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Des chefs-d’œuvre dans nos églises : la Pietà d’Eugène Delacroix

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PHOTO JOSSE / LEEMAGE VIA AFP

"Pietà" ou "Déploration" d'Eugène Delacroix (1798-1863) 1844.

Sophie Roubertie - publié le 03/02/23

Les églises recèlent des trésors. Certaines œuvres des plus grands artistes passent parfois inaperçues. Partons à leur découverte. Aujourd’hui, retrouvons Eugène Delacroix, en l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement qui abrite sa Pietà.

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Quand on pense à Eugène Delacroix, c’est d’abord La Liberté guidant le peuple qui nous vient à l’esprit, chef-d’œuvre qui a tendance à éclipser sa riche production. Et pourtant, sa peinture religieuse est loin d’être négligeable. À Paris, on peut voir, en l’église Saint-Sulpice, la chapelle qu’il a entièrement peinte. 

Découvrons ici la pietà peinte pour l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement. Le bâtiment du XIXe siècle est situé au cœur du Marais, à proximité de la place des Vosges. Mais pourquoi une pietà par Delacroix, qui se disait athée ? Pour l’artiste, il s’agit de la première commande officielle d’un décor religieux in situ. Commande officielle, car passée par le préfet de Paris de l’époque, le baron de Rambuteau, en 1840. Au départ, Delacroix n’avait pas été sollicité, la commande ayant été confiée à un peintre nommé Joseph-Nicolas Robert-Fleury. Celui-ci, peut-être peu inspiré ou trop occupé, a sollicité Delacroix pour réaliser l’œuvre à sa place. Rambuteau, après avoir tergiversé, a fini par céder : ce sera Delacroix.

La chapelle où j’ai peint ma “Pietà” était tellement obscure, que je n’ai pas su d’abord comment peindre mon tableau.

Comment relever le défi d’une chapelle où le soleil n’entre jamais ? Delacroix le raconte lui-même : “La chapelle où j’ai peint ma “Pietà” était tellement obscure, que je n’ai pas su d’abord comment peindre mon tableau. J’ai été obligé alors de peindre dans le cadavre du Christ des ombres avec du bleu de Prusse, les lumières avec du jaune de chrome pur.” Un critique d’art, Paul Mantz, réalise combien la maîtrise des contraintes de la chapelle était un véritable tour de force : “Et n’est-ce pas une chose incroyable que de voir comment, au fond d’une chapelle où le soleil n’ose jamais entrer, sous les rayons obliques d’un jour douteux, M. Delacroix a pu exécuter une peinture d’une couleur si énergique et d’un si puissant effet ?”

Une œuvre peinte en dix-sept jours 

C’est en 1844 que Delacroix livre son œuvre, une peinture à l’huile et à la cire sur enduit, réalisée directement sur le mur. Aidé d’un assistant, il réalise une prouesse : peindre l’ensemble en seulement dix-sept jours, alors que le format est imposant, de l’ordre de deux mètres sur trois. Marie reçoit le corps de Jésus à la descente de croix, les bras en croix, une position tout à fait particulière pour une pietà, position du Christ crucifié. Signe d’espérance, Marie est toujours là, représentant l’Église. Les femmes et les disciples forment comme un cadre autour de Marie éplorée et de son fils. 

Baudelaire en parlait comme d’un “chef-d’œuvre qui laisse dans l’esprit un sillon profond de mélancolie”. Delacroix a su, par son art, montrer toute la profondeur du mystère de la mort du Christ, si incompréhensible à vue humaine.

Découvrez aussi en images la restauration des peintures de Delacroix à Saint-Sulpice :

Tags:
Art sacréÉglisePeinture
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