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Guerre en Ukraine : un an après, l’échec des diplomates et de l’Occident

Gra w siatkówkę przed budynkiem zniszczonej szkoły w Charkowie, czerwiec 2022 r.

AA/ABACA/Abaca/East News

Des habitants de Kharkiv (Ukraine) jouant au volleyball, le 10 juin 2022.

Jean-Baptiste Noé - publié le 23/02/23

Voilà un an que l’armée russe est entrée en Ukraine, déclenchant un conflit que beaucoup croyaient impossible. Après un an de combat et des positions en apparence figées, constate le géopoliticien Jean-Baptiste Noé, le temps de la paix ne semble pas encore venu.

Un an de guerre, l’heure des bilans, quelques surprises et beaucoup d’invariants. Depuis plusieurs mois, les positions sont figées. Certes, États-Unis et Europe annoncent de nombreuses aides financières et militaires, mais sur le terrain l’Ukraine ne s’en sort pas. La Russie contrôle toujours près de 20% du territoire, grignote des positions et avance, lentement mais sûrement.

Pour l’instant, les chars et les canons annoncés ne font pas leurs effets, beaucoup d’ailleurs ne sont pas encore arrivés. L’Europe est de plus en plus à court de munitions, son industrie de l’armement ne permet pas de produire à grande échelle. Aucune modification n’ayant été apportée depuis un an, elle ne pourra pas soutenir indéfiniment l’effort de guerre ukrainien. 

Celui qui tient gagne

La guerre rapide une fois écartée, celle d’un raid russe éclair de trois jours pour renverser le gouvernement, la guerre est entrée dès la fin mars 2022 dans un cycle d’usure et d’avancée lente. À ce jeu, celui qui tient gagne. L’Ukraine a résisté au premier choc (raid contre Kiev), a encaissé le second (avancée des troupes russes à l’Est). Mais c’est désormais au tour de la Russie d’encaisser les chocs et de tenir.

Choc d’une opération rapide qui a échoué, choc d’une organisation militaire qui a mal fonctionné, d’une mobilisation massive qui a conduit à une fuite d’une partie de la population et à mobiliser au-delà de ce qui était prévu. Néanmoins, un an après, la Russie est toujours là. La Russie, moins affaiblie que beaucoup le voudrait, continue d’imposer son tempo. 

Échec de la diplomatie

Pour négocier, il faut être prêt à concéder, ce à quoi se refusent les deux parties. Volodymyr Zelensky a annoncé à plusieurs reprises vouloir reprendre tout le territoire occupé par les Russes, Crimée comprise.

Une impossibilité manifeste pour Moscou. Côté russe, il est hors de question de déposer les armes en deçà de ce qui est d’ores et déjà occupé et des territoires qui ont été officiellement annoncés comme annexés. D’autant que sur le terrain, c’est Moscou qui est en position de force. Depuis un an, ni l’ONU, ni la Turquie, ni l’Italie, qui s’était essayée à un plan de paix, ni le Saint-Siège n’ont trouvé de solution diplomatique à la guerre. La Chine vient de sortir du bois en annonçant une proposition de paix et la possibilité de négociation. Si cela devait aboutir, ce serait une claire déconvenue pour le camp occidental et une victoire majeure pour Pékin.

Pour négocier, il est également essentiel de ne pas diaboliser l’adversaire, quoi que l’on puisse penser de lui. Transformer ce conflit en guerre de civilisation, entrer dans une logique de bloc contre bloc, Occident démocrate contre Russie autocrate ne permettra pas de trouver une solution, même si le chemin de l’idéologisation du conflit est suivi tant en Russie qu’en Occident. Un an après, la question qui se pose, à laquelle nul ne peut répondre, est de savoir si nous allons vers une résolution à la coréenne (une ligne de partage autour d’un conflit gelé) ou vers une accélération de l’affrontement militaire. 

Échec de l’Occident

Un an après, il faut aussi reconnaître aussi l’échec de l’Occident dans cette guerre. Que ce soit sur les sanctions économiques ou sur la condamnation de l’invasion russe, le monde occidental n’est pas suivi : beaucoup de pays se sont abstenus ou ont refusé de voter derrière lui, notamment l’Inde et le Brésil. Ce n’est pas peu de chose ! L’Occident n’a réussi ni à éviter la guerre ni à rétablir la paix. Ce n’est pas de sa seule faute, la Russie ayant aussi sa part de responsabilité, mais cela témoigne de sa perte d’influence sur les affaires du monde. L’économie et le soft power ne font pas tout : dans une guerre, il faut aussi des armes et donc des armées.

C’est une grande partie du logiciel mental des Occidentaux qui s’est brisé le 24 février 2022 : l’idée de la paix perpétuelle, de l’économie dématérialisée, du confort de vivre au calme dans un monde dangereux. Un logiciel qu’il convient de reformuler pour comprendre le nouveau monde afin de restaurer la paix et d’exister dans un monde belliqueux.

Tags:
GuerreGuerre en UkraineRussie
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