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Théâtre : « Jeanne et les posthumains », le transhumanisme et ses juges

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Jeanne et les posthumains

Victor Nexon - publié le 24/02/23

“Jeanne et les posthumains”, pièce d’anticipation de Fabrice Hadjadj décrivant un monde gouverné par la Démocratie mondiale dans lequel la procréation est strictement encadrée, revient au théâtre jusqu’au 21 mars 2023.

En l’an 87 de la Démocratie Mondiale (DéMo), science et technique ont presque achevé de pacifier le monde. La sexualité fait, en particulier, l’objet d’un traitement précautionneux. Extrêmement encadrée, elle n’a plus pour objectif que le plaisir – virtuel – entre des individus qui ne se connaissent pas, via des interfaces numériques. Côté procréation, les enfants sont essentiellement conçus dans des incubateurs. Si une mère veut porter son enfant, elle doit déclarer « en conscience » que le système d’incubation lui est préférable et qu’elle connaît les risques à vouloir porter un enfant dans son ventre. 

C’est dans ce monde que vit Joan, ou Joan 304 (Jeanne Chauvin), une jeune caissière qui tombe enceinte naturellement. Elle doit parler avec deux experts, Vito (Fabien Oliveau) et Corolla (Sybille Montagne), moitié psychiatres moitié ingénieurs qui sont chargés de l’examiner, »sauvagement ». Joan couche en effet avec l’un de ses collègues après avoir entendu la voix d’un ange, de la manière la plus « archaïque » qui soit. Il s’agit, dès lors, pour Vito et Corolla, de s’opposer à Joan et à l’insupportable tentation qu’elle porte de rétablir la vulnérabilité de l’existence humaine et de son mystère.

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L’amour comme désordre

Que penser de cette pièce ? Jeanne et les posthumains se saisit habilement des ridicules de cette société imaginaire et, de l’impuissance quotidienne des deux « experts ». Livrés à eux-mêmes le soir, ils sont en fait les victimes des méthodes de contrôle dont ils ont été, pendant la journée, les apologistes. Solitaires, ils sont incapables d’envisager les relations affectives et sexuelles autrement qu’à travers des plateformes numériques contrôlées par l’État. Ils se livrent, de façon grotesque, à « l’amour » tel qu’imposé par la DéMo, en se connectant virtuellement à d’innombrables partenaires et offrant la possibilité d’explorer tout l’univers de la jouissance, comme l’annonce les nombreuses fausses publicités qui rythment la pièce.

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Ce procès tenu contre Joan, présentée comme une « Jeanne d’Arc future », vire à un acharnement en règle de celle qui s’oppose seule à cette odieuse vision. En donnant à ses contemporains l’exemple d’un enfantement naturel, elle remet en cause la possibilité d’un monde dans lequel le bonheur de chacun serait d’avance assuré. L’amour véritable que porte Joan, par son exigence, constitue forcément un désordre, telle est la leçon de la pièce. Raison, aussi, pour laquelle il est intolérable à ses juges qui cherchent à l’anéantir, en vain cependant, comme ils en feront eux-mêmes l’expérience maladroite. Jeanne et les posthumains trouve une résonance toute particulière dans notre société actuelle dont elle ne fait, au fond, qu’accentuer les traits.

Pratique :

Jeanne et les posthumains de Fabrice Hadjaj, du samedi 25 février au mardi 21 mars 2023, à L’Auguste Théâtre (Paris 11e).
Tags:
BioéthiquecultureThéâtretranshumanisme
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