Le soin apporté à décorer à la main un manuscrit va se développer dès le début des temps médiévaux. Cet art qui sera associé à des reliures toutes plus somptueuses les unes que les autres rend gloire à Dieu, à la manière des bâtisseurs de cathédrales ou des plus grands sculpteurs. Cette façon de magnifier le texte de la Bible trouve son essor dès le XIIIe siècle avec de nombreuses commandes prestigieuses et un nouveau public élargi en dehors des cercles monastiques.
Les matières les plus précieuses seront requises pour ces objets non seulement de dévotion, mais également d’art.
L’écriture fait ainsi l’objet de tous les soins dans ces bibles et livres d’heures, ces textes seront en effet ornés de lettrines, images méditatives, motifs géométriques et autres insignes. Les matières les plus précieuses seront requises pour ces objets non seulement de dévotion, mais également d’art. L’or, le lapis-lazuli et nombre de raffinements “illumineront” ainsi le texte biblique.
Créativité et transmission
Au-delà de la rigueur du texte soigneusement écrit à la main, le copiste était également amené à intégrer certains éléments extérieurs à la Parole afin de mieux la transmettre. Ces ajouts prenant le nom de marginalia insistaient sur tel ou tel passage de la Bible en insérant dans la marge un signe, un symbole telle une main afin d’attirer l’attention du lecteur. Dans ces “marges” des bibles et autres psautiers s’invitent également toute sorte de bizarreries selon l’inspiration de l’enlumineur dont certaines sont explicites telles des perles de rosaire, d’autres plus ésotériques lorsqu’elles prennent la forme de motifs géométriques abstraits comme dans les Évangiles de Lindisfarne au VIIIe siècle dans l’actuel nord de l’Angleterre.
La Bible glosée
L’évolution ira vers toujours plus d’enseignement de la Parole et les bibles gothiques enluminées offriront non seulement le texte joliment orné de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais également de volumineux commentaires ; cet ajout qui les accompagnera sous ce que l’on nommera les “gloses” sera précieux aux clercs comme aux laïcs, sans oublier les érudits et maîtres d’école.
Élargissant alors une pratique initiée par Anselme de Laon au XIe siècle, le texte biblique enluminé sera encadré par deux étroites colonnes destinées à recueillir les multiples explications ou interprétations des glossateurs, commentaires qui pourront par la suite être complétés grâce à la place volontairement laissée dans ces marges. Ces gloses pouvaient atteindre des dimensions impressionnantes allant jusqu’à une vingtaine de volume ou codex, précurseurs bien avant l’heure de nos liens hypertextes…