il s’aperçoit immédiatement que l’humanité a déçu l’attente divine.” Que le pasteur de l’Église se permette de dire à l’humanité qu’elle a pu décevoir son Créateur, n’est-ce pas osé ? Or, cette phrase n’est rien d’autre qu’une citation de… saint Jean Paul II ! Elle est tirée d’une audience générale de 2001 dont le titre était : “L’engagement pour éviter une catastrophe écologique majeure.”
Jean Paul II poursuivait : “À notre époque, en particulier, l’homme a détruit sans hésitation des plaines et des vallées boisées, il a pollué les eaux, défiguré l’environnement de la planète, rendu l’air irrespirable, bouleversé les systèmes hydrogéologiques et atmosphériques, désertifié des espaces verdoyants, accompli des formes d’industrialisation sauvage, en humiliant […] ce “parterre” qui est la terre, notre demeure.” Quinze ans avant Laudato si’, le pape polonais encourageait alors déjà à la “conversion écologique” car “en despote autonome, [l’homme] est en train de comprendre qu’il doit finalement s’arrêter devant le gouffre.” Et il posait les bases de l’écologie intégrale en affirmant : “Ce qui est en jeu n’est donc pas seulement une écologie “physique”, attentive à sauvegarder l’habitat des divers êtres vivants, mais également une écologie “humaine” qui rende plus digne l’existence des créatures, en protégeant le bien primordial de la vie dans toutes ses manifestations et en préparant aux futures générations un environnement qui se rapproche davantage du dessein du Créateur.”
Un appel à la cohérence
En relayant et étayant l’alerte écologique intégrale de ses prédécesseurs dans une lettre encyclique, le pape François leur a conféré un statut doctrinal fort. Son apport pastoral majeur est synthétisé trois mots, le célèbre refrain de Laudato si’ : “Tout est lié.” Car il pousse chacun à la cohérence : protection de la vie humaine (à tous ses âges, et spécialement dans ses phases de fragilité), lutte contre la misère, partout, et respect de toute la Création, mais aussi contestation argumentée d’un système économique mondial intenable et du “paradigme technocratique” (foi aveugle dans un progrès technique illimité et incontrôlé), sans oublier l’appel à la contemplation et à la louange contenu dans le titre même de l’encyclique. Tout se tient.
Le défi écologique requiert davantage de mise en “communs” (les précieux communs dont nous partageons la responsabilité), et c’est une bonne nouvelle pour l’humanité.
Mais comment faire ? Puisque tout se tient, chacun se sent vite dépassé par la complexité des réponses à donner. Si les petits gestes — les fameux détails dont le pape François souligne souvent l’importance — sont précieux, ils ne sauraient répondre à cette complexité inhérente au défi écologique. Une générosité “individualiste” ne suffira pas ; les êtres humains qui se savent appelés à relever ce défi doivent s’organiser : familles, groupes, institutions, communautés… Sans dédaigner le recours à des expertises renouvelées, car il faut se garder des réponses convenues, ou des solutions simplistes, tantôt dérisoires, tantôt même contre-productives, qui nous dédouaneraient à bon compte de notre responsabilité personnelle et collective.
Des propositions d’initiatives
Finalement, le défi écologique requiert davantage de mise en “communs” (les précieux communs dont nous partageons la responsabilité), et c’est une bonne nouvelle pour l’humanité. Ce défi nous oblige en effet à sortir du narcissisme hédoniste dans lequel beaucoup errent tristement. À ce titre, l’engouement des jeunes générations pour l’engagement écologique peut être vu comme un signe des temps positif : si l’éco-anxiété conduit à l’engagement solidaire, puis à des changements de mode de vie, cette peur aura été salutaire, car source de délivrance. La prière de la semaine Laudato si’ le demande : “Délivre nous de nos peurs et de nos sentiments d’isolement et transforme-les en espoir et en fraternité afin que nous puissions tous connaître une conversion du cœur.”
Pour prolonger cette semaine et en faire un point de départ, la plate-forme Internet réalisée par le dicastère pour le développement humain intégral offre aux chrétiens, aux familles et aux divers groupes et communautés des outils d’évaluation et de formation, des propositions d’initiatives et d’engagement et un parcours de progression qui peuvent aider chacun à passer à l’action. L’inscription est — bien sûr — gratuite.