Depuis le mercredi 21 septembre, la ministre déléguée chargée des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, a commencé à entendre les représentants des cultes sur le sujet de la fin de vie, en recevant notamment le grand rabbin de France Haïm Korsia, puis Sadek Beloucif, médecin et membre du conseil d’administration de la Fondation de l’islam de France. Ce lundi 26 septembre, c’est au tour des évêques catholiques, qui sont reçus en délégation à l’Élysée. Pour les représenter, Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe bioéthique de la Conférence des évêques de France, ainsi que le père Hugues de Woillemont, secrétaire général et porte-parole de la CEF.
Cette rencontre, qui ne figure pas dans l’agenda officiel de la ministre, devrait permettre aux évêques de rappeler leur ferme opposition à ce “prétendu” droit. “Comment appeler fraternel le geste qui donne la mort à son frère qui la demanderait ? Ce n’est pas dans le brouillard qu’on discerne le projet de société à édifier !” a ainsi lancé Mgr d’Ornallas dans une tribune le 14 septembre dernier, au lendemain de l’avis du CCNE qui propose d’ouvrir la voie à la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie en France.
De son côté, le grand rabbin Haïm Korsia a déclaré que l’aide à mourir constituerait une “rupture anthropologique tragique”. Quant à la Fédération Protestante de France, qui sera reçue par la ministre le 29 septembre, elle dit partager la “crainte” que “l’évolution législative proposée soit principalement motivée par des raisons économiques ou idéologiques.”
Vers une parole commune ?
Tous les responsables de culte ne cachent pas leurs inquiétudes devant la possible légalisation de l’aide à mourir, soulignant que l’urgence, avant toute évolution législative, est au développement des soins palliatifs. Il est d’ailleurs prévu que les six principales confessions présentes sur le territoire français (catholique, protestante, orthodoxe, juive, musulmane et bouddhiste) se retrouvent courant novembre au Centre européen du judaïsme (CEJ) à Paris, pour échanger leurs points de vue, et peut-être apporter une parole commune dans le débat à venir, qui s’annonce difficile.
Si le gouvernement semble ouvert à la discussion, chargeant Olivier Véran, d’organiser une convention citoyenne sur l’euthanasie, les convictions d’Agnès Firmin Le Bodo, chargée de rencontrer les professionnels de santé, les associations et les parlementaires, ne laissent que peu de doutes. Ses propos relayés dans la presse révèlent que pour elle, concernant la fin de vie, la seule question du débat est de savoir “jusqu’où on va et comment on l’encadre.”